Changement d’équipe

mai 31st, 2010

J’ai l’impression qu’on est revenu 6 mois en arrière… Malgré tout ce qu’on a fait, tout ce qu’on a vécu, on est presque de retour au point 0.
Après l’hospitalisation elle aurait dû être mieux suivi. Elle aurait dû être encadrée par une nutritionniste, une psychologue, une psychiatre compétente… Mais le médecin de Poissy qui a fait beaucoup de bien pour elle lors de son hospitalisation n’a pas estimé que cela était nécessaire. Et ne nous a pas donné les armes pour continuer la bataille.

On a donc repris les choses en main nous mêmes. Elle a vu une deuxième psychologue qui est spécialisée dans les TCA (anorexie et boulimie) et elle a de suite accrochée. En sortant du premier rendez-vous elle m’a dit que ces 10 minutes lui avaient fait plus de bien que les 4 mois avec sa psychiatre…. Qui est absolument nulle et incompétente à mes yeux!!
Donc, depuis la semaine dernière elle voit cette psychologue pendant 1 heure par semaine, la nutritionniste également pendant une heure. Et puis il reste la psychiatre pour les médicaments. Mais je pense que cela va également changer très rapidement car le Prozac me fait trop peur. Et puis, cette psychiatre ne l’aide pas du tout, ne répond pas à ses questions et est donc totalement inutile.

Les crises, elle continue à les faire régulièrement. Dès qu’elle n’a pas toute mon attention. Dès que je suis un peu fatigué. Dès qu’il y a un changement dans le programme.
Elle se coupe le poignet avec le rasoir, avec les dents, avec tout ce qu’elle a sous la main. Elle se tire les cheveux de la tête. Elle se roule parterre ou reste toute la journée dans son lit.
Elle m’épuise. Et même si c’est dur à dire, je suis soulagé quand elle passe un peu de temps ailleurs. Quand elle va chez son papa pour le weekend.  C’est le seul moment où j’arrive à soulager un peu ce poids qui me pèse sur le cœur.

 

J’en dévient complètement asociale. Je n’ai pas envie de sortir, pas envie de voir du monde, pas envie de recevoir trop de monde. Chaque fois qu’il y a des gens de l’extérieur avec nous, cela se passe mal. Que se soit la famille ou les amis. Je n’arrive pas à me concentrer sur les autres quand elle est dans le coin. Elle me demande toute l’attention et il est impossible de donner mon attention à autre chose que ma fille, mon fils et le quotidien.

Vendredi elle a fait deux crises de boulimie. Une le matin, une le soir; Elle a mangé tout ce qu’elle avait sous la main. Et vomi tout ce qu’il y avait dans son ventre.
Elle ne faisait pratiquement pas cela auparavant. Maintenant cela arrive de plus en plus souvent. Il parait que c’est normal. Que dans cette maladie on passe souvent de l’anorexie à la boulimie. Car à force de se priver, il y a des moments où tous les boulons sautent. Et qu’elle ne contrôle plus rien. Après c’est pire. Car elle s’en veut d’avoir été aussi faible. De ne pas avoir réussi à se contrôler. Et elle se prive encore plus. C’est un cercle vicieux….

Le poids ne change pas. Toujours en dessous des 50 kilos. Toujours trop maigre. Mais je suis moins inquiète sur sa nourriture car elle mange sainement. Peu mais bien.

Avec son papa les choses se passent bien. Entre nous aussi. On est beaucoup plus calme et on se parle plusieurs fois par jour par téléphone. C’est plus serein et c’est mieux pour tout le monde. Les chemises ne viennent plus à la maison pour le nettoyage donc même ça s’est résolu sans que j’en parle… Les choses se mettent en place petit à petit.
Demain soir ma fille va passer la soirée chez lui. Et le weekend prochain elle devrait y aller avec une amie. Je vais souffler un peu.
Et mon fils: il va très bien. Prend beaucoup d’assurance. A grandi de 15 cm en 1 an et devient un vrai petit homme. Et il est content de ne pas avoir d’obligation d’aller voir son papa. Du coup, il est heureux quand il y va….comme quoi….

Bonjour Tristesse …

mai 12th, 2010

Triste… tellement triste…. Voilà comment se sent ma fille.
Elle ne veut plus vivre. Elle vit juste pour ne pas faire du mal aux autres. A moi, à son frère. C’est pour nous qu’elle dit tenir le coup. Mais c’est tellement difficile.
Elle est dans un tunnel et tout est noir. Elle ne voit pas la fin. Et même si on dit qu’à la fin du tunnel il y a une sortie, elle répond « pas toujours. Parfois, le tunnel peut s’écrouler ».

Elle a un poids qui pèse sur sa tête, sur ses épaules. Un poids écrasant. Ca lui fait mal à la tête. Elle voudrait en finir avec ce mal. Et quand elle est « en crise », je sais qu’elle en est capable.

On a eu les couteaux. Pendant les dernières vacances à Cannes, c’était le rasoir sur les poignets. C’est superficiel, mais à chaque fois il y a un peu plus de sang…. Je reste froide dans ces circonstances. Parfois, je lui redonne le couteau, ou le rasoir. Et disant qu’elle a qu’à continuer. Que c’est trop difficile pour moi de regarder ce qu’elle se fait. Alors, elle arrête. Elle pleure, mais elle arrête de se faire mal.

Dimanche dernier, elle a passé sa journée à pleurer. Toute la journée, sans arrêt.
Lundi elle avait un contrôle commun de physique au lycée. Elle a rendu copie blanche….
Ce qui veut dire qu’elle redoublera car elle n’a qu’une seule chance par matière. Tant pis. On savait que la probabilité de redoublement était très grande. Et tellement peu important par rapport au reste.

Elle a des jours où ça va bien. Presque trop bien. Elle est souriante, euphorique. Mais on ne sait jamais quand. Et ça peut changer d’un moment à l’autre.

Nous avons vu une nouvelle psychologue aujourd’hui. Avec qui elle peut avoir un échange. Car la psychiatre ne me semble pas suffisant. Elle ne la voit qu’une demi-heure par semaine et il n’y a aucun échange. Ma fille a besoin qu’on lui parle, qu’on lui donne des conseils, qu’on l’aide tout simplement.
Elle doit réfléchir pour savoir si elle veut revoir cette nouvelle psy. On voit la psychiatre cet après midi et on en parle avec elle également.
Et puis, je veux qu’elle arrête le Prozac. J’entends trop de catastrophes autour de ce médicament. Et ma fille ne semble absolument pas bien réagir à cet antidépresseur.
J’espère que j’arriverai à en parler avec la psy sans qu’elle se vexe! Mais finalement c’est moi qui vois les crises de ma fille. C’est moi qui vois de quoi elle est capable. Et c’est moi qui angoisse à chaque fois que je la laisse seule… en me disant qu’elle ne sera plus là à mon retour.
Donc, les psys, il faudrait quand même qu’ils écoutent un jour.

Nous partons à Bruxelles ce soir. On est contents. Et elle aussi. J’espère que ce sera un weekend où elle ira bien.  Personne ne saura ou ne verra ce que je viens d’écrire. J’espère.