Status quo

mars 26th, 2010

Encore un pallier de franchi. Un kilo de plus et c’est la catastrophe. Depuis dimanche dernier elle se remet au régime. Elle fait attention car la prise de poids est trop brutale.

Elle a fait deux séances d’hypnose. Chacune pendant quelques heures. Beaucoup de choses sont sorties, beaucoup de blocages identifiés. Le sentiment de rejet qu’elle a pu vivre à quelques moments de sa vie sont des éléments qui peuvent entre autres expliquer son attitude d’aujourd’hui. Mais elle ne veut pas continuer ces sessions. Elles sont à la fois trop lourdes et ouvrent des portes qu’elle ne veut pas franchir. Elle sait comment guérir, elle possède les clés. Mais elle refuse de faire le pas. Elle se sent bien dans sa maladie et ne veut pas en sortir.

La situation avec son papa est toujours bloquée. Les deux en souffrent, mais aucun des deux ne fait le pas. Et chaque jour est un jour de perdu, une journée de plus qui sera difficile à rattraper. Une journée de plus où l’écart se creuse et où la confiance se réduit.
Je ne peux rien faire. J’essaie de leur parler, j’essaie de leur donner des idées pour se retrouver, mais chacun reste dans son camp avec son désespoir.
Ma fille ne veut plus parler à son père. Quand je parle de lui elle m’ignore. Elle me dit qu’il n’existe plus dans ses yeux. C’est tellement bête, tellement triste.
Pourtant, je pense aussi que c’est une attitude d’ado. Je le vois autour de moi et d’autres parents vivent la même chose sans que leurs enfants soient forcément malades. J’ai donc confiance que la situation se rétablira. Mais pour cela il faut que les parents jouent leur rôle et gagnent le respect, même si cela implique d’être dur avec l’enfant.

Pour le reste, elle s’ennuie beaucoup la journée. Elle suit des cours à la maison le matin et va se promener l’après midi. Mais rien de concret. Une amie lui a proposé de venir à un cours de soutien au lycée en fin de journée, mais elle ne veut plus y mettre les pieds. Pourtant, cela lui ferait beaucoup de bien car c’est isolement est catastrophique. Elle se coupe du monde et j’ai peur qu’à un moment donnée son attitude va également faire fuir ses amies.  Elle dit vouloir faire beaucoup de choses, mais finalement il n’y a rien de concret qui sort.

 

Pourquoi elle n’est pas guérie

mars 16th, 2010

..Elle prend un peu de poids. A passé la barrière des 50 kilos. Le médecin est content, et même si psychologiquement ce n’est pas génial, on avance.
Pendant les vacances elle a très bien mangé. Presque normalement, même si il fallait que je sois présent à tous ses repas, elle a réussi à se servir seule, à prendre des déserts.
Elle a peur de faire des crises de boulimie. Un jour elle a mangé une boite de chocolats. Elle n’a pas pu s’arrêter. Et après, elle a continué en se disant qu’elle allait vomir. Ce qu’elle a fait. Un autre jour elle a pris de la pâte à tartiner au chocolat blanc. Elle a réussi à s’arrêter au bout de 4 cuillères…. Qui ne craquerait pas pour ça? On a toutes des moments où on fini une tablette de chocolat, un paquet de chips…. Comme une amie m’a dit « le contraire ne serait pas normal »!
Mais ce sont des choses qui lui font très peur. Peur de ne pas pouvoir s’arrêter. Peur de ne pas pouvoir se contrôler. Heureusement elle en parle. Et ne se fait plus vomir.
Maintenant qu’elle est à la maison, elle est obligée de se faire les déjeuner toute seule. Et cela semble aller. Bizarre qu’elle y arrive quand elle est seule, alors que quand je suis là elle a besoin que je lui prépare le repas, que je lui prépare son assiette. Tellement contradictoire. Pourtant le médecin me demande de continuer à préparer les repas. Que cela la rassure.

Elle ne veut pas prendre de poids et me le répète sans cesse. Elle veut rester maigre, mais sait aussi qu’il faut qu’elle arrive à un poids acceptable. Il faut lui dire qu’elle est maigre. Lui répéter que ce n’est pas joli de voir que des os. Elle préfère entendre cela que d’entendre qu’elle est jolie.

Pendant les vacances elle pensait qu’elle allait rencontrer d’autres jeunes de son âge. Et ce n’est pas ce qui manquait! Mais elle n’a pas réussi à se faire des amis. Pas réussi à s’approcher des autres. Elle attendait que les autres viennent vers elle, mais malheureusement ce n’est pas comme ça que ça marche. Elle est très distante et son attitude ne donne pas envie de l’approcher. Même si c’est ce qu’elle veut plus que tout au monde. Elle a une image très négative d’elle même. Se sent inférieure, pas assez bien, pas assez belle, pas assez bien pour les autres. Mais l’image qu’elle donne est tout le contraire. Il faut que cette image de soi change. Mais comment? Et pourquoi elle se dévalorise à tel point?

Elle a également peur de prendre du poids car elle pense que les gens ne vont plus la considérer comme « malade ». Sa perte de poids est l’extériorisation de sa maladie. Cela permet de voir qu’elle ne va pas bien. Le fait de prendre du poids enlève cette image de « malade » et elle a peur qu’on pense qu’elle va bien, alors que ce n’est pas le cas.
Comme dans toutes ces maladies d’adolescents (anorexie, boulimie, tentatives de suicide, phobie scolaire ….) le comportement permet de montrer qu’elles crient au secours. Qu’elles ne vont pas bien. C’est la seule façon d’attirer l’attention. Elles « aimeraient » avoir une maladie physique qui se voit de l’extérieur. Mais comme il n’y en a pas, elles se la créent elles-mêmes.
C’est un peu difficile à expliquer, mais c’est la seule façon que je trouve pour expliquer ce mal-être.

 

Un mois de bilan

mars 5th, 2010

Cela fait plus de 3 semaines que ma fille ne parle plus avec son papa. Entre temps nous sommes allés en vacances à 3. Au soleil, pour se reposer, pour changer d’air. Cela a fait beaucoup de bien et on se rend compte à quel point on était au bout du rouleau avant ce départ.

Etonnant que la communication soit coupée entre ma fille et son père? Pas si on connait toute l’histoire. Mais sans aller dans les détails, mon mari a eu la maladresse avant notre départ de dire à ma fille que j’avais un amant. Il a donné un nom, raconté qu’il partait avec nous en vacances, etc…. (Malheureusement!) un grand mensonge qui a fait énormément de mal. A ma fille, à moi, et qui en plus a du faire le tour des meilleurs amis. Tout ça pour qu’il me dise au retour « qu’il s’est trompé » (la personne en question était avec lui pendant nos vacances), qu’il s’est fait un film et que tout le monde peut « péter un câble et faire des erreurs ».

Ce n’est pas moi qui suis touché par cette histoire. Moi, j’en ai rigolé, tellement que c’est absurde. Mais j’ai du en parler avec ma fille, et elle lui en veut. Elle ne fait pus confiance. Elle ne comprend pas pourquoi il lui a dit des choses pareilles. Pourquoi, sachant qu’elle est malade, il lui a fait mal a tel point? Pourquoi avoir raconté des mensonges? Ce sont des choses d’adultes, pas d’enfants. Même pas d’adolescents.

J’ai beau essayer de lui faire comprendre qu’il faut qu’elle lui parle. Elle Veut lui parler, mais elle attend que ce soit lui qui lui donne des explications. Qu’il arrive à comprendre le mal qu’il a fait. J’essaie de dire à son père qu’il faut lui parler. Mais il dit qu’il essaie, mais qu’elle continue à l’ignorer. Il ne comprend pas que ce n’est pas une adulte. Qu’il ne peut pas faire avec elle ce qu’il a fait avec moi. Qu’il ne peut pas rentrer en m’ignorant, en ignorant ma fille et en donnant que de l’attention à notre fils.
Personne n’est dupe. Pourquoi il ne joue pas son rôle de père. Pourquoi il ne la force pas à parler? Pourquoi il ne s’excuse pas tout simplement?
Ils s’entêtent tous les deux. Qui va craquer en premier? Qui va céder?
Mais la relation entre père et fille ce n’est pas ça. Il a de l’autorité. Il doit aussi s’imposer. Il n’a pas le droit de jouer à la victime, alors que c’est lui qui a crée cette situation.

Je n’ai probablement pas le droit de parler de ceci, du moins, pas des détails, car cela est trop personnel. Mais il faut que j’arrive à les comprendre. Et il ne faut pas oublier ce moment car il expliquera peut être beaucoup de choses plus tard.

Ma fille s’est évidement rapproché de moi à cause de cette histoire. Mais elle n’a toujours pas refait de « crise d’hystérie ». Et elle sait que je ne cède pas à tous ses caprices. Que je suis là pour elle, mais qu’elle ne peut pas me contrôler. Cela crée quelques frictions par moments, mais cela est normal et sain.
Elle se fâche quand je veux qu’elle parle avec son père, ou quand j’essaie de convaincre son père de lui parler. Me dit que ce n’est pas mon problème et qu’ils doivent le gérer à deux…. Je suis surprise par sa lucidité, par sa maturité. Mais je sais qu’elle en souffre beaucoup de cette coupure, de découvrir l’autre face de son papa.

C’est tellement dommage d’en arriver là. C’est tellement triste.

Pour ses études, elle a décidé de prendre des cours à domicile. Par un organisme, j’ai trouvé des professeurs dans toutes les matières qui viennent à la maison 13 heures par semaine. Elle est également en contact avec ses professeurs de lycée pour qu’on lui donne le programme à suivre. De cette façon, elle pourra faire les contrôles communs du troisième trimestre au lycée ainsi que le Bac Français. Rien ne garanti qu’elle pourra passer en terminale, mais au moins, elle a des occupations et elle retrouve un peu l’ambiance scolaire. Et même si elle redouble, elle aura une année
beaucoup plus tranquille l’année prochaine. Ce n’est certainement pas idéal de rester à la maison, mais  je préfère cela au bureau. Le bureau c’est bien pour une courte durée, mais j’ai trop peur qu’elle s’habitue à travailler et qu’il sera encore plus difficile de réintégrer le lycée. Et puis, elle a besoin d’être avec des gens de son âge et pas des adultes (ok, j’admets qu’à la maison il n’y a pas de jeunes… mais elle est obligée de se rapprocher de ses amies pour les voir et de trouver des occupations toute seule).
Les moments qu’elle a passés au bureau avec son père étaient précieux et je suis triste que la complicité qu’ils ont trouvée à ce moment ait été détruite par un bête mensonge.

Pour son poids, il s’améliore petit à petit. En moyenne 1 kilo par mois. Mais chaque gramme est un supplice. Chaque fois qu’on lui dit qu’elle a l’air mieux, elle déprime.
Chaque fois qu’on fait à manger, c’est compliqué. La maladie est encore là. Même si il n’y a plus de danger physique, le danger mental reste bien présent et doit être soigné.
Mais soyons honnête… on a fait d’énormes pas en avant depuis quelques mois. Et on sait que la guérison va être très longue.