Enchaînement de rendez-vous

juin 24th, 2010

Lundi 21 juin :

Elle passe son Bac écrit de Français. Ca s’est bien passé et elle est resté les 4 heures. Rassurée car elle connaissait le sujet. Pour le résultat, on verra. Mais ça ne peut pas être catastrophique.
Déprimé l’après midi car ses amies ne lui ont pas demandé comment son bac s’était passé. Trop occupées par leurs propres affaires. Elle se sent rejetée.

Mardi 22 juin :

Crise très importante le soir. Provoqué par le fait qu’elle a vu que j’allais préparer des asperges pour le diner.
Impossible de la calmer pendant plusieurs heures.
Elle fini par manger. Mais revient en pleurs à minuit.

Mercredi 23 juin :

Rendez-vous psychologue. En pleurs. Crise dans la voiture en y allant. Hospitalisation indispensable selon psychologue. Objection de ma fille. Changement de traitement antidepresseur necessaire rapidement. Faut également rapidement trouver un psychiatre compétent.
Elle part plus calme. Refuse l’hôpital.

 

L’après midi : rendez-vous avec la psychiatre qui ne comprend rien. Mais on obtient le changement de médicaments. Elle a arrêté le Prozac depuis quelques jours et on sent que les crises s’enchaînent. Maintenant un autre antidépresseur combiné avec des anxiolytiques. Je pense que c’est le dernier rdv avec cette psychiatre qui est à milles lieux de comprendre cette maladie.
J’ai téléphoné à pleins de psychiatres sur paris. Ma fille a même rappelé sa première psy, Delphine. Aucun retour. Tous sont surbookés….
Elle a bien travaillé sur son Français toute la journée. Bien avancé et moins stressée.

Jeudi 24 juin :

J’ai eu les coordonnées d’un psychiatre à la clinique de Garches. Clinique psychiatrique. Le médecin part en vacances mais me donne les coordonnées d’un confrère au même endroit. J’attends son appel.
Cet après midi rendez-vous à l’hopital de Poissy avec son médecin.
Elle très peur car elle sait qu’il veut l’hospitaliser. Mais elle doit passer son bac oral le 30 et ne veut pas le rater.
Elle a bien dormi cette nuit. L’anxiolytique l’a calmé. Elle est tranquille.

Une crise d’anorexie. Les pleurs. Le désespoir

juin 21st, 2010

Une crise d’anorexie – c’est bien plus que des pleurs.

C’est l’expression d’un désespoir profond qui ne peut sortir qu’avec des hurlements, des pleurs et qui souvent mène à l’automutilation.  C’est difficile à entendre, difficile à comprendre. mais il est important de savoir ce que c’est vraiment….

Les crises de boulimie s’enchaînent

juin 7th, 2010

C’était plus que prévisible : la boulimie après l’anorexie. Ou plutôt : les deux ensemble. Voilà où on en est aujourd’hui.
Elle se prive pendant quelques jours. Et puis, elle se jette sur la nourriture pour combler le manque. Suivi des vomissements et de la honte. De la peur. Du désespoir.
Ces crises surviennent uniquement quand elle est seule. Pas quand je suis là. Maintenant, elle m’appelle pour me dire ce qu’il s’est passé. Pour pleurer et se faire consoler.

Son coeur lui fait mal. Il pleure. Elle est malheureuse.

 

Vendredi soir, elle et son frère étaient prêts pour aller chez leur papa. Mais au dernier moment elle a craqué. Trop peur d’aller chez son père. Trop peur d’être avec lui. Trop peur qu’il n’arrive pas à gérer les repas. Elle culpabilise de se sentir comme ça. Elle veut passer du temps avec son frère et son papa, mais elle n’arrive pas à y aller. Il y a trop de tensions quand ils sont tous les 3. Pourtant, leur papa fait tout pour que ce se passe bien. Il avait acheté des sushis car il sait qu’elle mange cela. Il accueille une amie à elle samedi soir. Mais elle ne veut pas. Elle veut manger avec moi. Se calmer.
Nous décidons qu’elle reste à la maison jusqu’au samedi matin. Elle se calme. Mais reste ce sentiment de culpabilité de priver son frère d’une soirée avec son père. Mais son frère est content…. Nous lui expliquons que ce n’est pas à elle de gérer la relation entre son frère et son père. Que son frère est assez grand pour savoir ce qu’il veut (faire du vélo avec ses copains, de préférence tous le weekend, jour et nuit!). Si il veut aller chez son papa, il le dit.  Mais elle se sent responsable.

Finalement ma soirée tranquille de vendredi soir se transforme en soirée de Rumikub et conversations avec ma fille…. Sympa mais j’avais prévue de passer la soirée toute seule.
Samedi je l’emmène chez l’ostéopathe car elle a toujours mal au dos. Son papa nous rejoint au cabinet et récupère les deux enfants pour le déjeuner.
Ensuite, mon fils revient à la maison et ma fille passe l’après midi avec son papa. Le soir, son amie la rejoint et elles passent une soirée au restaurant à deux + sortie dans une boite de nuit (le Queen…) à Paris.  J’en suis pas ravie car j’estime que ce n’est pas trop de leur âge, mais son papa a prévue le propriétaire pour qu’elles soient accueillies et surveillées.  Elles ont passé une soirée mémorable!!

Le lendemain, journée avec son papa. Mais quand je la récupère en fin de journée, c’est de nouveau une fille déprimée qui arrive à la maison.

 

lle recommence à pleurer. Se dit malheureuse. Elle n’en peut plus. A l’impression de ne plus savoir qui elle est. Dit qu’elle ne comprend pas son papa. Et qu’il ne la comprend pas. Que tout est embrouillé dans son tête. Qu’elle se pose mille questions et qu’elle ne s’en sort pas. Elle ne se sent pas « chez elle » quand elle est chez lui.
Pendant une heure, elle pleure, elle se tord dans tous les sens.
Et puis, elle se calme… jusqu’au moment du repas.
J’ai préparé des pâtes. Je sais que ça va être difficile, mais il faut qu’elle mange des féculents.  En voyant son assiette, elle recommence à pleurer. Elle dit de suite qu’elle ne peut pas manger ça. Je lui donne de la soupe aux asperges, mais demande de manger quelques pâtes. Elle est désespéré et se rend compte qu’il faut marche arrière.
Elle a peur de grossir en mangeant ça et a besoin d’entendre que cela ne la fera pas grossir. Je la rassure et lui dit que cela lui permet uniquement de donner à son corps ce sont elle a besoin.
Finalement, elle mange les pâtes. Et est redevenue calme. Après le repas, je fais un jeu de société avec elle pour l’occuper.

Pour les médicaments, on réduit le Prozac à un demi comprimé par jour. Et elle peut prendre un anxiolytique au moment des angoisses. J’ai très peur de ce changement, mais je pense qu’elle doit changer d’antidépresseur. Et pour cela, il faut arrêter le Prozac d’abord.

Ma maman m’a donné une piste au niveau purement hormonal. Il a été prouvé que l’anorexie a une base endocrinologique et que le traitement avec un supplément d’hormones pourrait être bénéfique. Le taux de cortisol dans le sang d’une personne souffrant d’anorexie est plus élevé que la normale. Ce niveau élevé est du à la restriction alimentaire, le niveau excessif d’exercice physique, la purge (vomissements) et l’automutilation. Il semblerait que ces comportements peuvent être une façon de compenser un problème endocrinologique caché : l’insuffisance corticosurrénale (andreocortical) qui inclus une déficience de cortisol.
Bon, c’est un langage assez technique et il faut continuer les recherches. Je vais vérifier les prises de sang faites afin de voir si ce taux de cortisol a été vérifié. Mais comme elle a été vu par une endocrinologue l’année dernière, je suppose (!) que cela a été fait.

 

Une soirée ordinaire

juin 1st, 2010

Hier soir je suis rentrée vers 19 heures.
Ma fille était allongé dans le fauteuil devant la télévision.  Généralement elle est contente de me voir et elle raconte sa journée. Mais là, comme cela arrive plusieurs fois par semaine, elle est renfermée. Je sais que quelque chose s’est passé mais je n’ai pas le courage de l’aborder immédiatement. Je prends d’abord le temps de voir aussi mon fils. De prendre un verre de vin. Et de me préparer mentalement à une soirée qui, je sens,  va encore être difficile.

Je vais la voir et lui demande comment elle va. Elle bouge un peu la tête mais on voit que ça ne va pas. Je lui demande si elle a fait une crise de boulimie. Elle me dit que oui. Au goûter. Elle a commencé à manger un petit pain au raisins, et ensuite elle ne pouvait plus arrêter. Mais elle ne veut pas me dire ce qu’elle a mangé. C’est trop difficile d’en parler. Elle a trop honte.
Elle me demande de la laisser toute seule. Je quitte le salon et je vais préparer le diner : tarte aux tomates et salade verte avec parmesan. Je sais que cela ne lui conviendra pas. Mais je sais aussi que rien ne lui conviendra ce soir….

J’appelle les enfants pour diner. Elle entre dans la cuisine. Regarde son assiette. Dit non avec la tête. Enlève la tarte de son assiette. Et finalement elle remonte dans sa chambre. Sans rien dire, sans rien manger.
Je la laisse partir et je mange avec son frère. Il commence à avoir l’habitude de ce type de réactions. On discute donc tranquillement à deux. Après le repas j’entends ma fille pleurer dans sa chambre. Des pleurs forts, on sent sa souffrance, sa douleur.
Je vais la voir. Elle ne me repousse pas. Mais elle continue à pleurer. A dire qu’elle n’en peut plus. Qu’elle a tellement honte. Qu’elle a tellement mal.

 

Je la sert dans les bras et je me revois 16 ans en arrière.
Quand elle était bébé, elle pleurait souvent les premières semaines. Je passais des nuits à côté de son berceau pour la calmer en lui caressant le dos, en lui parlant doucement. Elle avait faim, elle avait mal au ventre. L’allaitement était difficile.
J’étais fatigué. Je ne voulais qu’une seule chose : qu’elle s’endorme Pour que je puisse dormir.
Aujourd’hui j’ai ce même sentiment, cette même envie. Faire de sorte qu’elle arrête de pleurer, qu’elle arrête d’avoir mal.

Finalement, elle se calme. Je lui demande de me parler de sa crise de boulimie. Lui explique que j’ai besoin de savoir afin de pouvoir l’aider. De pouvoir prévoir.

Elle me montre la feuille sur laquelle elle note tout ce qu’elle mange. C’est la nutritionniste qui lui a demandé de le faire. Effectivement, elle a mangé de la pâte à tartiner, des biscuits, des biscottes…. Énormément à ses yeux,  mais franchement, pour quelqu’un de « normal » cela n’est pas vraiment exceptionnel. Elle n’a mangé que des choses qu’elle aime. Pas n’importe quoi, comme cela peut être le cas dans les crises de boulimie.
Je lui ai donc dit que j’enlèverais ces aliments pour qu’elle ne soit pas tentée. Je l’ai fait de suite et cela l’a rassuré.
Ensuite je lui ai préparé son repas : filets de poulet, salade verte, yaourt.
Trop peu. Beaucoup trop peu. Mais au moins, elle reste en vie avec ça.

Elle ne veux pas se coucher tôt. Donc elle reste avec moi toute la soirée. Et honnêtement, je n’ai qu’une envie : c’est d’être seule à la fin de la journée.

 

Aujourd’hui, elle a quelques cours particuliers à la maison. Mais comme il y a un trou entre 10 et 14 heures, je lui ai demandé d’aller au centre commercial pour aller chercher quelques affaires dont j’ai besoin.
Jusqu’à maintenant j’ai évité de lui demander ce type de choses car j’estime que ce n’est pas à elle e faire des courses etc.
Mais finalement, elle a presque 17 ans, elle ne va pas à l’école, elle s’ennuie et  elle ne veut rien faire pour elle . Malgré toutes les idées que je lui donne (l’auto-école, cours d’examen d’anglais, cours de cuisine, expositions d’art ….), rien ne l’intéresse.
Par contre, faire les courses et m’aider ne la dérange pas. Donc, je vais l’occuper comme ça pendant quelque temps pour voir ce que ça donne.

Voilà une soirée comme je les vis 3 fois par semaine en moyenne. C’est épuisant et je n’ai honte de le dire.
Ce soir elle sera probablement très bien.

Et maintenant, je vais appeler son médecin pour lui faire part de toutes ses évolutions et lui demander si il n’existe pas des groupe de paroles pour les patientes comme elle dans notre coin. Comme les Weight Watchers ou les AA …