Hôpital du jour

janvier 28th, 2010

Mon mari vient de m’appeler pour me dire qu’il a eu notre fille qui est de retour à la maison.
L’entretien à l’hôpital de jour s’est mal passé. Elle n’a pas aimé et ne veut pas y retourner. Il me dit que demain il l’emmène au bureau et que lundi elle retourne à l’hôpital.
A lui de voir. A lui de décider. Je laisse faire. Je lâche. A lui de prendre le relais.

 

Trop, c’est trop

janvier 27th, 2010

Hier matin ma fille est venu dans mon bureau car je travaillais à la maison. Nous avons parlé. Tout allait bien depuis samedi dernier.
Lorsque je lui ai demandé de faire une liste des possibilités qui s’offrent à elle pour s’occuper la journée (hôpital, lycée mi temps, CNED, cours particuliers, hôpital du jour, cours de langues …. nous avons déjà cherché pas mal de choses!) elle s’est recroquevillée sur le sol et a commencé à pleurer. « Tu ne comprends pas, je ne sais pas, je ne peux pas…. ».
Je lui ai répondu qu’il est quand même important de faire des choix car elle ne peut pas rester seule à la maison pendant toute la semaine. Cela ne va pas la guérir et plutôt l’enfoncer encore davantage dans la dépression.

Elle est allée dans sa chambre. La crise a commencé et les hurlements se sont vite transformés en hystérie.

La semaine dernière nous avons été voir le médecin à l’hôpital de Poissy. Je lui ai longuement décrit ces crises car je pense qu’ils ne les prennent pas assez au sérieux.
On en a parlé avec notre fille et le médecin m’a dit  de ne pas réagir à ses crises. De la laisser dans sa chambre, même si elle lance tous types de menaces.
Elle ne comprend pas pourquoi il dit ça car à ces moments elle a justement besoin de moi. Et que si je ne réagis pas, elle dit qu’elle veut mourir et se faire du mal. Il lui a demandé ce qu’elle faisait dans ces moments. Elle lui répond qu’elle veut se couper, se cogner la tête contre les murs. Mourir…
Il lui répond que ce n’est pas comme ça qu’on se suicide. Que sa réaction est plutôt celle de quelqu’un qui veut vivre. Qui veut se faire du mal pour se sentir vivre….
Que c’est une façon malsaine de me faire passer des messages et qu’elle n’a pas le droit de se mettre dans cet état.  De nous imposer ça.
Il lui demande d’apprendre à se maîtriser. A essayer de parler avant la crise.

J’ai donc tenté de suivre son conseil en la laissant pleurer dans sa chambre hier.
Les hurlements sont devenus de plus en plus forts. Jusqu’au moment où je n’étends plus rien. Je monte pour voir. Elle essaie de retenir sa respiration pour s’étouffer. Quand j’arrive elle recommence à hurler et à se taper la tête contre les murs.
Ensuite elle descend dans la cuisine. Prend un couteau. Commence à se couper le haut du poignet. « Aie aie aie ». Elle pleure, crie.

« C’est à cause de toi. Tu ne comprends pas. Je veux mourir à cause de toi, pour toi. Tu comprendras quand je serais morte.  »
« Aides moi!! Parles moi!!! Dis quelque chose! ».
« Je veux me faire du mal. Je veux te faire du mal. Laisses moi. Aides moi. Je ne veux plus te voir. Je me coupe. Regarde. Tu veux que je parte. Tu veux que je meure. Je me fais du mal à cause de toi ».
Je lui donne une claque dans le visage. Mais elle continue. Je reste ferme. Lui dit qu’il m’est impossible de réagir à sa colère. Impossible de savoir ce qu’il faut faire.

Ensuite, après 2 heures, elle se calme. Les blessures sont légères. Je lui ai enlevé le couteau à chaque fois qu’elle l’avait dans les mains. Elle m’a regardé comme si elle voulait me tuer.
Ses yeux son hagards. Quand je l’approche elle me lance : « dégages. Ne me parle pas. Ne me touche pas. ».

Je la laisse seule. Vais chercher son frère à l’école. Prépare le déjeuner. Elle vient dans la cuisine pour chercher son assiette et repart dans sa chambre.
L’après midi on a rendez-vous avec la psy. Elle vient mais ne m’adresse pas la parole. Quand je parle, elle met les mains sur ses oreilles.

Elle veut me dominer. Me contrôler. Me dire des choses qu’elle ne peut pas me dire. Elle est furieuse car je n’ai pas cédé. Parce que je ne l’ai pas prise dans mes bras pour la consoler.
Mais il faut passer par là.

Elle dit au médecin que je dois la laisser parler, s’exprimer. Que je parle pour elle. Mais d’un autre côté elle est incapable de faire ou dire les choses.
Il n’y a que les reproches. Des psychiatres, de ma fille, de mon mari. Je détruis tout le monde autour de moi.

Ce matin j’ai quitté la maison en la laissant seule. Je ne suis pas allé la voir. Je ne suis pas resté. Je ne pouvais pas.
Elle avait rendez-vous à 11 heures à l’hôpital du jour de Sèvres pour un entretien avec le psychiatre qu’on a vu mardi dernier.
Je ne savais pas si elle allait y aller. Je les ai appelés pour les avertir de son état. Ils m’ont rappelé une heure après pour dire qu’elle avait téléphoné pour leur dire qu’elle aurait du retard mais qu’elle était en route….
Depuis, pas de nouvelles.

J’ai également téléphoné au médecin de Poissy. Il m’a dit qu’il n’est pas magicien. Qu’elle peut venir à l’hôpital quand elle veut ou qu’il faut l’emmener aux urgences si la crise est trop forte.

C’est des beaux discours…. Mais comment emmener une fille hystérique qui a une force surhumaine dans ces moments là?

Son papa? Absent. Trop de travail. Trop de soucis. Trop préoccupé par l’état de sa fille.
Mais globalement totalement absent. Pour elle, pour mon fils, pour moi.
La séparation devrait se faire dans les prochaines semaines. Il est d’accord de prendre un appartement mais veut revenir à la maison 1 weekend sur deux…. Pendant lequel je peux aller ailleurs. C’est inacceptable. Cela ne changera rien à la vie d’aujourd’hui. Il n’est jamais là pendant la semaine, et un weekend sur deux il est à la chasse ou ailleurs. Ni moi, ni les enfants ne pourront vivre avec cette décision « partielle ».

Ma fille écrit que son père lui manque. Qu’elle a besoin de lui. Qu’elle pense qu’il travaille trop parce que les affaires iraient mal. Elle se fait tout un cinéma qui est loin de la réalité.
Elle a peur qu’on vende la maison. Ne veut pas vivre ailleurs.
J’en fait pars à mon mari. Mais en retour, je n’ai que des reproches.

Je suis fatigué. Exténué. Je sais qu’il faut une coupure nette entre moi et ma fille. Je pourrais partir. La laisser avec son père. Pour qu’il prenne le relais.
Mais il y a mon fils. Je ne peux pas l’abandonner.

Je baisse les bras. J’abandonne.

 

Phobie scolaire

janvier 21st, 2010

En cherchant des solutions pour ma fille, je suis tombé sur un autre symptôme qui pourrait également être liée à sa volonté de quitter le lycée.
Depuis des mois, elle dit être incapable de suivre les cours, d’aller en classe alors que ses capacités scolaires sont extraordinaires. Ce n’est qu’une des nombreuses pistes, mais tous les moyens sont bons pour trouver l’origine de son mal-être.

Accueil en milieu scolaire de jeunes présentant une phobie scolaire

Les établissements scolaires sont confrontés de plus en plus souvent à des adolescents présentant des phobies scolaires. On ne peut affirmer qu’il s’agit là d’une augmentation de la prévalence de cette pathologie chez les adolescents ou préadolescents ou si cette problématique est mieux connue ou reconnue.
La prise en charge de ces situations est toujours très fragile et il nous a donc semblé nécessaire de confronter des regards différents mais complémentaires d’où la mise en place d’un groupe de travail Éducation nationale – pédopsychiatrie. Les enseignants constatent qu’une reprise de la scolarité ne peut se faire qu’accompagnée d’une prise en charge médicopsychologique. Le pédopsychiatre souhaite une réinsertion en milieu scolaire qui pourrait aider l’adolescent à se reconstruire parallèlement aux soins engagés.

Une cohésion du pôle pédagogique et de l’approche thérapeutique est indispensable pour étayer ces jeunes en difficultés.

Qu’est-ce que les phobies scolaires ?

Les enfants ou adolescents phobiques scolaires sont des enfants qui pour des raisons psychologiques refusent (ou plutôt sont dans l’impossibilité) d’aller à l’école malgré leur volonté d’y aller, et résistent avec des réactions d’anxiété très vives voire de panique quand on essaie de les y forcer. Les phobies scolaires sont donc à distinguer du désintérêt scolaire ou de l’école buissonnière. L’intérêt, le goût et les performances pour les apprentissages sont en effet maintenus, mais l’adolescent met souvent en avant des rationalisations pour ne pas aller au collège (mauvaise ambiance de la classe, mal des transports…). Les manifestations somatiques peuvent être au premier plan (nausées, vertiges, céphalées…), mais l’adolescent retrouve le calme dès la soustraction à l’obligation scolaire pendant les jours de repos ou les vacances. Peuvent parfois être associées d’autres manifestations psychologiques ou comportementales : troubles d’allure dépressive ou caractérielle, autres troubles phobiques, manifestations obsessionnelles, l’ensemble de ces manifestations pouvant être intriquées. La phobie scolaire correspond souvent à une anxiété massive de séparation, les difficultés de l’adolescent se situant autant dans sa crainte d’aller au collège que de quitter sa maison et sa famille. L’essentiel de la prise en charge psychologique s’articule autour de la reconnaissance et de l’élaboration de cette angoisse de séparation.

Intégration en milieu scolaire

Devant des situations d’absentéisme scolaire, pouvoir évoquer la phobie scolaire : la phobie scolaire constitue une des causes d’absentéisme scolaire. Causes qui sont par ailleurs multiples, notamment dans la tranche d’âge préadolescent-adolescent : contexte socio familial, échec scolaire, errance et conduites à risque… C’est la dimension anxieuse qui doit alerter et faire évoquer une problématique de phobie scolaire

Mettre en place des soins :
Le suivi psychiatrique est indispensable. Il vise bien entendu à améliorer la situation personnelle de l’adolescent.

Rédiger un Projet d’intégration :
Il contractualise les modalités de prise en charge psychiatrique, les conditions d’accueil dans l’établissement, l’engagement de l’élève pour des objectifs acceptés par tous : le service de soins, le chef d’établissement, le professeur principal, le médecin scolaire, l’infirmière scolaire, l’élève.

L’implication des personnels de Santé de l’Éducation nationale :
Le médecin scolaire garde un contact étroit avec le service de soins ou le médecin psychiatre qui suit l’enfant. L’infirmière scolaire plus présente dans l’établissement établit une coordination forte de tous les personnels concernés dans l’établissement ainsi qu’avec les soignants pour assurer le suivi au quotidien (un carnet de suivi pourrait être imaginé au cas par cas).

Une évaluation régulière et rapprochée :
Elle peut éventuellement se faire à minima si la situation est plutôt favorable, mais un bilan très régulier 2 fois par trimestre, un point sur la situation est fortement souhaitable. Elle permet de recadrer et réajuster le projet initial

Conserver pragmatisme et souplesse :
Il faut rappeler les difficultés importantes rencontrées dans ces problématiques pour que ces adolescents puissent réintégrer un circuit ordinaire. Avec l’aide du pédopsychiatre, il est toujours possible de réfléchir et de réadapter la prise en charge globale qui avait été prévue. Il est également possible de conjuguer les interventions conjointes ou successives des différents modes de scolarisation possible (établissement, SAPAD, CNED). La condition obligatoire est de s’inscrire dans un projet construit et non pas dans des réponses ponctuelles au coup par coup

Les périodes de déscolarisation :

Le SAPAD
Pour répondre au nombre croissant de demandes concernant cette pathologie, le SAPAD a mis en place un « contrat pédagogique d’intégration », outil efficace si le projet pédagogique est inclus dans le projet thérapeutique et s’il est accompagné de certaines conditions.

Le CNED
La décision d’instruire hors établissement est toujours très difficile. Cependant si cette solution est retenue, il faut garder un regard extrêmement attentif sur la globalité de la prise en charge. Un contact entre le CNED par l’intermédiaire du médecin conseiller technique est à prévoir. La rédaction d’un PEI pourrait être proposée

 

Couper le cordon

janvier 19th, 2010

Il faut couper le cordon. Elle est trop attachée à moi. Trop dépendante. Elle me déteste, elle m’aime, elle ne sait plus comment faire pour prendre sa liberté.
J’ai lu dans ses lignes que je ne la comprends pas. Qu’elle veut mourir. Que c’est à cause de moi qu’elle est dans cet état.

Je ne sais plus quoi faire. Je suis perdue. Je suis la seule à s’occuper d’elle, à chercher des solutions, des médecins, un hôpital du jour, des psychologues, des formations. Mais tout ca va se retourner contre moi. Tout ça est inutile. Elle me reproche de ne pas la comprendre, de ne pas savoir lire ses crises, ses hurlements. Ne pas comprendre ce qu’elle veut que je comprenne. Mais comment comprendre? Comment se mettre dans la peau d’une ado malade. En dépression.

Il faudrait probablement l’hospitaliser sans que je puisse la voir. Sans qu’elle puisse avoir le moindre contact avec moi. Je comprends aujourd’hui l’importance de cet isolement. De cette coupure qu’on exige avec la famille. Il a fallu parcourir un long chemin pour y arriver.
Peut être que la lecture de son cahier m’a aidé. Elle ne veut pas que je le lise. Mais en même temps, elle le laisse dans sa chambre pour que je lise. Elle l’emmène chez la psy pour lui lire des passages. Pourquoi alors les psys ne me disent pas quoi faire? Me font sentir que c’est moi la cause de ses problèmes. Alors que c’est moi qui veut une solution. Qui les harcèle. J’appelle l’hôpital presque tous les jours. Pour proposer des médecins, des institutions, des cliniques d’accueil pour jeunes.
Hier soir, le médecin m’a dit que c’était à lui de s’en occuper.
Oui, mais je dois attendre. Je ne veux pas attendre. Je veux qu’on la prenne en charge de suite. Qu’on la soigne. Qu’on l’éloigne de moi si cela peut être une solution. Je suis prête à tout abandonner pour qu’elle guérisse. Pour qu’elle vive au moins un bout d’adolescence comme moi je l’ai vécu. Pour qu’elle profite de la vie comme moi j’en ai profité. Pour qu’elle connaisse des chagrins d’amour, qui vous font vivre. Qui vous font souffrir mais qui font qu’on est humain.

Je ne peux plus supporter de lire qu’elle veut mourir. Que seul moi je peux faire quelque chose.  J’ai tellement peur. Tellement peur. Tout est tellement contradictoire.

Nous allons à l’hôpital cet après midi. Est-ce qu’ils vont pouvoir proposer des solutions, des traitements?

 

 

Le lycée … c’est fini

janvier 18th, 2010

Weekend fort en émotions.
Depuis vendredi, elle était fermée, peu accessible, perturbée. Un peu comme le weekend avant son hospitalisation…. Crise sur crise. Impossible de la faire sortir de là. Impossible de communiquer.
Dimanche après midi, la crise était trop forte.
Pendant plus d’une heure elle a hurlé, pleuré, s’est roulé sur le sol, a tapé sa tête contre les murs, contre le sol. Elle ne voulait pas que je la touche, que je lui parle. J’étais impuissante, totalement démunie. Je ne pouvais que rester près d’elle en la regardant et en priant pour que ça passe.
Au bout d’une bonne heure, elle a commencé à me demander de lui dire que je l’aime. Tout simplement. Elle n’attendait que ça. Mais comment savoir ce qu’elle attend à ce moment là? Ce n’est jamais la même chose. Mais dans sa tête, je devrais le savoir, le deviner. Elle pense qu’en hurlant je devine ce dont elle a besoin d’entendre. Je devrais être dans son tête, dans son corps.

Une fois calmé elle me dit « maman, j’ai bien réfléchi. Je dois arrêter le lycée. C’est trop de pression et je ne peux pas y retourner. Je préfère redoubler cette année pour me guérir et ensuite refaire mon année pour avoir un bon dossier pour la suite. ».
C’est une décision très difficile. Et elle m’explique que c’est la même sensation qu’elle a eu juste avant son hospitalisation. Elle savait que c’était inévitable. Comme elle sait maintenant que l’arrêt du lycée est inévitable.
Elle veut être seule, s’isoler. Comme à l’hôpital. Mais sans retourner à l’hôpital.
Elle a peur de cette décision. Peur de regretter.
Je la rassure. Ce n’est qu’une année dans sa vie. Et le principal c’est sa santé. Elle pourra profiter de ces quelques mois pour trouver sa voie, pour faire des choses qui l’intéressent ou du moins trouver les choses qui l’intéressent.

Juste après, on a pris le goûter ensemble. Sa copine m’a téléphoné pour demander si elle pouvait passer avec son autre amie. Ma fille refuse. Me demande de ne pas les faire venir. Elle ne veut plus les voir. Se sent lâchée par elles.
Je rappelle leur maman pour dire qu’il ne faut pas venir, même si je sais au fond de moi qu’elle en a besoin.
Une demi-heure plus tard, les deux filles sont devant la porte. Contre l’avis de tous.
Elles ont décidé de prendre le risque de venir et tant pis si elle ne veut pas les voir.
Je les fais entrer dans le salon où est ma fille. En larmes. Et je les laisse. Chacune verse des larmes, chacune raconte son histoire, partage ses douleurs.
Et puis, j’entends des rires …
Quel soulagement, quel bonheur. Je ne pourrais jamais dire combien je suis reconnaissante qu’elles soient venues. Qu’elles aient remis un sourire sur le visage de ma fille. Qu’elles se soient retrouvées.
Merci aux mamans qui ont été là pour expliquer l’amitié. Merci aux filles d’avoir écoutés ou plutôt de ne pas avoir suivi notre avis de ne pas venir!

La soirée s’est déroulée tranquillement. Elle a parlé, rigolé. Elle est rassurée, sait que ses amies sont là. Sait qu’elle peut faire des projets avec elles, même si elle n’est plus au lycée.

Ce matin, j’ai laissé ma fille au lit. Elle reste seule aujourd’hui. Va promener le chien. Réfléchir à ce qu’elle va faire. Et puis, préparer son déjeuner seule.

J’ai téléphoné au médecin de Poissy pour l’avertir. Il ne veut pas qu’elle reste sans rien faire mais va se renseigner pour un hôpital de jour. On verra tout ça jeudi.
Il déconseille les institutions tels que la maison de Solenn ou Montsouris car les listes d’attente sont trop longues et que c’est maintenant qu’il faut de l’aide.

Je lui envoi également la sœur de la meilleure amie de ma fille. Elle ne mange plus que des pommes, s’isole. A des symptômes trop proches de ce qu’on a connu. Il faut qu’elle se fasse soigner rapidement. Ne pas attendre.
Ma fille a peur pour elle. Ne supporte pas l’idée que cela puisse arriver à cette jeune fille qu’elle connait bien. Veut être là pour l’aider comme elle peut. Mais sait aussi que si elle est « dans la maladie », celle ci ne voudra rien savoir.

Mon mari a passé le weekend à Cannes. N’a pas vécu des moments difficiles. N’a pas vécu la décision de notre fille. Il se repose car la pression semble trop grande

Est-ce que ça va? Non ça ne va pas….

janvier 15th, 2010

Quand une amie demande si ça va et qu’on répond « NON », que faut-il attendre de sa part?
Qu’elle s’intéresse? Qu’elle demande pourquoi ça ne va pas? Ou qu’elle passe à autre chose?
Chez les ados, elles passent à autre chose. Ou ce ne sont pas de vraies amies.

Ma fille en souffre à l’école. Ses amies lui manquent. Elle se retrouve toute seule, dans son monde. Distante, ailleurs.

Elle crie pour que ses amies lui parlent, la soutiennent, lui demandent comment elle va.
Mais personne ne réagit.

Est-ce que c’est l’éducation? La pudeur? La peur de ne pas comprendre?

Il est clair que je ne connais pas ce problème. Je suis entourée. J’ai des messages de votre part en permanence. Et quand vous sentez que ça ne va pas, tout le monde est là pour en parler.

Mais pour ma fille ce n’est pas le cas. Elle a l’impression de ne pas avoir d’amies. Certes, cela est lié à sa maladie car évidement les jeunes comprennent mieux qu’une amie a un chagrin d’amour qu’une maladie mentale.

J’ai pris mon téléphone hier soir et j’ai téléphoné à sa meilleure amie. Je n’aime pas me mêler de leur amitié, mais j’avais besoin de lui dire comment va sa copine.
Elle m’a dit que la semaine dernière tout allait bien, que ma fille était comme avant, souriante, partageant les conversations. Mais que depuis vendredi dernier elle a sentie un changement. Elle pensait (comme beaucoup) qu’après l’hospitalisation elle était guérie…. Et que là, elle a peur de lui parler, peur de ne pas savoir quoi faire.

Je lui ai demandé de ne pas la laisser tomber. De lui parler. De lui montrer qu’elles sont là et qu’elles s’intéressent à elle. Je lui ai expliqué la maladie de ma fille, lui ai dit comment elle se sent.
L’amie a été adorable, et a mieux compris… j’espère.

Après, c’est une autre amie qui m’a téléphoné. Pour me dire qu’elle voulait organiser une soirée spéciale à Paris pour ma fille la semaine prochaine. C’est gentil, mais ce n’est pas ce qu’elle attend. Elle veut simplement parler. Simplement échanger. Simplement se sentir aimé.
Je pense que le message est passé.

Aujourd’hui ma fille n’a pas pu aller au lycée. Elle n’avait pas la force (morale).
Elle m’a demandé d’aller au bureau et de la laisser seule. M’a dit qu’elle avait besoin de se retrouver seule pour faire le point, comme à l’hôpital.

On a parlé de sa maladie. Elle a compris que ce n’est pas l’anorexie qui est la maladie.  L’anorexie n’est que le symptôme mais pas l’origine.
Elle me dit que même si elle mange, cela ne change rien. Qu’elle est toujours aussi mal. Donc, il vaut mieux manger pour ne pas aller encore plus mal et se faire au moins ce petit plaisir.
En avouant cela, on a probablement fait un grand pas.

J’ai téléphoné au docteur à l’hôpital ce matin. Il estime qu’il faut garder le rendez-vous que nous avons avec lui jeudi prochain, mais que si cela ne va pas, elle peut l’appeler ce weekend. J’aime ce médecin. J’ai confiance en lui. Et il me donne un certain soutien, bien que cela ne suffise jamais à mes yeux.
Je lui ai dit que j’ai annulé le rendez-vous de la semaine prochaine avec Delphine. Je suis trop déçue par son manque d’intérêt. Il est d’accord avec moi….
D’ailleurs, j’ai eu la secrétaire de Delphine à qui j’ai exprimé mon mécontentement et je lui ai demandé de lui transmettre cela avec mes mots (très « tendres »)!!

Pour le suivi psychologique, on continue à être dans le vague. Elle a un deuxième rendez-vous mercredi prochain avec une nouvelle psy, mais elle n’accroche pas avec elle. On verra donc la semaine prochaine si on continue ou si on change de nouveau.

Bref, il ne faut pas trop écouter tous les beaux discours qu’il y a sur l’aide apporté aux ados malades. On est seul. Les structures spécialisées sont débordées; les médecins n’ont pas le temps;  Il faut en permanence courir derrière.
Et puis les parents? Ils sont laissés seuls avec leur désespoir.

 

Ecouter la musique avec un casque

janvier 13th, 2010

J’ai lu le message de Nathalie qui a le cœur en mille morceaux. J’ai mal pour elle. J’ai mal pour sa fille, pour son mari. Mais aussi pour moi, pour ma fille, pour mon fils, pour ma famille.

Ce soir nous avons eu une crise d’une rare violence. Il y avait ma fille, mon fils et moi. J’ai préparé à mangé comme d’habitude. Mais au lieu de faire 3 aliments séparés, j’ai fait des lasagnes…. Les repas ont tendance à devenir de plus en plus allégés et je ne veux pas tomber dans le piège une nouvelle fois. Donc, repas normal.

Pour nous. Mais pas pour elle.
Pourtant ça ne semble pas être le repas qui est à l’origine de sa crise. Du moins, c’est ce qu’elle m’a dit après.
Car après deux heures de larmes, de hurlements, elle a quand même fini par manger son plat.

Je le vois à son visage. Je le sens dans mon cœur. Même avant l’apparition de ses crises, je sens que cela va venir. Comme un mal de tête avant un orage.
D’abord son visage devient sombre.
Ensuite elle se met dans un fauteuil dans le salon. Recroquevillé sur elle même. Comme un escargot.
Petit à petit, ce sont les larmes qui viennent.
J’ai beau être là. J’ai beau essayer de la prendre dans mes bras. De la rassurer. Je ne trouve plus les mots. Je ne sais plus quoi dire, quoi faire. Donc, je suis juste là.
Les larmes se transforment rapidement en hystérie. Elle se met en dessous de la table du salon. Elle se tape la tête contre la table, de préférence contre les coins pour que cela fasse plus mal. Elle hurle, elle crie de la laisser. Que tout ça est de ma faute. Elle se mort les doigts, les mains, les jambes. Elle est désespérée.

Mais qu’est ce que je peux faire?
Je pleure aussi. Tant pis si on dit qu’il ne faut pas montrer ses émotions devant elle. Je ne peux pas me retenir. Je veux me cogner la tête aussi. Me faire mal. Pour ne plus entendre ma fille souffrir.

Pourquoi à un moment elle arrête? Qu’est ce qui fait qu’elle se calme? A un moment elle me rejette. Et puis tout d’un coup j’arrive à la tirer du dessous de la table. Elle continue à pleurer. Mais maintenant elle me demande de l’aide. « AIDES MOI, MAMAN.  FAIS QUELQUE CHOSE. S’IL T PLAIT MAMAN!!!!!!! ».
J’arrive à la prendre dans mes bras. La consoler. Pourquoi?
Et après. Pourquoi  elle arrive tout d’un coup à manger son plat. Normalement. Comme si rien ne s’était passé?

Entretemps son frère est allé dans sa chambre. Sur facebook? Ecouter de la musique? J’espère qu’il a mit son casque. Pour ne pas entendre les hurlements de sa sœur.

Le temps me manque

janvier 8th, 2010

Déjà plusieurs semaines que ma fille est sortie de l’hôpital.  Déjà plusieurs semaines que je n’ai plus le temps d’écrire, plus l’envie de partager. Peut être parce que j’ai passé 2 semaines avec ma famille et qu’il y avait pleins d’oreilles pour écouter, pleines de bouches pour parler, pleins d’états d’âmes à partager.

Globalement les fêtes ont été « folkloriques ». D’abord une semaine à Bruxelles: moi et mes enfants. Ensuite, les enfants ont passé une semaine avec leur papa à Cannes. Lorsque nous avions dit au médecin que nous allions passer des fêtes séparément, le médecin a dit qu’il trouvait « l’idée intéressante ». Et bien, c’était le cas!

D’abord notre fille : Malgré un moral très fluctuant, une base dépressive qui reste très présente et des crises régulières autour des repas, elle n’a pas perdu de poids depuis sa sortie de l’hôpital. Certes, il faut qu’elle prenne encore une dizaine de kilos, mais c’est déjà rassurant que malgré cette période difficile des fêtes, elle n’a pas maigri!

Elle a repris le lycée lundi dernier avec beaucoup d’appréhension.  Toutefois, cela se passe relativement bien au niveau des cours, mais la relation avec ses amies est très médiocre. Elle continue à se sentir « ailleurs », ne partage pas leurs rires, leurs discussions, leurs activités. Elle n’a qu’une seule envie: rentrer le plus vite possible dans le cocon à la maison.

On a vite compris qu’il allait être trop difficile pour elle de suivre tout le programme scolaire. Sortir 2 fois pas semaine à 18 heures, 2 fois par semaine à 17 heures + le mercredi + les devoirs… c’est trop pour elle.
Ce matin j’ai vu la directrice avec notre fille et nous avons décidé d’alléger son programme (disons plutôt que je l’ai imposé un peu…). Sortie tous les jours à 16 heures. Pas de rdv médicaux etc. pendant les heures de cours mais rattrapage des cours et devoirs pendant les heures de permanence et de gym (qu’elle ne peut pas suivre). Demande de dispense pour les TPE … tant pis, cela fera quelques points de moins au bac, mais il faut avant tout penser à sa santé.
Et puis, le lycée propose que les profs lui donnent des cours pendant ses heures de perm pour l’aider.
Donc, rdv très positif et soulagement pour notre fille. Un souci de moins et un cadre bien déterminé!

Le cadre … est-ce que j’en ai parlé déjà?
Lors de l’un des premiers rendez-vous avec la première psy de notre fille (Delphine), celle ci m’a demandé en présence de ma fille pourquoi je n’ai jamais pris de décision
par rapport à mon couple. Je lui ai répondu que je n’osais pas, que chaque fois que je prenais une décision de partir, mon mari arrivait à me rattraper, à me convaincre de rester. Et puis, j’avais tellement peur …

Elle m’a répondu que nos enfants avaient besoin d’un cadre bien défini. Elle a dessiné une maison avec des petits personnages qui flottaient autour de cette maison : mes enfants. Elle m’a dit qu’il fallait que je prenne une décision. Rester ou partir. Mais que tant qu’il n’y avait pas de décision et de cadre, les enfants resteraient perdus et ma fille ne pourrait pas guérir.
Sur le coup, je lui en ai voulu énormément. « De quoi elle se mêle cette psy »! Elle ne connait pas ma vie, ne connait pas mon histoire, ne sait pas ce que j’ai vécu….
J’étais fâché, car elle a dit tout cela en présence de la fille.
Je suis sortie bouleversée de ce rdv…

Mais quelques semaines plus tard, j’ai pris la décision. Nous avons peut être pris la décision ensemble, car chacun est d’accord.

Lorsque ma fille était à l’hôpital, on a continué à beaucoup parler. Et elle m’a dit que ce qu’elle avait apprécié avec Delphine, c’est que c’était la première qui avait exprimé à haute voix ce qu’elle voulait qu’on me dise…
« Elle t’a dit exactement ce que je pensais, exactement ce que je voulais qu’on te dise, ce que je n’osais pas dire ou ce que je ne savais pas exprimer ».

Tout cela m’a ramené sur terre. Et aujourd’hui les choses sont en route.
Je suis soulagé, même si cela ne va pas être facile. Mais les enfants sont également soulagés. Ils ont enfin pouvoir grandir, enfin pouvoir s’épanouir. Et je sais que ce sera une des raisons qui aideront ma fille à guérir.

2010 est donc pour moi une année de transition, de changements, de nouveautés. Elle ne sera pas tous les jours facile, mais j’espère qu’avant tout on arrivera à garder un certain équilibre et un dialogue permanent.
Cela est essentiel pour les enfants (et le nôtre!).

J’espère aussi que les amis resteront proches, même si à terme des choix seront obligatoirement faits.

Beaucoup ont pensé fin 2009 que cela était encore une crise passagère et que je n’aurais pas les c…. pour partir. Je vais prouver en 2010 que je suis une femme indépendante et bien. Je resterai toujours une maman très présente, mais je vais m’accorder du temps pour VIVRE…. sans peur.

Bonne année mes amis!

« Arrêtes! Tu ne comprends rien »

décembre 17th, 2009

Voilà la phrase que ma fille me dit régulièrement quand elle est « en crise ». Et malgré l’hospitalisation, malgré les suivis psychologiques, malgré toutes nos discussions, cette phrase revient tout le temps.
Non, je ne peux pas comprendre. Mais je vois sa détresse et je comprends qu’elle souffre énormément. Je comprends qu’elle ne va pas bien. Je comprends qu’il est plus facile de rester dans la maladie que d’en sortir. Je comprends que l’avenir lui fasse peur. Je comprends que faire des efforts est fatiguant. Je comprends qu’elle voudrait trouver un amour. Je comprends qu’elle souffre de la situation de ses parents… mais je ne peux pas en faire davantage. Je ne peux pas me glisser dans sa peau. Je ne peux pas vivre pour elle.

Nous avons vu le médecin à l’hôpital aujourd’hui. Elle a pris un peu de poids et ça la stresse. Elle ne veut pas prendre de poids et elle ne veut pas rester malade. C’est LA grande contradiction de cette maladie. Mais je pense qu’au fond d’elle, elle ne veut pas grossir, mais elle veut guérir ce sentiment épouvantable qu’elle éprouve en permanence. De penser en permanence aux repas. C’est une obsession et  un grand stress.

Ce soir elle ne va pas bien. Elle pleure. M’explique ces sentiments contradictoires.
En revenant de l’hôpital, son papa m’a téléphoné dans la voiture. Il s’est plaint car il a mal aux dents. C’est vrai que c’est épouvantable. Je l’ai écouté pendant 5 minutes se plaindre, me dire qu’il allait rentrer de mauvais humeur etc. etc.
Ma fille n’a pas compris pourquoi je ne l’ai pas envoyé se plaindre ailleurs.
Entendre cette conversation et voir que je ne réagisse pas, l’a beaucoup énervé.

Je me suis fâché. Je lui dis que même si je vais me séparer de son papa, je n’ai pas de leçons à prendre ni de ma fille, ni de son père, ni de mon fils, ni de personne d’autre. Je fais ce que je Veux, comme je Peux! Je ne vais pas devenir méchante ou différente à cause de cette séparation (enfin, pour l’instant….).
Je ne lui dis pas que Je suis juste indifférente.

Elle se renferme, ne me parle plus.
Tant pis.

Le médecin a trouvé que le principe de passer des vacances séparé avec moi et son papa est intéressant et pas une mauvaise décision. Enfin quelque chose qui me rassure!
Il m’a également demandé de revoir la psychiatre Delphine, ce qui n’enchante ni ma fille, ni moi. Jamais elle ne m’a rappelé. Jamais elle ne m’a demandé des nouvelles. Et jamais elle a pris des nouvelles via le médecin.
Je ne vois vraiment pas pourquoi la revoir. Mais ça, je ne le dit pas à ma fille. C’est à elle de décider. Donc j’ai laissé un message pour prendre rdv.
Il me donne également les coordonnées d’une autre psychiatre, plus proche de chez nous. J’espère qu’elle sera bien…. Et qu’elle commence à me rappeler pour proposer un rdv!

Là, elle est dans sa chambre. Elle pleure et je sais qu’elle veut être dans mes bras. Qu’elle veut être rassurée. Mais je résiste, car il faut qu’elle voie qu’elle n’est plus une petite fille. Il faut qu’elle arrive à se détacher de moi. Tant pis, si cela passe par des colères et un rejet.

Si demain soir elle peut sortir en boite avec ses amis ou aller au Queen avec son père (…!! ) il faut également qu’elle se prenne en main. Je ne serais pas là pour prendre sa main et pour la rassurer.
Même si cela est un sentiment atroce qui est tellement contraire à ce qu’on voudrait faire en tant que maman.

 

Une bataille de gagné… mais ce n’est pas fini

décembre 15th, 2009

La semaine dernière Nathalie écrivait dans son blog que cette maladie est également une prison pour la famille. « La famille est aussi une marionnette de la maladie …
La peur que j’avais à la sortie de l’hôpital n’était pas sans raison.
Vendredi, je suis allé la chercher pour la ramener à la maison. A mon arrivée, elle était ravie, contente de sortir. Une fois dans la voiture elle à pleurer jusqu’à la maison. Sans que je puisse comprendre. La peur de rentrer? La peur d’être déçue? La peur de retrouver le lycée? La peur d’affronter « la vie »? C’est probablement un mélange de tout.

Une fois à la maison, elle s’est calmée. Etait contente de retrouver son frère et son chien. Sa chambre, ses messages sur facebook et sur son téléphone.

Samedi, elle est partie toute la journée avec son papa à Paris. Rentré à 20 heures… Beaucoup trop tard à mon gout compte tenu de son état de faiblesse. Mais elle était ravie de sa journée, à très mangé au restaurant pour le déjeuner, pour le goûter.

Le lendemain j’avais prévu d’aller au marché de Noel à Paris, avec mes enfants, des amies et leurs mamans. Mais samedi soir je savais déjà que cela n’allait pas être possible.
Dimanche fin de matinée : ma fille se renferme. L’escargot revient. Elle pleure, se met dans un coin, toute recroquevillé, ne parle plus, ne communique plus, ne regardes plus.
« Ca ne va pas ». « Tu ne peux pas comprendre ». « Laisses moi tranquille ».

Je la laisse. C’est du déjà vu. Elle doit être très fatiguée. Très stressé pour le lycée. Elle aurait du commencer lundi, mais elle refuse. Demande d’y aller que mardi matin pour la matinée.

La journée est horrible. Je suis perdue. Je m’occupe de mon fils toute la journée car il a beaucoup de travail pour l’école.
Les repas se passent bien. Mais le moral est à zéro.
L’après midi son papa lui propose d’aller au marché de noël…. Et elle y va avec lui. Je suis contente, car ça la fait sortir.
Aurais-je finalement du l’emmener le matin au marché? Aurais-je du ignorer sa fatigue?  Finalement, je me dis que c’est comme ça. Que maintenant il faut que j’avance et que j’arrête de me poser trop de questions. Je fais tout ce que je peux. Je ne peux pas en faire plus. Et puis, il faut que je pense à moi. Finalement, je ne peux pas vivre pour mes enfants.

Dimanche soir, elle était couché parterre dans un coin de mon bureau. Dans le plaid qu’à donné sa grand mère. Mon petit escargot. Je la soulève et la porte dans mes bras jusqu’à mon lit. Elle est légère. Elle veut que je reste avec elle. Elle veut juste des câlins, des bras. Elle ne veut pas grandir. Veut rester la petite fille.
Je la rassure, lui parle.
Je la fait venir pour le diner. A table, on décide que les enfants partiront avec leur papa à Cannes pour le nouvel an. A trois. Les enfants s’inquiètent pour moi. Il ne faut pas. Je suis heureuse de passer un peu de temps tout seule. Et eux ont besoin d’être avec leur père. C’est la seule façon de les rapprocher. De lui faire faire des choses avec eux, et rien que pour eux. Et de montrer que je ne vais pas faire marcher arrière. Encore.
Les fêtes cette année ce sera séparé. Et tant pis si cela ne convient pas tout le monde.

Je me couche dimanche soir. Epuisée. Et pas du tout sereine.

Lundi… Changement complète. Elle est de bon humeur. Je reste avec elle le matin car elle ne va pas au lycée. Finalement, je prépare un plat pour le déjeuner car je dois aller travailler. Elle devra manger seule.

Mais tout se passe bien.

Je sens que ça ne va pas être simple!! Mon pressentiment est bien confirmé. Les hauts, les bas, la déprime… elle n’est pas encore guérie. Même si elle mange!