Pensées personnelles

février 21st, 2010

Vendredi 19 février 2010

Vendredi matin : altercation au bureau entre mon mari et moi.

Son unique souhait c’est que notre fille guérisse. Tout le reste n’est pas important. Il insiste la dessus. Ré-insiste. Me dit qu’il faut que j’arrête de lui mettre de la pression. Qu’elle veut prendre des cours par correspondance au retour des vacances et éventuellement retourner au lycée.

Il me fait sentir comme si j’étais jalouse qu’il s’entende bien avec notre fille. Qu’il l’emmène au bureau. Qu’elle soit mieux. Il n’a rien compris.

Vendredi soir.

Je vais chercher notre fille au bureau de son père. Elle est distante dans la voiture. Me dit qu’elle est fatiguée, mais je sens qu’il y a autre chose. Je lui demande s’il s’est passé quelque chose au bureau mais elle me répond que non.

Elle me dit qu’un collègue du bureau de son père l’a invité à une soirée au Queens à Paris samedi soir. Son père est d’accord et a insisté pour qu’elle y aille. Elle hésite.

Je lui dis que je n’aime pas cette idée. Qu’à son âge on ne sort pas avec des hommes de 35 ans qui sont des collègues de son père dans des boites à Paris. Qu’elle devrait sortir avec des jeunes de son âge… Mais si son papa a donné son accord je ne peux rien dire.

Elle sent que l’idée de cette sortie ne me plait pas du tout et elle me rassure en disant qu’en toute façon elle n’avait pas envie d’y aller. Est-ce qu’elle me teste pour voir comment je vais réagir ? Est-ce que son père lui a réellement donné l’autorisation d’y aller ? Je ne sais pas. Je ne le saurais pas.

 

En rentrant elle monte directement dans sa chambre.

Je prépare le repas. Je m’occupe de mon fils qui a quelques copains et vers 7h45 j’appelle ma fille pour manger. Trop tard ? Elle veut manger à 7h30 précises. Tant pis. Je vais la voir et lui dit que le repas est prêt. Elle me dit de partir.

Je quitte sa chambre. Je la laisse. J’ai envie d’appeler son père pour demander ce qu’il s’est passé mais me retient.

Il rentre vers 20h30. Très tôt. En arrivant je lui pose la question, mais il me répond que notre fille l’a téléphoné pour lui demander de rentrer et il va la voir.

Je les entends parler. Me couche sur mon lit. J’entends ma fille pleurer. Elle pleure car elle s’est pesée le matin et elle a pris du poids. Elle veut rester maigre. Ne pas grossir.

Son père lui parle gentiment. La rassure. Arrive à la faire descendre finalement dans la cuisine. Ils rigolent, ils parlent tous les deux. Je devrais être contente. Mais la façon dont mon mari parle à sa fille me déplait. Ce n’est pas un discours de père à fille. C’est le discours entre deux adultes. Mais pourquoi tout d’un coup il s’intéresse autant à elle. Un moment il est là. Le moment après on ne peut plus compter sur lui. Il vient, il part. Il est gentil, il est distant. Il est tout et son contraire.

Quand je descends ils sont tous les deux devant la télé.

J’étouffe. Je ne peux pas expliquer pourquoi. Mais j’assure que ce n’est pas de la jalousie. J’ai peur pour ma fille. Je la sens manipulé par son père et je ne veux pas qu’elle souffre encore plus.

Je leur dit que je vais emmener un colis chez des amis au Vésinet. Ma fille m’ignore. Mon mari aussi.

Je sors en tremblant. J’appelle une amie. Elle a eu mon mari en ligne l’après midi. Je sens qu’il l’a convaincu avec ses propos. Elle a un discours différent et je raccroche car je n’ai pas besoin d’entendre encore plus de reproches. C’est la deuxième amie cette semaine qui tient se discours. Je devrais vraiment me remettre en question.

Finalement j’atterris au cinéma. Je ne sais pas quel film. Je rentre, je regarde sans être là.

Une heure après ma fille téléphone. J’ignore l’appel. Elle renvoi un texto :

« Tu reviens quand ? »

« Dans une heure environ. Bonne nuit ma poucinette. ».

« Réponds quand je t’appelle stp ».

.. ..

Je sens qu’elle ne va pas bien.

Je sors du cinéma et la rappelle. Elle pleure. Me demande où je suis. Quand je rentre. Je reste calme. Lui dit que je prends un verre chez les gens chez qui j’ai déposé le colis et que je rentre après. Elle me dit que ca ne va pas. Qu’elle doit me voir. Je lui demande d’aller parler à son papa, mais elle refuse. Quelque chose s’est passé pendant la journée ou pendant mon absence ce soir. Je le sens.

Je raccroche tranquillement et rentre à la maison.

En arrivant mon mari me dit que ça ne va pas du tout et que ce n’est pas la peine d’aller dans sa chambre car elle ne veut pas me voir.

Je l’ignore. Rentre dans sa chambre et la prends dans me bras. On reste couché sur son lit pendant une dizaine de minutes. Elle n’arrête pas de pleurer, mais reste dans mes bras.

.. ..

A un moment elle demande de voir son papa. De la laisser seule avec lui.

Après quelques minutes, son père me dit qu’elle a des choses à me demander. Qu’elle ne comprend plus rien à ma vie et qu’elle a besoin d’éclaircissements.

Je vois son regard. Je n’aime pas ce regard. Il cache quelque chose. Il y a quelque chose de victorieux dans ses yeux que je ne peux pas expliquer. C’est la première fois que je vois ca.

.. ..

Pourtant ma fille continue à pleurer et n’arrive pas à parler. Je lui dis fermement que je vais préparer des tisanes et qu’ensuite on parlera toutes les deux.

En revenant, je ferme la porte de sa chambre, lui demande de s’assoir correctement dans son lit afin qu’on puisse parler. Je lui dis que rien ne peut être aussi grave de ne pas pouvoir être dit. Elle me dit qu’elle n’ose pas….

Alors je lui pose des questions :

« Tu veux aller vivre avec papa ? »  Non

« Tu crois que je vais me marier avec quelqu’un d’autre ?» Oui

.. ..

Je reste bouché bée. J’éclate de rire. Elle arrête de pleurer.

Je ne sais d’où elle sort cette idée, mais elle pense qu’il a un homme dans ma vie.

C’est bizarre car je ne vois pas pourquoi elle aurait cette idée.

Je la rassure. Lui explique que je n’ai vraiment pas la tête à ça. Que je n’ai qu’une seule envie, c’est d’être seul avec eux. Mais je dis aussi que ce ne la regarde pas. Que ma vie personnelle ne la regarde pas. Mais je suis quand même flattée qu’elle puisse penser cela !

On parle longtemps. Elle est calme. Rassurée. Mais je me couche avec un sentiment amer. Pourquoi elle a pensé cela ? D’où vient cette idée. Il faudra que je lui pose la question demain….

 

Samedi 20 février

.. ..

Journée tranquille. Mon mari a quitté la maison à 9 heures du matin sans avertir et est revenu à 3 heures du matin suivant. Pas de nouvelles. Aucune explication.

Ma fille me dit qu’il devait visiter des appartements.

.. ..

Dimanche 21 février

.. ..

En fin de matinée mes enfants demandent si on peut aller déjeuner au restaurant. Je ne sens pas trop l’idée d’y aller à quatre mais je leur dit de demander à leur père. Car finalement, ils ne l’ont pas vu hier.

Il n’a pas envie, mais quand je repose la question, il est d’accord. Mon fils et mon mari partent en premier. Dès qu’ils quittent la maison, ma fille me dit que je n’ai rien compris. Qu’elle voulait justement éviter de déjeuner tous les quatre. Que la tension est intenable quand on est tous ensemble. Et puis, elle ne veut pas voir son père. Elle est fâchée avec lui.

Je ne comprends pas ? Je pensais que tout allait bien entre eux. ? Je lui dis qu’elle ne peut pas jouer entre nous deux. Un jour me faire la tête. Le jour après faire la tête à son papa.

Elle commence à pleurer, mais ne veut pas me dire ce qu’il se passe et pourquoi elle est fâché. Je reste assez distante, m’assois tranquillement sur une chaise pour l’écouter.

Elle me dit qu’elle a des choses à dire mais qu’elle n’ose pas. Qu’elle n’a pas le droit. Qu’elle a promis à son père de ne rien me dire. Il a insisté pour qu’elle jure qu’elle ne me dirait rien.

.. ..

Je lui dis que s’il s’agit d’un problème qui lui pèse et la fait sentir mal, elle a tous les droits d’en parler. Que cela ne peut pas être si grave que ça. Et qu’il faut absolument parler, que ce soit avec moi ou avec quelqu’un autre.

.. ..

Elle fini par le dire :

Lorsque je suis partie vendredi soir, son père lui a dit que maman avait un amant.

Au début, elle a éclaté de rire, pensant qu’il faisait une blague. Mais comme il ne le disait pas, elle s’est inquiété et a reposé la question. « C’est une blague ! ».

Son père a insisté que non, que c’est la vérité et qu’il ne faudra pas être étonné que pendant les vacances il y aura un homme avec sa maman. D’ailleurs il s’agit de l’un des associés de la société où elle travaille (qui part également à Saint Domingue… mais dans un autre hôtel, avec sa maitresse, et pas exactement aux mêmes dates !!).

.. ..

Elle ne comprend pas. Elle se met à pleurer. Ne comprend pas pourquoi il lui dit des choses pareilles. Il sait qu’elle est malade. Il sait qu’elle est fragile. Pourquoi lui dire des choses qui ne la regardent pas, qui n’apportent que du mal et du chagrin. Pourquoi raconter des mensonges alors que c’est lui qui a toujours été infidèle.

C’est quoi le but, l’objectif ? Ca ne change rien au divorce. Ca ne change rien à la procédure. Cela ne touche que notre fille.

J’appelle mon mari pour lui dire que je vais à Paris avec notre fille et que lui et notre fils mangent  ensemble.

On passe une après midi agréable. On mange ensemble, on visite le musé d’art moderne. On parle. On est complices mais je reste ferme dans mon attitude.

Finalement, la journée s’est bien terminée.

.. ..

Mais pourquoi faire autant de mal ? Pourquoi il fait ça ?

.. ..

Je ne peux pas en parler avec lui car je trahirai la confiance de ma fille.

Mais il faut qu’on le sache. Il me manipule. Il manipule ma fille.

Elle commence à comprendre. Elle sait qu’elle ne peut pas compter sur lui. Elle se pose des questions. Est-ce qu’il est gentil avec elle juste pour la remonter contre sa maman ?

 

Fin des crises?

février 15th, 2010

Voilà plus de 10 jours que notre fille n’a pas faits de crise. Voilà 10 jours que nos relations sont un peu distantes.  Ma fille commence à ressembler à une adolescente presque normale… Presque, car la guerre n’est pas encore gagnée.

Mais il y a beaucoup de choses positives qui donnent de l’espoir :
Au niveau du poids : elle pèse aujourd’hui 48,9 kilos, soit presque un kilo de plus que son poids d’hôpital. Elle a pour objectifs d’en peser 50 pour les vacances (cela me parait beaucoup, mais on verra).

Au niveau occupations :
Elle passe les journées de la semaine avec son papa au bureau où elle effectue toutes les tâches d’une assistante parfaite.
Il semble également qu’elle va faire une présélection au niveau des appartements, les visiter afin d’aider son papa.
Pour le reste, je ne sais pas où elle en est avec les études. Je ne peux pas en parler, je ne peux pas lui mettre de pression. Mais cela m’inquiète toujours…. Et j’aimerai qu’elle prenne des décisions avant de départ en vacances. Un jour elle dit qu’elle va faire le BAC Français sans aller en cours pour pouvoir intégrer la terminale (elle pense qu’ils ne peuvent pas lui interdire la terminale si elle a passé son Bac Français), un autre jour elle ne veux rien faire, un autre jour elle veut partir à l’étranger pour faire le Toefl… Tout et son contraire.  Dans un cas d’une ado « normale », on imposerait la décision. Moi on me dit de la laisser…. Donc je laisse.

Au niveau social :

On vient de passer un weekend tranquille à trois. Vendredi soir, restaurant avec une amie et tous les enfants.
Samedi soir, ma fille a organisé une soirée à la maison avec 7 copines. Et dimanche, elle a fait une session « photos » avec une amie.
Donc, depuis notre altercation d’il y a deux semaines, elle retrouve une vie sociale et des amies…. Ce qui est formidablement positif.

Au niveau relation mère-fille :

Et bien, elles sont tendues. Elle me pousse pour voir jusqu’où elle peut aller. Utilise son père quand ça ne va pas avec moi …ou le contraire.
Elle m’a emmené le petit déjeuner au lit samedi matin. On rigole, on se fâche.
Elle prend ses distances, et moi aussi.
C’est nécessaire.

Les petits signes

février 9th, 2010

D’accord. Depuis quelques jours il y a une rupture dans les relations entre moi et ma fille. Une froideur. Une distance qu’elle prend.
Ça me fait mal. Mais en même temps c’est moi qui l’ai provoqué. Et je sais que cela portera ses fruits à terme.
Aujourd’hui elle me dit des petites phrases me rassurent et qui sont des grandes victoires, même si elles passent inaperçues :
« Je me suis mis pour objectif de manger et prendre du poids afin d’être bien pour les vacances…. »
« Il faut vraiment que je manger plus. Je ne vais plus me retenir car danser quand on est trop maigre, c’est vraiment galère…. »
« Je veux prendre du poids pour sortir avec mes amies, pour être mieux dans ma peau ».

Elle mange, prend un peu de poids, et ça c’est la plus grande victoire depuis l’été dernier

Je prends un peu d’air

février 7th, 2010

Vendredi soir.  En arrivant à Bruxelles  vers 21h30, j’appelle les enfants.

Ma fille est déjà au lit car elle a une soirée samedi soir à Paris et veut se reposer.  Il y a quelques jours, elle a demandé à son papa s’il voulait bien l’inviter avec ses amies au restaurant avant la soirée.
Avant de demander cela à son père, elle a  senti le besoin de valider avec moi si cela ne le gênerait pas. Avait peur que cela serait trop cher. Et peut être peur d’obtenir un refus? Je la rassure. Lui dit que cela fait plaisir à son papa de les inviter au restaurant. Qu’il sera bien fier d’être avec ses 4 filles. Que si c’était trop cher, il aurait pu les emmener dans un restaurant plus simple.  Etc. etc.
Le jour après, elle me redemande la même chose. Elle culpabilise d’imposer » les 3 copines.  Que ça lui fait plaisir mais … enfin je passe les détails.  Bref, je lui dis de ne pas s’inquiéter. Que cela se passera très bien et qu’il sera très content.

Bref, je pars à Bruxelles en laissant la garde des enfants à mon mari pour le weekend.

22h20. La maman de l’amie de ma fille me téléphone. « A » a oublié son sac le jeudi soir  à la maison et en a besoin pour le lendemain car elle a un contrôle au lycée le samedi matin.
Son mari étant déjà en route pour venir chez nous. Je lui dis que je suis à Bruxelles mais que j’appelle les enfants. Mon fils prend le téléphone. Il est déjà au lit mais ne dort pas. Je lui demande s’il peut prendre le sac et l’emmener en bas pour donner au papa d’A. Il est contrarié, rentre dans la chambre de sa sœur pour demander gentiment où est le sac. Elle ne répond pas. Se cache sous les couvertures. Il ne sait pas quoi faire. Essaie de lui parler doucement. Mais elle le repousse. Lui crie dessus « va t’en ». Je dis à mon fils de laisser le téléphone sur son lit. Que je rappelle ma fille qui refuse de me parler. Le téléphone sonne dans le vide. Je rappelle mon fils. Il me dit qu’elle a lancé le téléphone à travers la chambre, qu’elle hurle, qu’elle ne veut pas me parler. Entre temps le papa de A attend devant la porte et ma fille refuse de se lever pour chercher le sac de SON AMIE. Mon fils est perdu, s’affole, pleure.
Je suis furieuse. Tellement fâché. Ma fille ne va pas au lycée, n’a rien à faire pendant la journée, est capable d’aller en boite jusqu’à 3 heures du matin, peut passer la nuit à discuter avec ses amies sans dormir, estime qu’elle est suffisant « mature » pour prendre ses propres décisions,  … Et là. Elle est incapable de se lever à 22h30 pour chercher le sac de sa copine??
J’appelle la maman d’A pour demander que son mari entre dans la maison pour aller calmer mes enfants et chercher le sac. Je suis totalement impuissante. N’arrive pas à joindre mon mari qui est sorti à Paris et dont le portable « ne passe pas». Je lui laisse des messages. Je fini par l’avoir en ligne grâce à des amis. Il appelle ma fille qui veut bien lui répondre. Elle se calme. Elle raconte  sa version des faits à son père. Je précise les choses, car j’ai tout entendue, tout vécu pendant les 23 coups de téléphone entre 22h20 et 23h00.

Samedi, je n’appelle pas ma fille. Je suis tellement fâchée, tellement déçue par son attitude. Elle m’appelle dans l’après midi. Me dit que ça ne va pas, qu’elle a fait une crise vendredi soir. Je lui demande ce qu’elle en pense. Je reste assez froide. Je sens qu’elle va mal, qu’elle a besoin d’être rassuré. Mais je m’oblige à ne pas lui dire ‘ma puce, ma chérie… . Je lui parle en utilisant son prénom, et ça, elle n’en a pas l’habitude. Elle me dit ‘ce n’est pas la peine » et me raccroche au nez.

Je passe l’après midi en ville. Mal au ventre, inquiète car je sais que ma fille est seule à la maison. Son frère est allé chez un ami où il va passer la nuit, et son père avait des choses à faire à Paris.

En fin de journée, je n’ai toujours pas de nouvelles. Envoi un SMS à mon mari, mais reste sans réponse.
Je fini par appeler à la maison. Ma fille répond. Ouf, suis soulagé. Elle me dit qu’elle est déprimé, qu’elle ne va pas à la soirée, qu’elle est mal car je l’ai « engueulé »… Je lui réponds calmement en lui adressant par son prénom. Cela ne lui plait pas. Elle me raccroche au nez.

Heureusement, que la maman d’A me tient au courant. Elle me dit de ne pas m’inquiéter. Que les 2 amies de ma fille ont fait une « opération commando » en débarquant à la maison pour se préparer pour la soirée.
Mon mari m’envoie enfin un message à 20 heures pour dire qu’il emmène les filles au restaurant.

Elles passent une excellente soirée. Je me demande pourquoi je m’inquiète…. Faudra que j’apprenne à laisser tout tomber les enfants sont avec lui. Tant pis s’il n’est pas là ou pas joignable. C’est une leçon à apprendre. Pour lui et pour moi.

La conclusion de ce weekend reste quand même la difficulté à faire la distinction entre la malade et l’ado. C’est l’éternelle question.
Aujourd’hui je vais essayer d’oublier un peu la malade. Car le respect doit rester. Quoi qu’il se passe. Il y a des limites à ne pas dépasser, même dans l’état où elle se trouve.
Et si cela provoque encore des « électrochocs »… et bien il faudra vivre avec

Des objectifs trop ambitieux?

février 7th, 2010

Vendredi le médecin de Poissy m’a téléphoné pour demander comment va ma fille. Je lui explique mon inquiétude par rapport à ses crises, par rapport au manque de soutien psychologique et par rapport à son emploi du temps actuel : pas de cours, pas de lycée, pas d’inscription pour les cours à domicile, pas d’objectif concret pour finir son année.
Elle passe son temps au bureau de son papa. Regarde tous les sites pour savoir comment entrer à Harvard ou éventuellement une autre université américaine. Comment passer les tests d’anglais. C’est bien si cela l’emmène à prendre une décision.
Elle s’est fixé comme objectif d’aller à Harvard après le BAC. C’est très bien mais en même temps  très ambitieux pour quelqu’un de malade  qui a arrêté le lycée de son propre gré.
Je ne veux pas la décourager, ni l’encourager, car on ne sait pas si cela sera possible. De part le niveau d’exigence pour y rentrer et pour des raisons financières, Je lui propose de chercher également d’autres alternatives, peut être plus réalistes à court terme, et non moins « prestigieuses ».

Le médecin m’informe que dans cette maladie, les jeunes ont tendance à se fixer des objectifs tellement exigeants et difficilement à atteindre, qu’ils y trouvent ensuite une excuse pour ne rien faire et se renfermer. Et malgré toute la confiance que j’ai dans les capacités de ma fille et dans son ambition, je crains qu’il ait raison.
Il est également inquiet de voir qu’elle ne fait toujours rien de concret.

Nous avons envisagé une multitude de choix. Des propositions faites avec la direction du lycée. Ce sont des choix qui peuvent être pris individuellement, ou simultanément.
Ces options, on en a parlé longuement. Il n’y a pas d’obligation, pas de pression. C’est à elle de choisir.

– inscription au CNED ou cours par correspondance pour rattraper au moins partiellement les cours de ère et être plus à l’aise en cas de redoublement
– présence au lycée pour une seule matière (par exemple français)
– cours à domicile par les professeurs de son lycée qui l’ont proposé
– stage intensif pour préparer examen d’entre anglais (toefl, cat ou autre) à Paris ou en Angleterre
– hôpital du jour pour accompagnement psychologique intensif (elle ne voit qu’une psy pendant une demie heure par semaine…. cela ne suffit pas!!!!!).

Bref, de nombreuses options sont possibles, mais de mon côté je n’en parle plus car au plus que je le fait, au plus qu’elle s’isole.

Le soir, je demande à ma fille de prendre rendez-vous avec le médecin. Il faut déplacer le rdv que nous avons dans 3 semaines car nous seront probablement en vacances et puis il est important qu’elle fasse le point avec lui.  Elle refuse.

Je pars à Bruxelles.

Une mise au point

février 4th, 2010

Après une semaine pendant laquelle j’étais totalement déboussolé, je retrouve un peu mes esprits et arrive à réfléchir de façon un peu plus lucide.

Mardi soir j’ai récupéré ma fille au bureau de son papa. Dans la voiture, je lui ai dit que j’envisageais de quitter la maison. Je suis arrivé au bout du rouleau. Je ne supporte plus de ne pas avancer, d’entendre que je suis la cause de tous les malheurs des uns et des autres. De sentir qu’elle et son papa me détestent et de vivre en permanence avec le mal au ventre et les larmes aux yeux.
Que je ne peux plus supporter ses crises car j’ai l’impression de lui faire plus de mal que du bien. Que je ressens son besoin d’être avec son père et de prendre de la distance par rapport à moi. Et que mon éloignement serait peut être mieux pour tout le monde.
J’ai également dit qu’il m’est difficile de partir en vacances car son père n’est pas d’accord. Que j’ai peur que pendant les vacances elle continue à faire des crises que je ne pourrais pas gérer. Que la perspective des vacances, sa déscolarisation et ma présence trop importante à ses côtés la gardent dans sa maladie et ne lui donnent plus d’envie d’en sortir.

C’étaient des mots durs. Des mots qui lui ont fait mal. Des mots que j’ai souhaité reprendre de suite car elle s’est mise à pleurer. Et je ne veux pas lui faire du mal.
Mais il fallait un déclic. Il fallait une mise au point. Il fallait qu’elle se rende compte que la situation est devenue trop difficile pour moi. Pour eux. Et qu’il faut un changement radical.

Elle a quitté la voiture en hurlant. Impossible de la faire revenir. Je m’en suis voulu tellement. Je me suis sentie tellement horrible. Pourquoi lui dire tout ça? Pourquoi lui faire mal alors qu’elle avait passé une bonne journée? Pourquoi je fais ça?

Elle m’a envoyé un texto pour dire qu’elle allait chez une amie. J’ai téléphoné à la maman de cette amie qui m’a dit de ne pas m’inquiéter. Que ma fille avait téléphoné et qu’elles allaient la récupérer et la ramener chez eux pour la soirée et pour la nuit. Je suis soulagé car elle est en de bonnes mains. Mais j’ai l’impression que jamais ma fille me pardonnera pour ce que j’ai fait.

Elle a téléphoné son papa. Pour lui dire ce qu’il s’était passé. Je passerai sur les commentaires de mon mari quand il m’a téléphoné et quand il est rentré le soir.  Soirée trop difficile, inhumaine. Je ne sais plus où j’en suis, suis prête à tout abandonner. Il est d’accord de prendre la garde des enfants. Il ne sait pas comment il va s’organiser, mais est d’accord que je lui laisse tout.
Je cède à tout. Je lui donne mon accord sur tout. Il sait que je vais changer d’avis demain…. et probablement qu’il l’espère au fond de lui.

Mercredi ma fille revient à la maison. Tranquille et souriante. On se retrouve comme si rien ne s’était passé. Elle a passé une très bonne soirée chez les amis. S’est rendu compte qu’elle a des amies. Qu’il lui est possible d’y aller et qu’elle peut compter sur elles. Que cela fait du bien de s’évader un peu.
Et cela lui a permis de remettre ses idées en place. De voir que je ne suis pas venue pour la chercher et qu’il y a des limites à ne pas franchir. Peut être aussi de comprendre que je ne suis pas aussi manipulable qu’elle le pense…
L’après midi elle est allé voir sa psychiatre. Ne voulait pas y aller car elle ne l’aime pas. Je ne donne pas mon avis. Lui dit simplement d’y aller et de lui dire si elle veut arrêter et voir quelqu’un d’autre. Qu’elle a le choix de rappeler la psychologue de l’hôpital pour en parler. Je n’impose rien. Je la laisse faire.
Finalement, elle ressort contente du rendez-vous et décide de continuer …
Le soir, nous sommes allé manger tous les trois au restaurant. Tranquillement, sereinement et avec plein de complicité et d’amour entre moi et les enfants.
Elle mange bien. Elle ne prend pas beaucoup de poids mais veut grossir pour pouvoir partir en vacances. Pour être jolie en maillot. Son amie lui a dit qu’il fallait qu’elle prenne du poids. Qu’elle fait peur avec tous les os qui ressortent. Elle était contente qu’on le lui dise. Que ce soit quelqu’un d’autre qui le lui dit…

Et puis moi, dans tout ça, j’ai fait le point dans ma tête. Avec l’aide précieuse de ma psy, de mes amies (vous!), de mon avocate. Je sais qu’il faut que j’avance, que je n’abandonne pas. Qu’il ne faut pas avoir peur et qu’il ne faut pas regarder le passé. Je sais que les mois qui viennent ne vont pas être plus faciles que les derniers et qu’il y aura encore beaucoup de moments où je risque de craquer.
Notre couple va se séparer. Et je compte rester avec les enfants à la maison jusqu’à ce que les choses soient réglées entre nous. Mais tout ça ne dépend pas que de moi.
Et après … it’s another life.

 

Partir

février 1st, 2010

Je suis à bout.

Ma vie est un fiasco
ma vie n’est pas celle que je voulais
ma vie n’est pas celle dont je rêvais
Je n’ai pas réussi mon couple
Je n’ai pas réussi ma vie de famille
Je n’ai pas réussi ma vie professionnelle
Je suis là pour tous
mais ils me le reprochent
J’essaie de bien faire
Trop bien faire
Et tout se retourne contre moi
Je ne peux pas faire la vie des autres
Je ne peux même pas faire la mienne
Je rend tout le monde malheureux
Et j’entraîne tout le monde avec moi dans ce gouffre.

Il faut qu’il me le prenne
Il faut qu’il m’enlève ce que j’ai de plus cher
Je ne les mérite pas. Je ne le mérite pas.
Il faut me punir de na pas avoir été à la hauteur de mes rêves, de leurs rêves.
Je n’ai pas le droit d’être heureuse.
Je ne peux pas.
Comment une personne pour moi peut faire quelque chose de bien?
Comment peut-on aimer une personne comme moi?
Je ne les comprends pas.

 

Je n’en peux plus. Je n’y arrive plus. Ils ont raison. Les psychiatres, mon mari. Ils ont raison. Comment peut-on être heureux avec moi? Quelqu’un qui ne décide rien. Qui n’a jamais été là pour son mari. Qui est incapable de gagner de l’argent. Qui est en permanence dans « l’émotionnel » et pas dans le réel….

Comment ne pas comprendre les « dérapages » de mon mari? C’est à cause de moi. A cause de mes absences à la campagne pendant que les enfants étaient petits. A cause de mon manque de gentillesse à son égard. A cause du manque de reconnaissance que j’ai pour lui?
Il ne comprend plus rien. Pensais que je partais à Bruxelles en septembre. Maintenant je ne sais plus. Tout dépend de notre divorce, de notre fille, de nos enfants, de mon travail.
Mais pourquoi? Je suis perdue. Ma tête ne va plus. Ma fille ne va plus. Mon fils ne va pas bien. Et mon mari me fait que des reproches. Et tout ce qu’il dit est proche de ce que me disent les psychiatres. Il est habile. Sait exactement comment me perturber, comment me culpabiliser, tout en se faisant passer pour la victime. Victime de moi. Victime de ma méchanceté. Victime de mon manque de reconnaissance pour lui. Victime d’avoir été « écarté » des enfants. Victime de ne pas pouvoir partir en vacances alors que moi je n’ai que ça à faire. Victime de devoir travailler pour subvenir à nos besoins. Victime, victime, victime….

Et moi je suis le bourreau.

Comment ne pas comprendre que ma fille est malade dans cette situation? Il faut que je les laisse. Il faut que je les quitte. Il faut qu’ils soient heureux. Et ils ne peuvent pas l’être avec moi.

S’il vous plait, j’écris, mais ne m’appelez pas. Ne venez pas. J’ai besoin d’être seule. Ca ira mieux dans quelques heures. Je suis au bureau donc je n’ai pas le choix.
J’ai juste besoin de partager mon désespoir.