Sortie de l’enfer

novembre 18th, 2011

On a tendance à arrêter l’écriture une fois que les choses vont mieux.

J’ai résumé les derniers mois avec les mots suivants :

Elle ose beaucoup plus. Demander des choses, râler sur son frère, me contredire.
Je dois compenser l’absence et les manquements de son autorité de père. Je suis resté trop longtemps parce que souvent je vois les enfants souffrir de ses paroles, de ses maladresses, de ses absences et je sais que je ne peux rien changer. Il reste leur père mais je dois les protéger.
Je suis resté trop longtemps car j’ai pris un engagement et fait une promesse. Je suis fidèle et ne comprends pas qu’il ne soit pas pareil. J’ai rêvé d’un mari père ou d’un mari amant. D’un vrai père pour mes enfants. Le fait qu’il ne soit ni l’un ni l’autre m’empêche de l’aimer. Je lui en veut de ne pas être le père ni l’amant. Aucun des deux. Alors qu’il suffisait que de l’un ou l’autre.

Certes, il assure financièrement comme père et comme mari. Mais c’est tout…. mais c’est peut être plus que beaucoup d’autres feraient?
J’ai pu quitter un fiancé a 30 ans mais ce n’était pas le père de mes enfants. Ni mon mari. En 2001 mon rêve de famille s’est effondré. Mon cœur brisé. Depuis je tente de réparer les morceaux. Mais ce n’est pas possible.
En novembre 2009 je décide qu’il doit quitter ma maison. En avril 2010 il part. Et laisse que des morceaux. Une fille malade, un fils qui ne veut plus voir son père et en manque de confiance et une femme en compote. On gère on tente de garder la tête au-dessus de l’eau. On se bat jour et nuit. Les relations avec lui sont meilleures mais il reste loin sans trop s’impliquer. Il vit sa vie. Nous vivons l’enfer. Mais on est ensemble.
J’ai souvent pensée que j’allais la perdre. Ou qu’elle allait rester sans vie pour le restant de ses jours. Mais en juin 2011, 2 ans après, il y a un changement. D’abord doucement, presque imperceptible…. Et puis les choses s’accélèrent.
Jusqu’à ce jour en octobre 2011 ou nous sommes toutes les deux au marché.
Le marchand de fromage nous fait goûter un fromage hollandais. Elle prend le morceau de fromage et le goûte. Sans rien dire, sans refuser, sans grimasse. Un geste banal pour n’importe qui mais pas pour elle. Et là je me dit que c’est le début de la fin. Elle est sauvée et elle va s’en sortir. Je fonds en larmes. Elle aussi. Car elle a compris pourquoi.
Je suis heureuse et pourtant tout se relâche en moi. Je suis épuisée , fatiguée. Heureuse qu’enfin on va tous pouvoir vivre notre vie. Son frère, sa maman et surtout elle même.
J’ai encore besoin d’aide. Plus que jamais. Car j’ai arrêté de vivre il y a deux ans et je me réveille avec une fille devenue adulte. Un fils adolescent. Sans mari et finalement sans amis hormis les vrais amis et la famille. Ceux que je peux compter sur les doigts des 2 mains. Et une vie a reconstruire a 50 ans. ..

Pourquoi ça va mieux

novembre 18th, 2011

Jamais je pense que nous aurons une réponse à cette question.

Elle-même explique qu’en juin 2011 elle a dû préparer son bac. Elle avait deux choix : soit penser au travail, soit penser à la nourriture. Elle savait qu’avec le deuxième choix elle ne s’en sortirai pas. Qu’elle n’aurait pas l’énergie nécessaire pour préparer les examens, effectuer les interviews pour les écoles de commerce.
Elle a commencer à se concentrer sur le travail. A travailler dur, tout le temps.
ET puis, elle a eu son bac, elle a été accepté dans les écoles où elle a postulé et elle a commencer à vivre. petit à petit, tellement lentement que cela était à peine perceptible.
Le poids ne changeait pas. Mais son était psychologue s’est amélioré de façon spectaculaire.
On n’est pas vraiment partis en vacances. Juste un weekend au Maroc pour les 50 ans de son père et puis une semaine aux pays bas. Des choses simples.
Ensuite, il y a eu la rentrée à Dauphine. Beaucoup de stress, mais également beaucoup d’envie de commencer cette nouvelle vie. Depuis ce jour là, elle sort, elle voit des amies, elle s’intéresse aux garçons, à la nourriture…. a la vie.
On a l’impression que le cauchemar est fini. Elle continue à voir son équipe médicale. Certes un peu moins souvent qu’avant, mais régulièrement quand même.
Elle prend un peu de poids, a perdu ce visage tellement reconnaissable des anorexiques. Son corps devient plus féminin et elle n’a plus l’air « d’une autruche sur échasses », expression que je lui disait affectueusement de temps en temps pour lui faire prendre conscience de sa maigreur.