L’escargot et le passé idéalisé

octobre 27th, 2009

Elle se sent comme un escargot.

Elle est contente quand il fait mauvais dehors, quand il pleut. Car dans ce cas on va faire des choses à l’intérieur. C’est « gezellig » (traduisez « agréable, chaleureux »), comme quand on est à Réquista.

« Quand on était petit on faisait toujours du bricolage quand il faisait mauvais ».

Elle a des souvenirs, mais elle idéalise ces souvenirs.

Quand je lui dis « qu’on allait souvent là ou là quand ils étaient petits », elle me demande pourquoi on ne le fait plus. Je lui dis qu’on ne fait pas forcément toujours les mêmes choses, qu’on évolue dans la vie, qu’à chaque âge on fait des choses différentes…

Elle a envie de revenir en arrière. Elle pense que c’était mieux, que tout était plus doux, plus beau.

C’est sa façon de dire qu’elle ne veut pas grandir. Qu’elle veut rester la petite fille qu’elle était?
Tout est idéalisé, tout est vu avec une impression que c’était mieux avant…….

 

J’ai fait analyser son écriture par une tante graphologue.

On retrouvela dépression. Danssa vie, il n’y a qu’elle, il n’y a que le quotidien. Aucune envie, aucune créativité, aucune ambition. Rien. C’est le vide autour d’elle et tout tourne autour de son personnage…..

Il semble que c’est exactement ça,  sa maladie. Une sorte d’égocentrisme poussé à l’extrême, un profond mal-être, aucune perspective, aucune envie…..

Ceci ne veut pas dire que c’est sa personnalité. C’est juste que pour l’instant elle est profondément ancrée dans sa maladie…..

Quand je lui dis qu’elle fait comme les escargots, elle le confirme. Elle rentre sous sa carapace et se trouve bien enroulée à l’intérieur, bien au chaud. Quand il fait beau, elle se sent obligé de faire des choses, de sortir. Et ça ne lui plait pas du tout !….

Elle retient depuis son enfance des sentiments, des angoisses.  Ils sont refoulés, cachés. Elle ne les a jamais exprimés. Elle a juste tout absorbé.
Aujourd’hui c’est trop.

Et sa seule façon de réagir c’est de ne plus manger. C’est sa façon de crier « au secours ». Car elle ne peut pas exprimer ce qu’elle ressent.
Elle fait des crises au moment où elle n’arrive plus à se contrôler, à contrôler ses émotions. Il faut que ça explose, que ça sorte d’elle.

Avec son papa, les relations sont très tendues.

Jeudi dernier nous sommes allés manger avec mes parents au restaurant pour mon anniversaire.
Toute l’après midi elle a eu peur de sa réaction vis à vis de son papa quand il rentrera le soir. Elle m’a dit qu’elle ne lui parlerait pas. Qu’elle espérait qu’il ne l’énerve pas.

J’ai beau lui expliquer que son papa l’aime, qu’il fait ce qu’il peut pour elle, qu’il faudrait lui parler, lui dire ce qu’elle a sur le cœur.
Elle me répond que ce ne vaut pas la peine, qu’il ne peut pas comprendre, qu’il a toujours raison, qu’il s’énerve et est vexé quand elle lui dit ce qu’elle pense. Qu’il arrive à la faire pleurer, à la rendre hystérique par ses mots, ses remarques.

Je la laisse parler, s’exprimer. Mais je ne donne pas d’avis.
Demain, elle dira probablement la même chose de moi. Quand elle sera énervée avec moi, elle se tournera vers son papa.

Le soir de mon anniversaire, mon mari est arrivé avec un magnifique cadeau et un bouquet de fleurs accompagné d’un très gentil petit mot.
Elle n’a pas réagi de suite, ne lui a pas adressé la parole. Mais  quelques minutes après, elle s’est levée et s’est lancé dans les bras de son papa.

Elle a tellement mal entre l’amour etla haine. C’est l’adolescence amplifiée par la maladie… ou le contraire.


Cardiologue & prises de sang

octobre 27th, 2009

On peut dire ce qu’on veut : c’est quand même hallucinant d’avoir de si bons résultats médicaux compte tenu de son état. ….

On a vu le cardiologue qui lui a dit qu’elle a le cœur d’une grande sportive : lent et régulier, de très bonne qualité !! Excellent bilan et il ne voit pas d’objection d’aller au Maroc.

Au contraire, il pense que cela peut être une très bonne chose de la changer d’air, d’aller au chaud…..Résultats d’analyse de sang également impeccables…. Allez comprendre….

Hier nutritionniste : pas de perte de poids depuis 3 jours. Mais tout est très, très  fragile, ce qui a été confirmé par la psy aujourd’hui.

Avec l’équipe médicale on a quand même conclu qu’il n’y a pas d’objection de partir en vacances !

Son frère est à Bruxelles. Parti vendredi avec mes parents. Il est heureux. Ce matin il a voulu me demander s’il pouvait rester à Bruxelles pour la semaine et ne pas aller au Maroc. Je savais qu’il voulait tellement rester, donc je lui ai dit que c’était d’accord. Oh, la joie, le bonheur. Sa joie doit se faire sentir jusqu’à Paris!!

Il faut dire que mon petit frère ne lésine pas sur les moyens : énormément d’attention, pleins d’activités ensemble qui plaisent aux garçons, achat d’un vélo pour pouvoir en faire quand il est à Bruxelles, déjeuner ensemble, etc. etc.… je pense que je ne sais pas tout, Il est tellement épanoui quand il est là bas que j’ai presque mal au cœur de le faire revenir à Paris. Bisous à tous à Bruxelles. Vous êtes formidables et vous n’avez pas idée combien d’amour vous me donnez en accueillant mon fils.

Demain, on part donc 6 jours de Maroc avec ma fille et mon mari (pour 4 jours) chez des amis merveilleux.

On a hâte de partir.

La pomme et l’anorexie

octobre 23rd, 2009

Il y a quelques semaines, une maman a publiée cette image sur son site. On se demandait pourquoi les personnes souffrant d’anorexie ont toujours besoin d’avoir une pomme avec elles.
Ma fille m’a donné quelques explications en ce qui la concerne :

– Il faut croquer la pomme. Ouvrir grand sa bouche pour la manger.

– Cela prend du temps pour manger la pomme, donc cela fait durer le « plaisir ». Si on est avec d’autres personnes, on ne remarque pas qu’on mange lentement.

– Il faut beaucoup et longtemps mâcher, ce qui permet de bruler des calories

– Une pomme est entière. Elle ne se coupe pas comme l’ananas par exemple. Et cela évite de peser la quantité qu’on mange.  1 pomme = 1 pomme !

– Une pomme contient des éléments qui rassasient, tel que la pectine. Peu de calories, beaucoup de bénéfices.

– Et puis c’est rond … et la rondeur …..

Rendez-vous hôpital & crise de nerfs

octobre 21st, 2009

Il est difficile d’écrire ou de comprendre comment cette journée s’est passée.
Et je n’ai pas envie de donner tous les détails.

Juste pour rassurer : elle a vu le médecin à l’hôpital de Poissy qui a été formidable. Il a réussi à lui faire faire des choses qu’on pensait impossible sur le moment et compte tenu de la situation.
On est rentré à la maison à 17 heures. Après deux heures de silence et de rejet,  elle a voulu me parler.  Elle pleure car elle ne veut pas être fâchée avec moi. Ça lui fait mal. Sa maladie lui dit qu’il faut rester fâché avec moi, mais ELLE ne veut pas. Elle résiste. Elle m’explique, elle me parle. Je lui dis qu’elle peut être fâchée, qu’elle a ce droit. Car après tout, je l’ai emmené de force à l’hôpital. J’ai fait venir son papa pour être avec nous. Et je comprends qu’elle soit révoltée contre moi.
Mais elle continue à me parler à me confier ses sentiments, ses peurs, son attitude vis à vis de son père.
Elle ne me rejète pas. Je ne comprends pas, car elle en avait toutes les raisons.

Quand elle était dans la voiture devant les urgences à  l’hôpital à 14 heures, elle a voulu que je lui promette d’être parti à 14h30. Je ne lui ai rien promis. Ni l’heure du départ, ni le risque qu’elle soit hospitalisée en urgence.
Elle m’a traité de tous les noms sur le coup. Mais je pense que le fait de n’avoir rien promis et de l’avoir ramené à la maison (j’aurais préféré qu’elle y reste!), l’ont rassuré et ont permis de rétablir le dialogue ce soir.
L’hospitalisation ne se fera uniquement si elle est en danger vital ou si elle le demande elle-même. Les règles sont claires. On n’a qu’attendre….

Je ne peut pas expliquer combien il est difficile d’emmener sa fille à l’hôpital contre son gré… en ne sachant pas si ils vont la garder 1 heures, 24 heures, 1 mois ou 4 mois.
J’ai pris ce risque malgré toutes les insultes et tout le mal que je lui ai fait sur le moment. Mais je n’avais pas le choix. J’avais l’impression qu’elle allait avoir un arrêt cardiaque dans la voiture, tellement qu’elle était hystérique.

Mon fils a vécu tous ces moments avec moi. Il a été formidable. Il a eu très peur, a cru qu’on allait la perdre. Il a des mots très forts, réconfortants, lucides. Il a été un roc et malgré le fait qu’il n’a que 14 ans et qu’il reste encore très « enfant »  il a fait preuve d’une maturité qui m’a surprise.

Je suis tellement fière de mes enfants, tellement heureuse.  On va s’en sortir.

Son papa est venu à l’hôpital. Il a laissé tomber son travail cet après midi pour nous rejoindre. C’était important, même si notre fille le rejette complètement pour l’instant.
Ce soir, il n’est pas là.
Notre fille est soulagée car elle ne supporte pas voir son papa après une dispute.
Elle a bien mangé, elle a ri, elle était de nouveau notre fille.
Non, je ne reproche rien à mon mari. Absolument rien. Chacun sa vie, chacun son destin. Et j’étais heureuse qu’il était avec nous cet après midi.
Mais il faudra un jour résoudre nos problèmes, Il faudra un jour résoudre les problèmes entre lui et sa fille. Mais pour ceux là, ce n’est pas moi qui peux le faire.

Demain c’est mon anniversaire!! (Je sais, ça ne se fait pas… mais j’ai toujours expliqué à ma belle sœur qu’il fallait souvent le rappeler pour qu’on ne t’oublie pas ce jour là …histoire de ne pas être déçue ou d’attendre le bouquet de fleurs qui ne vient jamais !!!)

Je donnerai des nouvelles plus lucides et concrètes plus tard. Là, je n’ai plus les idées très claires.

Le lendemain

La journée de hier a été épouvantable et c’est pour cela que je n’ai écrit que le positif.

Le médecin n’a rien dit de plus sur son état que ce qu’on savait déjà. Rien de plus sur l’hospitalisation. Les règles restent les mêmes. Sauf qu’elles sont probablement un peu plus souples dans cet hôpital.
Mais nous sommes rassurés d’avoir trouvé un service à priori très compétent pour la traiter en cas d’hospitalisation : volontaire ou forcée pour cause vitale.
Et elle semble faire confiance à ce médecin (dont le fils est en classe avec notre fille!). Je pense qu’elle ira le revoir de son propre gré. Et je pense qu’il arrivera peut être à la convaincre de se faire hospitaliser.

Juste pour préciser : quand nous étions devant les urgences hier après midi, elle n’a pas voulu sortir de la voiture. Après une crise d’hystérie, elle a commencé à faire ses devoirs dans la voiture. Quand son papa est arrivé, il a essayé de lui parler dans la voiture. Nouvelle crise d’hystérie. Elle voulait tout casser. A un moment, elle est sortie de la voiture. Elle a voulu partir. S’est roulé sur le sol. On a du la retenir à 3. Elle est retournée dans la voiture.
Nous avons attendu pendant 1.30 heure devant les urgences. Le médecin nous avait dit en arrivant de la laisser dans la voiture. Qu’il la verrait à 15h30, heure à laquelle on avait rendez-vous. L’équipe médicale à l’accueil était vraiment formidable.

A l’heure du rdv, j’ai eu un entretien avec le médecin pour expliquer la situation. Il est allé dans la voiture pour parler avec notre fille.
Nous étions convaincus qu’il ne réussirait pas à la faire parler ou la faire sortir de la voiture. Après une demi-heure, on les a vus sortir de la voiture. I l’a emmené dans son bureau pour continuer la consultation à l’intérieur. Elle s’est même fait examiner.
On ne sait pas comment il a fait. Comment il a réussi à la convaincre, à recevoir sa confiance alors qu’il ne l’avait vu.
Mais je l’admire ce médecin. Et je pense que notre fille est assez d’accord avec ça.

Aujourd’hui je me dis que si on l’avait rencontré il y a un mois, elle serait peut être à l’hôpital aujourd’hui. Mais on ne peut pas vivre avec les « si ».


Recherche d’hôpital : une course contre la montre

octobre 20th, 2009

Hier soir j’ai longuement parlé avec une maman dont la fille était anorexique en début d’année. Elle m’a dit que sa fille a été hospitalisée très rapidement à Poissy et a été pris en charge par cet hôpital et le médecin traitant.
Quel bonheur d’avoir eu que 2 personnes pour prendre en charge sa fille.
J’ai tellement l’impression qu’on voit trop de médecins, trop d’intervenants. Que tout cela est simplement TROP.

Petit tout d’horizon des contacts avec les cliniques et hôpitaux :

Maison de Solenn – Paris :
Nous avons vu 2 fois la psychologue, 2 fois l’endocrinologue, une demande de rendez-vous avec le psychiatre, Accueil très impersonnel, contact très mauvais entre notre fille et l’équipe médicale et psychologique. Aucune information pour les parents, ni pour l’ado. Pas de place en hospitalisation. « Madame, vous rêvez! »

Clinique des Pages – les Vésinet

Nous avons eu un rendez-vous avec le Dr Nomblot. Notre fille a pris elle-même ce rdv.
Après la consultation : braquage complet pour se faire hospitaliser.
Sa psy nous recommande quand même d’insister pour la convaincre; Je me renseigne… Budget : 19 000 euros pour 2 mois !!!  De l’aberration et pour moi un signe que c’est une usine à fric.

Montsouris – paris :

Je les ai contacté hier. Ils m’ont dit qu’il n’y a pas de place et que le rendez-vous ne peut être pris que par sa psychiatre.  « Cela ne doit pas être si grave…. Les mamans se font vite des soucis… »

J’ai demandé à la psy de la contacter pour prendre un rdv. Pas de nouvelles !

Hôpital Ambroise Paré – Boulogne :

Accueil très gentil au téléphone. Mais après longue discussion, ils ne prennent pas les ados. Uniquement enfants jusqu’à 15,3 ans ou adultes.

Clinique de Garches :

idem Clinique Victor des Pages : usine à fric.

Clinique Le Domaine – Belgique

C’est la clinique où exerce le Dr Simon, célèbre par son livre « vaincre l’anorexie de sa fille’. Accueil très chaleureux et promesse qu’il me rappelle personnellement. Pas encore de retour depuis ce midi.

La Ramée – Belgique

Réputation trop psychiatrique, trop lourde….Après échanges avec de nombreuses personnes connaissant cet établissement, cela me semble pas adapté. Mais ce n’est que mon sentiment.

Je vous passe les autres, qui n’ont pas de place, pas d’accueil pour les ados, ou qui sont excessifs au niveau des tarifs. Bien que rien ne soit trop cher pour la santé de notre fille, et qu’on préfère l’hospitaliser dans un endroit confortable, j’ai quand même l’impression que ce ne sont pas nécessairement les meilleures équipes médicales.

J’ai donc contacté l’hôpital de Poissy ce matin. Accueil très gentil et très compréhensive. La secrétaire a pris tous les renseignements et le Dr Tournemire (pédopsychiatre) m’a rappelé une heure après.
Longue discussion, une personne franchement agréable, très directe et avec une bonne écoute.
Il a compris l’urgence et a donné rendez-vous demain car il est absent la semaine prochaine. Ce sera un entretien très court car pris en urgence, mais il verra ce qu’il peut faire. Il m’a confirmé qu’il y a trop d’intervenants, qu’il faut réagir vite et efficacement…. Je croise les doigts.

En annonçant à ma fille ce soir que nous avions ce rendez-vous elle m’a simplement répondu que les histoires des autres, elle s’en fiche complètement et qu’il hors de question d’être hospitalisé…

La suite demain!

PS Pour ceux qui s’inquiètent pour moi : tout va bien. Même si je pousse des hurlements de désespoir par moments (!!), je suis et reste confiante.
Maman, ne fait pas tes valises. Suis contente de vous voir jeudi!

 

Moins 1,3 kg en 3 jours

octobre 19th, 2009

Quand je disais que le weekend n’avait pas été bon, que je la trouve de plus en plus mal, ce n’était pas qu’une idée : perte de 1,3 kilos depuis vendredi (en moins de 3 jours).
Elle a rattrapé le rythme de croisière comme on l’entend partout. A un moment elles reprennent du poids ou en perdent moins. Après, elles reperdent tout, voire plus!

Nous étions chez la nutritionniste à 15 heures. En principe, elle avait prévu de retourner à l’école. Je l’ai ramené à la maison et finalement, elle a peu râlé.

Elle m’a expliqué ce qu’elle ressent. Comme toujours. Ce n’est pas de la comédie. Elle veut tellement faire des efforts, mais n’y arrive pas. Elle pensait avoir faire des progrès la semaine dernière, et puis quelque chose à fait que tout s’est effondré de nouveau. Elle dit que c’est au moment où j’étais absente pour 2 jours (mais elle me rassure de suite que cela n’a rien à voir avec mon absence, mais plutôt avec l’ambiance à la maison quand je n’étais pas là).

Elle m’a également expliqué qu’à partir de 18 heures le soir elle commence à stresser. Elle ne pense plus qu’aux repas et rien ne va plus.
Elle me confirme qu’il lui faut une activité autour de ce moment pour la distraire.
C’est bien ce que j’ai fait au début avec elle lorsqu’elle pouvait encore marcher. Mais maintenant c’est tellement difficile de trouver quelque chose qui lui plait.

J’ai donc décidé que demain je vais louer un piano. Même si elle n’aura peut être pas des cours dans l’immédiat, le simple fait de pianoter pourra l’occuper… Et pour notre fils c’est également excellent.

Après le chien, voici le piano !!

 

Maman hystérique

octobre 19th, 2009

Encore une nuit d’insomnie. Pour son père. Pour moi.
Hier soir, elle s’ennuyait, ne savait pas quoi faire. Et tout ce que je propose (que peut-on proposer à 19 heures le dimanche soir ????) est nul.
Elle se fâche, se couche. Et ne descend plus.
Sur la journée, elle a mangé un petit déjeuner et un goûter. C’est tout.

Et ce matin, réveil comme si de rien était. Je lui ai dit de ne pas aller au lycée. Elle m’a dit qu’il était hors de question de rater les cours.
Je l’ai déposé à l’école. La récupère tout à l’heure pour aller voir la nutritionniste.

J’appelle la clinique Montsouris pour prendre rendez-vous. Accueil glacial. Ils me répondent que c’est la psychiatre qui doit prendre rendez-vous. Que l’admission en hôpital du jour ou plein temps est selon les disponibilités… et il n’y en a pas beaucoup.
Je dis que c’est urgent, demande si on peut au moins prendre un rendez-vous pour que ma fille découvre cet hôpital. Car après tout, c’est elle qui doit vouloir y aller. Elle connait déjà les 2 autres cliniques. Faudra qu’elle fasse un choix.

Bref, je craque. Je ne comprends pas ce système. J’ai l’impression de passer pour une mère hystérique, qui s’affole pour un rien. Je ne fais plus confiance aux médecins, je ne veux pas attendre. Cela fait trop longtemps.
Je ne peux pas rester calme et zen devant ces murs d’incompréhension. Devant ces équipes médicales qui n’ont pas le temps, qui sont débordés.

J’ai envoyé un sms à Delphine. Elle a téléphoné l’hôpital. Pas de place. Et l’hôpital de jour n’est pas suffisant. Elle est tombée trop bas.
Elle conseille d’aller à la villa des pages. Même si cela parait déprimant de l’extérieur, c’est la seule alternative que nous avons.

Reste à convaincre notre fille.

Les médicaments : Antidépresseurs

octobre 18th, 2009

Hier, la psy a enfin mis notre fille sous prozac.
Elle n’a pas voulu le faire plus tôt. Elle ne donne qu’une toute petite dose.

Je viens de lire qu’une des raisons pour laquelle on ne donne pas les antidépresseurs, est le risque de la tentative suicide….
Je pensais que l’unique raison pour laquelle on attendait était le fait que cela ne guéri pas la maladie. Que c’est juste une façon de la « dissimuler ».

Ce qui me ramène à la journée de hier.

Elle est sortie du rdv avec le psy de très mauvaise humeur. Très contrariée par ce qu’on lui a dit et très remontée contre son père, qui pourtant avait passé la matinée avec elle pour lui acheter de jolis vêtements.
Elle a refusé de déjeuner avec lui au restaurant avant le rendez-vous et il a pris son repas pendant qu’elle regardait.
Après le rendez-vous on l’a emmené dans un resto pour qu’elle mange. Elle n’était pas contente parce qu’on ne mangeait rien. Mais je ne vais quand même pas me forcer à déjeuner deux fois dans la journée pour le plaisir de ma fille !!!! Déjà que je grossis aussi vite qu’elle perd du poids (j’exagère, mais je dois faire attention!)
Elle a pris une salade. Ensuite elle voulait aller au centre commercial proche de chez nous.
Dans la voiture, seule avec moi, elle n’a pas arrêté de pleurer, d’être désespérée.

Elle me dit   « je ne peux pas te dire ce qu’il ne va pas. Je te le dirais plus tard. Ce n’est pas important… Je m’en veux de te faire souffrir, je suis une fille indigne. Je suis répugnante. Je prends trop d’importance. Je me trouve immonde. Comment tu peux m’aimer? Je ne suis plus rien. Je ne vaut plus rien… »
Je l’ai laissé parler. Je la dépose au centre commercial en disant que je passe à l’institut de beauté pour me faire un soin.
Qu’ensuite je ferai  quelques magasins avec elle.
A peine arrivé à l’institut elle m’appelle : « maman, ça ne va pas. J’ai oublié mon argent » Je devine qu’elle fait allusion à mon cadeau d’anniversaire qu’elle veut acheter en cachette. Je la rassure en disant que je la rejoins dans une demi-heure.
Elle me répond « tu vois, je suis nulle, je vaux rien, je ne suis même pas capable de faire ce que j’ai à faire….’. Je suis désolé maman. Au revoir … » Et elle raccroche.

Mon cœur fait des bonds. Je m’affole. Je la vois disparaître…..
Et pourtant, il faut que je me reprenne. Il faut que je fasse ce soin pour moi. Pour montrer que j’ai aussi ma vie. Que je fasse confiance. Je me dis qu’elle sera là dans une demi-heure. Mais ces 30 minutes sont tellement longues…

Finalement, je la retrouve. Toute contente, toute tranquille. Comme si rien ne s’était passé.

Quelle putain de maladie. Quel enfer. Quelle angoisse.

Voyager devient impossible

octobre 18th, 2009

On doit partir au Maroc dans 10 jours. Je pensais que ce serait une bonne idée. Que cette perspective lui donnera envie de faire des efforts. Mais c’est de la peine perdue. Il n’y a aucun progrès. Aucun changement. Aucune stabilisation.

On lui a dit hier que ce voyage n’était pas raisonnable. Je pense qu’il est totalement impensable de l’emmener dans ces conditions.
Mais je ne veux pas l’annuler pour le reste de la famille. Je veux qu’elle sache qu’elle ne peut pas tous nous prendre en otage.

On a convenu qu’une perte de poids de 1 gramme cette semaine la contraindra à rester ici et à ne pas partir avec nous. C’est peut être du chantage. Elle le vivra probablement comme une punition. Mais il faut qu’elle comprenne que sa maladie est grave. Et qu’on ne peut pas prendre de risques. Qu’elle ne peut pas avoir « que » les « avantages » de sa maladie et pas les « inconvénients ».

La semaine qui vient va être décisive. 3 rendez-vous avec la nutritionniste, un rdv avec la psy, un rdv avec le kiné, un rdv avec le généraliste, un électrocardiogramme, une analyse de sang, un rendez-vous à la clinique Montsouris….. Je veux qu’elle arrête le lycée. Je prendrai donc également rdv avec la direction de son école. Elle ne le veut pas? Tant pis. Elle a 16 ans et nous pouvons encore prendre des décisions pour elle.
Cela va créer des crises? Et bien ce sera l’occasion de l’hospitaliser de force. Tant pis si ce n’est pas la solution, tant pis si ce n’est pas ce qu’il faut faire. Mais il faut que ça BOUGE.

 

J + 2 mois = J – 15 kilos

octobre 17th, 2009

Voilà 2 mois que nous avons détecté la maladie de notre fille. Deux mois que nous la voyons rapidement faire une descente aux enfers.

On sort de la nutritionniste. Moins 300 grammes cette semaine. Trop, toujours trop.
Pas de signe de stabilisation.

Le traitement « ambulatoire » est très difficile. Peu de personnes s’en sortent seuls, même avec la meilleure aide du monde.
Elle déprime complètement. Se stresse pour les devoirs. Je vais essayer de la faire arrêter le lycée la semaine prochaine. On voit Delphine demain. N’importe quelle personne serait mise en arrêt maladie arrivé à ce stade de la maladie. Mais elle résiste, elle continue à vouloir prouver qu’elle contrôle la situation, qu’elle contrôle tout.

J’attends le moment où elle craquera. Où elle ne pourra plus continuer. Où elle cèdera.

On envisage l’hôpital. Mais où? La clinique des Pages est vraiment déprimante. La maison de Solenn, elle refuse d’y aller. Faut-il essayer Montsouris? La Belgique?
Ou faut-il essayer la piste de Bruxelles?
Elle en a envie. La perspective de prendre des cours de langue la motive. Le changement de lycée aussi. Mais va t’elle pouvoir respecter le contrat entre elle, la psy, la nutritionniste et nous?
Je n’en suis pas du tout convaincue.