Les décisions à prendre … rapidement

octobre 16th, 2009

On attend le moment où elle sera au plus bas. On attend avec impatience le moment où elle aura atteint le fond.
On se rend compte qu’elle ne peut pas s’en sortir avant. Qu’il faut qu’elle descende au fond pour pouvoir remonter.
Elle s’épuise. Elle ne peut plus marcher. Elle ne peut plus aller au lycée. Juste pour aujourd’hui? Juste pour quelques jours? On ne sait pas. On attend….

 

Il va falloir prendre des décisions rapidement.
Hier matin ma fille était incapable d’aller en cours. Elle n’a pas arrêté de pleurer.
En quittant la maison, elle s’est effondrée. Je l’ai renvoyé au lit.
« Quand on est malade, on va voir le médecin qui te met en arrêt maladie. Tu es malade, donc tu va te coucher et te reposer ». Elle me répond que ce n’est pas pareil. Que chez elle cela ne se voit pas.
« Mais c’est bien pire ma chérie…. et il faut comprendre que le mal est le même, même si on ne le voit pas ».
Elle se couche, se repose et se sent mieux en fin de matinée pour aller voir Delphine, sa psy.
En arrivant, je demande à Delphine de lui parler. Elle me répond qu’elle va voir quand elle peut me donner un rendez-vous…. qu’il faut qu’elle voit ma fille d’abord.
Je laisse faire mais me dit qu’il est primordial qu’on se parle.
Finalement au bout d’une demie heure  elle vient me chercher et me dit qu’effectivement il est important qu’on se parle (ah bon .., finalement je n’avais pas tort de lui faire cette demande ?)

Entre parenthèses, je comprends toutes les mamans dont je lis leur révolte contre les psys qui les prennent pour des mères hystériques et paranos … !! Même si j’apprécie énormément la psy de la fille, parfois j’ai l’impression qu’on me prend pour une imbécile débile.

Bref, elle me confirme que ma fille ne va pas bien. Qu’elle continue à perdre du poids, qu’elle est très triste et déprimée. Elle ne veut pas encore lui donner des antidépresseurs, mais n’attendra pas plus d’une semaine pour prendre la décision.

Elle évoque l’hospitalisation qui devient de plus en plus évident. Ma fille refuse, se révolte. JAMAIS je n’irai à la clinique…. Je VEUX m’en sortir autrement.

Elle évoque l’arrêt du lycée. Là aussi « IMPOSSIBLE », je DOIS aller à l’école. Mais je veux changer d’établissement. Je ne supporte plus l’ambiance, les gens.

Alors je lance quelques idées :

Changement de lycée :

Delphine est d’accord avec moi que ce changement est impératif. Mais on est également d’accord sur le fait qu’elle est trop faible et qu’il est impossible de la faire changer aujourd’hui. Il faut d’abord qu’elle reprenne des forces avant de pouvoir affronter un nouvel univers.
Je prends contact avec les lycées: un établissement proche de chez nous, et le lycée international de Sèvres.

Vivre à Bruxelles pendant quelques semaines :

Notre fille recherche la famille, les proches « de gezelligheid ». Elle ne peut pas rester à la maison seule car cela va la déprimer encore davantage.
Je lui propose d’aller passer quelque temps à Bruxelles.
Delphine trouve cela une excellente idée. Mais elle dit également qu’on peut essayer pendant 2 semaines. Et que s’il n’y a aucun changement pendant ces deux semaines, c’est retour à Paris et hospitalisation immédiate.

On en parle… on creuse les idées. On se revoit samedi pour en parler.

Peut être pourrait-elle aller chez mon frère et ma belle sœur? Ils habitent au calme, elle a son bureau à la maison…Elle est anglaise, très noir/blanc… (Ce qui changera du gris chez moi!!) Et puis, avec ses 3 garçons, elle n’est pas vite démonté par les émotions (mais elle doit quand même en encaisser beaucoup!). Et ma fille adore son oncle.
Ma fille pourrait l’aider au bureau, pourrait aller au bureau avec mon frère, pourrait également aller aider l’autre frère dans son club de sport… Elle pourrait passer les weekends avec ses grands parents, ou sa marraine, ou revenir à Paris…
Elle serait entourée, aimée.
Quand une amie m’a demandé hier soir comment moi je supporterai cette séparation, je lui ai répondu que c’est la meilleure chose qui pourrait nous arriver. Il n’y a pas un autre endroit au monde où je pourrais envoyer ma fille en toute sérénité.
Mais je ne sais pas encore si je peux imposer cette responsabilité à ma famille.

Et ce matin je pensais à une autre solution. J’ai téléphoné hier au lycée international de sèvres où ils auraient de la place. Mais la condition est d’être parfaite bilingue anglais/français.
Si ma fille va à Bruxelles, elle pourrait également suivre des cours d’anglais. Cela lui donnera l’impression de ne pas perdre son temps et lui donner un objectif pour la rentrée de janvier.

Bref, vous voyez que les choses avancent. Vite, car je n’ai même pas encore eu le temps d’en parler avec son père, avec ma belle sœur…
Tout se bouscule et c’est bien!!

 

Tout ce que nous pouvons faire, nous le ferons. C’est toi et ta fille qui déciderez. Notre maison et surtout nos cœurs sont ouverts pour elle.
Je me renseignerai tout de suite pour les cours d’anglais. C’est une excellente idée. Et le lycée international est très bien, parce que il ya une ouverture sur le monde.
Je t’embrasse très fort, ma grande fille. Tu es magnifique à l’intérieur et l’extérieur. Continue ta vie, tu es une maman et une femme formidable.

Publié par MdV

 

Tout ce que je peux te dire, avec mon expérience : ce n’est pas en fuyant qu’on affronte cette p** de maladie… mais en l’affrontant…… le changement de lycée, de lieu ne sont que des fuites….. Je vous encourage à travailler sur l’hospitalisation !!
Mais les conseilleurs ne sont pas les payeurs, je me suis retrouvée au même carrefour………
courage à vous tous

 

Publié par Maman contre l’anorexie 

Je sais que la fuite n’est pas la solution. Le changement ne peut se faire que s’il y a un progrès chez elle. Un signe qui montre qu’elle avance, qu’elle stabilise. Tant qu’il n’y a pas de changement, tant qu’elle reste dans le même système, il est impossible d’envisager quelque changement que ce soit.
On est conscient que l’hospitalisation est incontournable. On cherche comment l’en convaincre, comment lui faire comprendre que c’est la seule solution. On peut prévoir des changements de lycée, un changement de pays, des voyages pour lui donner des perspectives… mais il faut un pas de son côté. Sans ce pas, on ne peut rien faire.

Elle vient de passer le déjeuner avec nous à table. Elle n’a rien mangé. Je lui ai dit que c’était maintenant et pas dans 2 heures. Que si c’était pour ne pas manger avec nous à table, il faudra qu’elle attende le goûter… ou le repas du soir.
C’est dur à dire, mais je ne peux pas me laisser manipuler. Je ne peux pas avoir pitié. Je ne peux pas la laisser dominer sur la vie de nous tous. Elle doit comprendre que ce n’est pas avec le chantage alimentaire, qu’elle obtiendra quelque chose.
Je sais qu’elle ne le fait pas consciemment. Mais je n’ai pas d’autre alternative.

Merci Nathalie pour tes mots toujours rassurants. Ils sont parfois difficiles, mais tellement réalistes. Tellement vrais.

 

Publié par Ma bataille contre l anorexie de ma fille

 

Lettre de son parrain

octobre 15th, 2009

Bonjour ma petite chérie,

Le destin à fait que ce matin j’ai quand même atterris chez vous alors que j’étais prévu d’aller à l’hôtel hier soir !
Parfois le destin fait bien les choses. Dans ce cas, il m’a donné l’occasion de te voir.

La dernière fois que je t’avais vu à Bruxelles je te trouvais superbe. J’avais remarqué que tu avais maigri, et que tu étais affaibli par la maladie, mais je te promets que les changements physiques dus à ta croissance naturelle, ainsi que grâce aux interventions chirurgicales, ont fait de toi une vraie beauté, et tu dois en être fier.

Ce matin par contre j’étais choqué de voir comme tu avais changé !
Tu es vraiment devenue trop maigre. Tu as l’air malade et en très mauvaise santé.
Je m’inquiète énormément, car je ne pensais pas ce que cette maladie pouvait provoquer, surtout à ma petite filleule qui a toujours été très forte et confiante. Je me devais de t’envoyer ce mail pour te le dire, car je ne savais pas comment te le dire de haute voix ce matin.

Pour info, en quittant la maison ce matin, mon collègue  m’as dis que j’avais une très belle filleule, mais il avait l’impression que tu étais malade. Je n’ai rien osé dire. C’est inquiétant quand les gens qui ne te connaissent pas
pensent cela.  

Je pense aussi que avoir des objectifs dans la vie peuvent tous nous aider. Par exemple, ta volonté de rentrer dans le monde de la beauté ou de la mode.
Comme je t’ai déjà dis, si jamais tu as besoin de faire un stage dans une société dans le milieu des cosmétiques, je peux essayer de t’aider à rentrer chez Sephora ou Chanel à travers mes relations. Fais-moi signe si tu en as besoin.

Je t’aime et je voudrais pouvoir t’aider.
Si tu as besoin de moi, n’hésite pas à m’appeler.

Et n’oublie pas ma promesse que quand tu te sentiras prête, je t’emmène avec moi dîner chez Costes.
Tu feras de moi un homme très heureux et très fier de t’avoir à ma table !

Bizous,

 

ton oncle qui penses à toi

L’appareil dentaire

octobre 14th, 2009

Elle hurle. Elle pleure. Elle est couchée dans son lit et ne peut plus s’arrêter de pleurer. Elle réveille son frère. Je ne peux rien faire.
Elle a perdu l’appareil dentaire qu’elle doit encore porter la nuit. Depuis qu’on a enlevé ses bagues, c’est la seule contrainte qui reste. Mais elle est de taille!!!
L’appareil, elle l’a porté cet après midi en faisant ses devoirs. Mais ensuite, elle a dû le poser quelque part et ne le trouve plus. En temps normal, pas de panique (maman, cela te rappelle des choses?!). Une nuit, ou même une semaine, sans cet appareil ne fera aucun mal.
Mais c’est ne pas tenir compte de la fille anorexique. De la fille malade. De la fille perfectionniste.
Elle ne veut pas aller dormir sans avoir trouvé cet appareil. Mais impossible de mettre la main dessus.
Je l’ai obligé à se coucher. Elle est tellement épuisée. N’arrive presque plus à monter les escaliers vers sa chambre.
Elle continue à pleurer. Me dis que je n’arrête pas de lui crier dessus…. Je ne crie pas. Je lui demande calmement de se coucher. Mais pour elle c’est un ordre. Et cela se transforme en hurlement dans ses oreilles….

Je la laisse. J’écris pour me détendre. Pour ne pas entendre ses cris. Elle se calmera. Et j’attends mon frère qui vient dormir à la maison. C’est rassurant.

Demain ça ira mieux. On a rendez-vous avec Delphine, ce qui est toujours un moment positif pour elle.

oct. 2009 22:03

Ma fille m’appelle à 19 heures pour que je vienne la voir… « Maman, je me sens grosse, j’ai l’impression d’avoir de ventre gonflé »… Son ventre est plat, elle est maigre… Elle me dit « je sais que je suis moche. On voit tous mes os. Chaque jour j’en découvre des nouveaux et je trouve cela immonde ». Je suis trop maigre. Mais j’ai l’impression d’avoir trop mangé »….
Est-ce qu’elle se sent « en trop »? Est-ce qu’elle veut disparaître? Pourquoi cette obsession? Elle a fait quelques efforts au niveau es repas. Mais chaque bouchée en plus est un supplice et elle est obligée de se punir.

 

oct. 2009 19:18

On parle beaucoup de « crises d’anorexie ». Mais on ne les décrit pas comme des crises d’hystérie, comme des crises où la personne devient comme « possédée », où elle hurle, frappe, se pince, se fait mal, fait mal aux autres… Ces crises ne sont pas systématiques chez toutes les anorexiques. Mais quand elle  frappe votre fille ou un proche, vous comprenez qu’on appelle cela une vraie « maladie mentale ».

Ces crises se déclenchent autour des heures de repas. Ou bien lorsqu’elle est contrariée par quelque chose: un geste, un mot, un signe…. Un rien suffit pour qu’elle devienne une vraie furie. On voit le visage se crisper, on voit l’ombre arriver, et les mots sont durs… tellement durs.

Après la crise, c’est le calme. Comme le calme après la tempête. Elle s’en veut à elle-même, elle culpabilise, elle s’excuse…. Et redevient la fille qu’on connait.

Le mot « schizophrénie » revient souvent lorsqu’on parle d’anorexie ou de boulimie. Ma fille se décrit comme se sentant schizophrène lors de ses crises. Elle ne peut plus se maîtriser, prend une autre personnalité et devient cette autre personne, celle qui est malade. Et elle pense réellement tout ce qu’elle dit et fait à ces moments là. Ça fait tellement peur. Car on sent et on peut comprendre que cela peut être fatal dans certaines circonstances.

 

 

2 journées d’oxygène

octobre 14th, 2009

Me voilà de retour à Paris. Après 2 jours d’oxygène à Bruxelles.
J’avais vraiment besoin de partir seule quelques jours. Quitter la maison, les enfants, mon mari,  le chien … tout…..
Même si la raison de ce voyage était l’enterrement de mon oncle aux Pays Bas, et que ce n’est pas l’occasion rêvée pour se changer les idées, c’était merveilleux de me retrouver avec mes parents, de voir la famille que j’ai tellement longtemps perdue de vue en Hollande, de diner avec mon frère.
J’ai remis de l’essence dans mon moteur comme ma fille devrait en mettre dans le sien. Seulement que chez elle c’est du Super Sans Plomb 2000 Calories qu’il faut !

Comment elle va?
C’est une question tellement difficile.
Parfois j’ai peur d’être trop négative, trop pessimiste.
Parfois elle est tellement bien qu’on ne peut pas croire qu’elle est malade.
Parfois elle est tellement mal qu’on croit que le moment de l’hospitalisation est arrivé.

Mais j’assume entièrement quand je dis qu’elle ne va pas bien. Psychologiquement elle va même très mal.
Hier elle m’a appelé à midi en pleurant. Pour me dire qu’elle est épuisée et qu’elle ne sait pas comment elle va tenir jusqu’à 18 heures au lycée. J’appelle le lycée et annonce qu’elle quittera l’école à 16 heures. Tant pis pour les convenances, les obligations. Elle est rentrée à 16 heures et ce n’était pas du luxe.

Quand je suis rentré, elle était bien. On a passé la soirée avec Isa à la maison et elle était d’excellente humeur. Le repas? On ne va pas s’affoler : quelques asperges à la vapeur et 1 morceau de sashimi. Pas vraiment du progrès,
Mais j’oublie de dire que le soir avant elle a été au restaurant avec son père, son frère et Isa, et que là elle a très bien mangé ! Donc, hier soir c’était la « compensation de ses excès ».

Aujourd’hui, que des larmes. Des larmes le matin, des larmes l’après midi, des larmes le soir.
Il faut trouver une solution au lycée. Elle n’en peut plus. Elle déteste l’ambiance, les profs, les regards…. Elle veut connaître autre chose. Se dit qu’il n’y a pas QUE ce lycée qui est bien. Qu’il DOIT y avoir d’autres solutions.
Elle a commencé à chercher des alternatives. Moi aussi.
Si je pouvais les changer tous les deux à Noel, ce serait bien.
Mais où?
Lycée international? Impossible. D’autres lycées dans le coin? Elle n’en veut pas.
L’envoyer à l’étranger pendant quelques mois? Impossible tant que sa santé est fragile. Lycée Français à Bruxelles? Et pourquoi ne pas aller 6 mois à Bruxelles? Pourquoi je n’irai pas y vivre avec les enfants pendant 6 mois pour voir si ce changement peut nous faire du bien? A tous.
Peut être complètement idiot et farfelu comme idée, mais j’ai besoin de réfléchir à toutes les alternatives, même si elles ne sont pas forcément applicables.

Bilan de santé – que du positif

octobre 9th, 2009

Encore une semaine de terminé. Entre les 3 rendez-vous chez la psy de ma fille, la visite chez le psy familial où mon mari n’a pas pu assister pour cause de travail, la nutritionniste… et j’en oublie peut être quelques uns, les semaines sont très chargées et nous laisse peu de temps pour faire autre chose.

Alors ce qu’il y a de positif : depuis qu’elle a reçu des calmants (pas des antidépresseurs car les effets ne sont pas toujours très positifs), elle n’a pas fait de crise. Des moments de pleurs, des moments difficiles, mais pas d’hystérie… C’est un énorme pas.

Ensuite, elle a ajouté une cuillère de céréales au petit déjeuner. Grande victoire! Ok, le reste des repas ce n’est pas encore terrible, mais elle évite quand même d’en sauter, ce qui est pour moi un grand pas.

Au niveau du poids elle n’a perdu que 400 grammes cette semaine, donc beaucoup moins que le kilo hebdomadaire depuis le mois d’août. Sa masse graisseuse à par contre fortement diminué. Elle reste à environ 48 kilos.

Ses cheveux, elle les perd toujours. Son état général est lamentable. Parfois je la vois très belle, parfois j’ai l’impression de voir un zombie ambulant.

Elle met deux paires de collants en laine pour avoir chaud et pour paraître moins maigre.
Mais il reste quand même très difficile à cacher cette maigreur.

Au lycée, c’est la galère. Elle rentre dans une période de contrôles et évidement le stress qui l’accompagne est très mauvais. Elle ne communique quasiment plus avec ses amies et n’a plus envie de parler avec elles. Donc, elle s’isole et reste seule.
Je ne peux pas la convaincre de lever le pied au lycée, de prendre des demi journées de repos ou des journées pour réviser tranquillement. Elle n’a pas besoin de suivre tous les cours car elle a pas mal d’avance, mais elle refuse de rater quoi que ce soit car elle veut que tout soit parfait. Impossible de lui faire sortir cette idée de la tête.

Je crains donc que le weekend va être un peu lourd.

De mon côté je vais à Bruxelles dimanche avec mes parents pour aller à l’enterrement d’un oncle. Même si ce n’est pas forcément très joyeux, ça me fera du bien de partir un peu. Et puis, j’ai besoin de me retrouver un peu avec mes proches.

Ce soir, mon fils a 4 copains pour soirée poker et gun à billes. Il va bien. A détesté la séance de psy familiale et trouve qu’il va très bien. « Chacun sa vie ». Et effectivement il va très bien, est très épanoui et ne se laisse vraiment pas faire par sa sœur. Ce qui crée de temps en temps des étincèles. Mais ça aussi, c’est positif !

 

Maman – fille : une relation fusionnelle

octobre 8th, 2009

« Une personne compliquée dans la tête, ne peut pas être vraiment heureuse »… J’entends cette phrase qui sort de la bouche d’une des plus belles femmes du monde décédée beaucoup top tôt.
Est-ce que c’est une réalité? Est-ce que toutes les personnes compliquées  – ou plutôt « complexes » – ne peuvent pas être vraiment heureux.
Il y a quelques années j’ai commencé à écrire « ma vie avec un homme qui ne veux pas être heureux »… Ce n’est pas qu’il ne VEUT pas, mais c’est qu’il ne PEUT pas.
Dès que le bonheur s’approche un peu trop, dès qu’il devient un peu trop « durable », il faut le détruire, il faut changer. Car il n’a pas le droit d’être vraiment heureux. Oui, il y a certainement tous ces petits moments de bonheur. Les moments avec les amis, la famille, les activités sportives…. mais le bonheur profond, vraiment serein, il ne le connait pas.

Est-ce que ma fille à ce même symptôme? Elle a une relation fusionnelle avec sa maman. Elle ne veut  qu’une chose : ne plus aller au lycée, rester à la maison, et de préférence avec sa maman.  Mais elle a également l’intelligence et la complexité de son papa. Entre les deux, pourra-t-elle trouver un équilibre?
Pourquoi tout d’un coup cette relation avec ma fille  devient trop forte, trop étouffante? Car au fond, c’est bien cela qu’elle ressent ou qu’elle ressentira à terme … trop dépendante, trop envie de retourner dans le ventre de sa maman?
Je veux casser cette dépendance. Suis prête à tout pour qu’elle guérisse, et je ne veux pas qu’elle dépende trop de moi, qu’elle veut trop vivre pour moi. Cela fait peur. Je veux qu’elle vive pour elle, rien que pour elle.
Je veux que chacun de nous puisse vivre pour soi, être heureux, trouver son bonheur. Mais je sais que je suis incapable d’offrir ce bonheur à chacun, à tous. Je suis incapable de le faire pour les autres. Et c’est tellement frustrant, tellement pénible de savoir que c’est une chose que je ne pas donner. Que c’est une chose que chacun doit faire pour soi. Que cela ne dépend que de soi…

Comme pour manger.

 

La cuillère à café

octobre 5th, 2009

L’air de la mer …. Pas beaucoup, mais juste de quoi nous changer les idées.
Marcher, c’est trop fatiguant. Balade sur la plage, trop froid. Elle ne tient pas longtemps, s’épuise rapidement.
Mais elle était contente du weekend. Déprimé de rentrer à la maison….
Les restaurants, c’est galère. Analyse en profondeur du menu. Ensuite, vingt mille questions aux serveurs/serveuses pour avoir le contenu de chaque plat. Cela prend un temps fou… C’est impossible, mais je laisse faire. En croissant les doigts que les personnes comprennent qu’il y a un problème… et qu’ils restent patients. De temps en temps nous tombons sur des gens formidables. Qui rigolent, font des blagues et arrivent à la détendre. D’autres fois (petit déjeuner à l’hôtel Normandy….!) ils la prennent de haut, ne comprennent pas pourquoi elle veut absolument un fromage blanc 0%… « Elle n’a qu’a prendre autre chose »… Et cela la bloque, la rend furieuse : « à ce prix là et dans un hôtel pareil il me semble qu’on peut quand même demander (exiger) un fromage blanc à O% ….?
Mais le résultat, c’est que finalement elle a pris pas mal de décisions ce weekend : sur ses plats, sur les achats de vêtements, sur la gestion de son humeur… des décisions qui semblent tellement faciles, mais qui pour elle sont des pas énormes.

Le rendez-vous avec la psy samedi a été difficile pour moi. Très difficile. Beaucoup de choses remontent à la surface. Tout ce que je ressens depuis tellement d’années. Toutes mes craintes sont confirmées.
Mais cela a également permis de parler ensemble avec l’intermédiaire d’une autre personne. Qui a pu lui expliquer que moi aussi je peux avoir des moments difficiles, des moments de fatigue. Et qu’il faut pouvoir les accepter sans se mettre en colère, sans penser que cela est « contre elle ».
Nous avons convenu de quelques règles. Je ne m’occupe plus de ses repas. On discute du repas pendant maximum 15 minutes avant de commencer la préparation. On se met d’accord et elle se tient à ce qu’elle a convenu de manger.
Ensuite je ne m’en occupe plus. Elle mange, elle se sert et se met elle-même sa cuillère à café d’huile …
La psy a dit à ma fille « maman te montrera ce qu’est une cuillère à café car toi, tu vas choisir la plus petite cuillère que tu pourras trouver. Et ce n’est pas ce qu’il faut »… J’ai rigolé, car hier soir, c’est exactement ce qu’elle a fait… Elle a choisi la plus petite cuillère de la maison!

 

L’hôpital est incontournable

octobre 2nd, 2009

Nathalie, tu as raison. L’hospitalisation est incontournable. Elle a beau nous (se) faire croire qu’elle peut s’en sortir. Qu’il faut lui laisser du temps. De ne pas aller trop vitre. J’ai beau à croire qu’elle est assez forte pour s’en sortir. Qu’en ayant trouvé une excellente équipe d’aide médicale et psychologique on pourrait peut être échapper à l’hôpital.
Mais je n’y crois pas. Comme tu le dis : c’est une maladie mentale et sa volonté ne suffira pas. Il faut un déclic beaucoup plus important.
Lequel? Je ne sais pas.
Je lis ton blog et je vois le chemin que vous avez fait. Je suis émue, secouée car je retrouve à chaque fois des passages que je reconnais. Au début, je pensais qu’on en arrivera pas là. Je me suis dit que chez nous c’est différent…. On ne croit pas que cela peut vraiment arriver. Et petit à petit, quand je relis tes messages, je me reconnais, je nous reconnais…Et je sais ce qu’il va nous arriver.

Ce matin, en allant au lycée, on parlait de notre rendez-vous avec l’endocrinologue cet après midi (celle qu’elle ne supporte pas et qu’elle traite de noms que je n’oserai
pas répéter ici). Elle m’a dit qu’elle ne voulait pas être pesée.  Je lui ai répondu qu’il me parait difficile d’échapper à cela, car c’est un médecin qui va vouloir vérifier son état de santé (on a fait les analyses de sang hier).
Elle me dit que ça la stresse. Que si elle a pris quelques grammes, elle ne va plus pouvoir manger….
Je sais qu’elle n’a pas pris de poids. Et elle ne pourra pas en prendre.

Isa, j’accepterai volontiers ton invitation pour venir à Marrakech à la Toussaint. Je ne sais pas comment elle sera, mais on a besoin de changer d’air. Je ne crois pas qu’elle sera à l’hôpital d’ici là car le chemin pour la convaincre va être long.
Mais nous avons tellement besoin de partir d’ici. De changer d’atmosphère.

Ce weekend, mon mari part à la chasse. C’est bien. C’est même excellent. Et je suis contente qu’il ait un moyen de se changer les idées.
Ma fille et moi avons  rendez-vous samedi matin avec la psy, et ensuite je pense que nous partirons à 3 à la mer.
Prendre de l’air. C’est ce que j’ai besoin. C’est ce qu’on a besoin.
J’étouffe à la maison.