SORTIE AUJOURD’HUI !!!!

décembre 11th, 2009

L’hôpital vient de m’appeler : on peut aller chercher notre fille cet après midi pour sortie définitive!!!!
Quelle bonne nouvelle. Quel bonheur.
Elle doit être tellement impatiente de rentrer.

On est soulagés, heureux.

 

 

Sortie dans 400 grammes

décembre 11th, 2009

Mercredi après midi, visite à notre fille. Les jours sont beaucoup plus longs depuis qu’elle est repartie dimanche dernier. C’est comme donner un petit avant goût et l’enlever après…
Elle allait très bien. Finalement elle avait perdue 300 grammes le weekend à la maison. Cela l’a rassuré dans la mesure où elle sait qu’elle peut manger davantage sans culpabiliser. Elle constate aussi que les consultations avec une nutritionniste après sa sortie sont probablement inutiles. C’est surtout une aide psychologique qu’il lui faudra.

Elle fait des projets. Samedi shopping avec son père dans Paris. Dimanche, peut être visite du marché de Noel à Paris avec copine et mamans. Elle veut aller à Cannes pour le nouvel an. Son papa lui a proposé d’y aller. Suis contente que les enfants  aillent passer quelques jours seuls avec leur père. Et puis moi, je passerai peut être noël avec eux à Bruxelles. A condition qu’il soit d’accord…

Le médecin souhaite que notre fille aille à l’école dès la semaine prochaine. Mi-temps peut être avec un soutien à domicile ou à l’école? Je suis en contact avec la directrice pour faire un « plan d’attaque »!

Évidement, je suis heureuse que ma fille sorte enfin de l’hôpital. Elle devra encore prendre 10 kilos car son poids de sortie n’est que 48 kilos. Elle est encore très maigre, très pâle et ne donne pas l’image de quelqu’un qui est guérie. Mais elle est souriante, jolie, sereine… ce qui est beaucoup plus important que tout le reste.
Mais je suis aussi angoissée et inquiète. Est-ce qu’elle va me demander la même attention qu’avant? Est-ce qu’il va falloir qu’on soit occupé en permanence avec elle? Est-ce que la vie de famille ne va que tourner autour d’elle?
Est-ce que la situation familiale ne pas la perturber? Est-ce qu’elle va être le porte parole de son papa pour me faire passer les messages… ce qui a déjà commencé à l’hôpital mercredi et est fait systématiquement dès que nous avons des soucis de couple.
On ne peut pas se permettre de la mettre entre nous. On ne peut pas se permettre de lui faire faire des choix. Elle ne le veut pas. Elle nous demande de parler ensemble et de prendre les décisions ensemble, sans tenir compte d’elle. Après, les enfants diront ce qu’ils en pensent et ce qu’ils veulent faire. Mais il faut absolument que chacun joue son rôle et reste à sa place: celui de papa, de maman, de fille, de fils, de frère et de sœur.


Weekend à la maison

décembre 7th, 2009

Samedi matin, je suis allé chercher ma fille à l’hôpital. Elle avait demandé d’être là à 8h45, car elle avait hâte de sortir.
On est rentré. Elle a retrouvé son frère, son chien. Tellement émouvant.
Elle a tout de suite ouvert le calendrier de l’avant, et a partagé un chocolat avec son frère. Spontanément, sans se poser de questions!

Ensuite, on a pris un thé, on a parlé tous les trois. C’était calme, agréable, « gezellig ».

Petit à petit, ses amies ont commencé à téléphoner. Je leur avais envoyé un sms pour dire qu’elle était arrivée à la maison. Elles vont venir à 14 heures pour la voir.

Heure du repas. Finalement, j’ai fait des repas très simples. Rien de compliqué, juste équilibrée et complet. Elle a tout mangé. Sans problème : le poisson, le riz, les brocolis… d’accord, ce n’était pas très lourd. Mais assez pour commencer.

A 14 heures, ses 5 amies sont arrivées. Elles ont parlé ouvertement. Ma fille leur a expliqué sa maladie, expliqué ce qu’elle a vécu les derniers mois et comment elle vit à l’hôpital. Finalement, elles ont un vrai échange. Et je pense qu’elles en étaient toutes très contentes.

Heure du goûter : tartines avec pâte de spéculoos… Elle s’est régalée!!

Le soir, repas normal. Elle remplace les côtés d’agneau par du jambon. Je ne suis pas contente. Mais elle me demande de lui donner la quantité à prendre. Et elle mange sans broncher.
Finalement, épuisée de la journée, elle se couche dans son lit. Espérant passer une bonne nuit. Car à l’hôpital elle dort très mal. Mais à la maison c’est pareil. Elle a mal dormi.

Petit déjeuner le lendemain. Enfin un bol de cruesli avec du lait !!! Cela faisait des mois qu’elle en rêvait !!
On part à trois pour faire les vitrines des grands magasins à Paris.
Sur le retour, on appelle son papa pour qu’il nous ramène un poulet pour le déjeuner.
Elle commence à stresser… Veut manger à 12h30. Éventuellement 13 heures.
Mais son papa tarde à rentrer.  Elle est fâchée, lui en veut. L’a déjà appelé et me dit qu’il est de mauvais humeur…  « Pourquoi il n’est pas parti plus tôt de la chasse ».
Finalement il arrive à 13h30.
Ses amies lui on dit la veille qu’elles ne comprenaient pas pourquoi son papa n’était pas là pour sa sortie. Elles lui disent que ce n’est pas normal….
Ma fille m’en parle. Elle me dit que pour elle il n’y avait pas de problème que son papa ne soit pas là. Qu’elle a l’habitude. Mais ses amies ont semé le doute dans sa tête. « Finalement, ce n’est pas normal qu’il ne soit pas là? ».

Je lui réponds qu’elle ne pourra pas changer son papa. Qu’il faut le prendre comme il est. Profiter des moments qu’elle peut passer avec lui à faire des choses qu’elle aime.
Nous déjeunons à quatre. C’est agréable.
On passe l’après midi à décorer le sapin de noël, à écouter la musique, à bricoler dans la maison. Son papa s’est couché après le déjeuner pour se réveiller à 17h30 afin de la ramener à l’hôpital.

C’était un weekend normal. Comme on les connait depuis tellement longtemps.

Elle veut rentrer le weekend prochain. Définitivement cette fois!

Je me couche à 21 heures. Épuisée, mais contente et sereine.

Veille de sortie : la peur, les reproches

décembre 5th, 2009

Journée de vendredi épouvantable. Pour moi, pour elle. D’abord un rendez-vous personnel difficile le matin.
Ensuite le rendez-vous avec ma fille, sa psychologue et son médecin. Elle pleurait quand je suis arrivée. Même avant d’aller en entretien.
D’abord, elle a du changer de chambre. Fini le cocon agréable qu’elle s’était construite. Fin la possibilité de s’isoler. Fini la salle de bain privative. Elle partage désormais sa chambre avec une fille qui a fait une tentative de suicide. Gentille.
Elle me dit avoir peur du weekend. Elle a tellement envie de rentrer, mais a tellement peur d’être déçue….

On continue la conversation avec les médecins. Il lui dit que ma fille à peur des changements. Mais que la vie est pleine de changements. des petits, comme le changement de chambre. Des grands, comme la séparation de ses parents.

Elle a beaucoup de mal avec ce dernier. Que des contradictions. Elle est d’une part soulagée par ma décision. Mais d’autre part, elle ne veut pas choisir. On ne lui demande pas de choisir…. Mais elle pense que son papa va être malheureux. Et qu’elle doit peut être rester près de lui.
Est-ce qu’elle pense qu’elle va devoir prendre ma place auprès de son papa pour compenser mon absence? Est-ce qu’elle va se sacrifier pour moi?
Elle ne pourra pas s’épanouir, grandir, tant qu’elle voudra compenser pour moi, pour son frère, pour les parents de son papa qui ne sont plus là…

Elle a un trop plein de sentiments, de contradictions. Elle pense qu’elle doit faire des choix. Mais elle oublie de vivre pour elle.

Après, on parle de sa sortie. Des repas.
Elle a peur de ce que je vais lui préparer. Peur de ne pas manger assez ou de manger trop. Veut que les médecins lui disent à la lettre ce qu’elle peut manger. Elle a peur de maigrir mais aussi peur de grossir.
Elle ne me fait pas confiance pour les repas. Dit que je mange mal. Que je saute des repas, que je grignote, que je ne mange pas équilibré….
Mais moi, je ne suis ni boulimique, ni anorexique, ni malade mentale. Et après tout, je ne vais pas culpabiliser pour ça.
Sur le coup, cela me fait un choc. Pas le fait de mal manger. Mais le fait qu’elle ne me fasse pas confiance. Pourtant, les repas de famille sont toujours équilibrés, je ne fait jamais sauter de repas aux enfants, je leur apprends de ne pas faire comme moi…. D’accord, je ne suis pas le meilleur exemple. Mais tant pis, je suis comme je suis.

Après le rendez-vous, ma fille et moi faisons un tour à l’extérieur. En silence. On n’a rien à se dire. On est toutes les deux tristes. Je quitte l’hôpital en la laissant avec les larmes aux yeux. Elle continue de pleurer.
Du coup, j’ai très peur pour ce weekend. Je la sens encore tellement instable, tellement fragile.

Le jour après, elle me dit que lors de cette promenade, sa copine à essayer de lire son journal intime. Ça a provoqué une énorme crise de colère de la part de ma fille. Finalement, cela a du lui faire du bien… Et elles se sont vite réconciliées.

 

Permission de sortie

décembre 4th, 2009

Ça y est. Elle a la permission de sortir 2 jours ce weekend de l’hôpital pour voir comment ça se passe à la maison. Elleest contente, nous aussi… mais avec un peu d’inquiétude quand même. Elle a peur d’être déçue, peur de vouloir d’avoir envie de revenir à l’hôpital dimanche, peur de ne pas vouloir rentrer définitivement après…

Lundi dernier, le médecin m’a téléphoné pour me proposer un rendez vous vendredi (aujourd’hui) afin d’échanger à propos de cette sortie « test ».
Je lui ai dit que mon mari risquait de ne pas pouvoir s’organiser, mais comme il s’agit de parler « repas », ce n’est pas primordial qu’il soit présent.
Et puis, après tout, mon mari  ne sera pas présent de jeudi à dimanche midi. Il n’aura donc que le repas de dimanche midi à partager avec nous. Chacun sa vie… lui c’est la chasse et le travail.

Notre fille a pris 3 kilos depuis qu’elle est rentrée à l’hôpital. Peu, finalement, quand on tient compte des 2 kilos qu’elle a perdus le weekend avant d’y entrer.
Mais elle mange tous ses plateaux, demande d’en avoir plus, mais on ne lui donne rien de plus. Du coup, elle ne prend plus de poids depuis plus d’une semaine. Cela l’inquiète car elle sait qu’une perte de poids l’empêcherait de rentrer ce weekend. Et l’absence de prise de poids empêche une sortie définitive.
Mais le médecin lui a expliqué que c’est normal qu’elle ne prend pas du poids aussi vite. Et que c’est mieux d’y aller doucement. Pour éviter la boulimie et le risque de tout reperdre rapidement. Il faut que les kilos s’installent doucement et y restent. Tout le contraire de moi!!!!

Mercredi dernier son papa a parlé avec elle. Spontanément. De nos problèmes, de nos décisions. Elle n’en croyait pas ses oreilles. « Papa a parlé vraiment, sans que je lui demande… alléluia!!!! »
Cela lui a fait énormément de bien.
Tant pis que je le pousse à faire des choses dont il a peur et qu’il ne veut pas aborder. Tant pis si je suis la « méchante » qui prend des décisions qui ne sont pas appréciés.
Je sens que les choses bougent et je sais que tout le monde en sortira grandi.

J’ai déjeuné avec ma tante hier qui est graphologue et avait analysé une lettre de ma fille juste avant qu’elle rentre à l’hôpital.
L’écriture était vide. Pas de futur. Que le présent. Qu’ELLE. On voyait la dépression, on sentait sa détresse.
Je lui ai montré une lettre qu’elle a écrite le deuxième jour de son hospitalisation et une autre qu’elle a écrite cette semaine. L’évolution est spectaculaire. Équilibrée,  sociable, très gentille avec les autres… Elle reste très centrée sur elle-même, mais le tout est beaucoup plus solide. Et puis, il y a aussi ce côté égoïste qui lui permettra probablement de s’en sortir dans la vie! C’est tellement rassurant, tellement encourageant.

 

Envie de rentrer

décembre 1st, 2009

Elle va beaucoup mieux, malgré une peur très grande de la sortie.
Proche du poids à atteindre (encore une semaine?), elle ne pense plus avoir de problème pour manger. On met cela en doute, car son discours est très contradictoire.
Elle veut absolument se faire suivre par une nutritionniste avec des menus cadrés, précis pour ne pas faire d’écarts. Le médecin n’aime pas trop ça et je le comprends.

Elle a 3 séances avec la psy par semaine. Depuis qu’elle écrit et qu’elle en parle, ces séances vont beaucoup mieux. Elle est à l’aise avec cette personne car elle dit qu’elle pleure beaucoup. Chose qu’elle n’osait pas faire avec Delphine.

Nous avons parlé beaucoup hier à deux. Je sentais qu’elle voulait dire des choses, même quand son papa était là. Elle s’est mise à pleurer car je lui ai dit qu’on ne ferait probablement pas le goûter de Noel car je ne savais pas où elle allait être ce jour là. Et puis, je n’ai pas trop la tête à ça. J’ai envie de m’entourer d’amis et de gens proches. Je ne veux rien de superficiel.
Elle m’a dit « comment je vais pouvoir guérir et ne plus tenir compte de toi, si toi tu ne le fais pas et ne donnes pas l’exemple »?  Et vlammm, j’ai compris de suite qu’il y avait des choses qui sont sortis avec la psy et qu’elle arrive enfin à mettre les mots dessus.

Elle me raconte qu’une des patientes avec qui elle s’entend très bien veut faire passer un message à son papa… en ayant fait une tentative de suicide. Maintenant, elle n’ose plus sourire quand il vient, car si elle donne l’impression d’aller mieux, il est de suite rassuré et lui dit d’être content de ses progrès. Et rien de change. Il faut donc rester malade, rester dans la dépression, pour montrer qu’il faut un changement.
Ma fille a voulu expliquer cette histoire à son père, mais elle n’a pas pu aller jusqu’au bout. Mais elle dit qu’elle ressent exactement la même chose que sa copine.

« On crie au secours ». On a besoin d’aide. On veut faire passer un message mais on n’arrive pas à se faire entendre avec des mots, on le fait donc avec des gestes. Finalement, l’anorexie ou les tentatives de suicide, c’est très proche. Et je comprends la détresse de ma copine … ».

Je sens qu’elle veut faire passer des messages. Qu’elle a besoin de SAVOIR. Je lui demande si elle attend une décision de ma part. On se comprend. De suite. Elle me dit qu’elle en a besoin. Elle veut savoir. Elle n’arrive pas à grandir. Elle me voit malheureuse et cela l’empêche de s’épanouir. Elle ne veut plus de cette vie de famille qui n’en est pas vraiment une.
Je lui dis la vérité. Lui dis qu’on a pris une décision.
Elle pleure. Me dit « merci maman, merci… c’est tout ce que j’avais besoin d’entendre ».

Je n’ai pas besoin de décrire la suite, les échanges. Je sais qu’on va avancer et que ma fille va guérir.
Je pense qu’elle va faire des progrès cette semaine. Et peut être que le weekend prochain, elle pourra rentrer une journée à la maison pour « tester » la sortie.
On s’est quitté avec un grand sourire. Pour la première fois, elle n’a pas eu besoin de me serrer longtemps dans les bras. N’a pas eu besoin de dire que ça allait être difficile. Elle m’a juste dit qu’elle n’allait pas manquer de sujets de discussion avec sa psy
Et qu’elle avait hâte d’aller jouer aux cartes avec les infirmières et les autres patients. Et qu’elle a hâte de rentrer.
Je l’ai sentie apaisée, beaucoup plus sereine.

 

Entendre ce qu’on n’a pas envie d’entendre

 

Les médecins nous poussent à réagir, à faire des choses.
A un moment, Delphine m’a dit lors d’un rendez-vous avec ma fille qu’il fallait un cadre à ma fille. Qu’elle a perdu les repérés et qu’il n’y a plus du tout de cadre. Qu’elle vit à l’extérieur de la « maison ». Elle me dit qu’il est important que je prenne une décision. Pour moi. Pour que ma fille puisse retrouver se repères.
Sur le coup, je lui en ai voulue beaucoup. Pour qui se prend-elle de me dire ce genre de choses? Elle ne connait pas mon histoire, ne sais pas ce que je vis. Et pourquoi dire cela devant ma fille?
J’en ai parlé avec ma fille dimanche. Elle m’a dit qu’elle avait été tellement contente que Delphine m’ai dit cela. C’était la première fois que quelqu’un  exprimait ce qu’elle ressentait vraiment. C’était vraiment les mots qu’elle voulait qu’on me dise.

Hier, le Dr m’a dit qu’il y a un problème de communication entre ma fille et son père. Qu’à part la « pluie et le beau temps » les échanges n’allaient pas beaucoup plus loin. J’en ai fait part à mon mari. Il a mal réagi au premier coup. Comme moi ci dessus.
Il ne comprend pas. Mais c’est dit, et il est important d’y réflechir.
Le médecin lui a également dit qu’il fallait qu’il parle de notre décision avec notre fille. Ce sera une discussion plus profonde… J’espère.

 

Autorisation de sortie

novembre 30th, 2009

Lorsque nous étions avec notre fille dimanche, elle a dit qu’on allait devoir rencontrer le Dr cette semaine pour parler d’une éventuelle sortie le weekend prochain.
Mon mari dit qu’il faut le prévenir à l’avance car il a un planning d’enfer cette semaine et qu’il ne peut pas s’organiser au pied levé…. Ma fille et moi sommes bouche bée et c’est ma fille qui lui dit « Papa, je ne vais pas moisir ici à l’hôpital jusqu’à ce que tu trouves le temps de venir en rendez-vous « . Ton travail est important mais moi je veux sortir d’ici ».
Voilà, c’est dit.

Le Dr m’a téléphoné lundi pour me dire qu’il peut nous voir vendredi afin de parler d’une sortie pour le weekend de notre fille.
Je lui dis que mon mari ne sera probablement pas disponible (il est à la chasse jeudi et vendredi!!!) compte tenu d’un agenda très chargé. Il me dit que si mon mari est d’accord, je peux venir seule et qu’il le verra en consultation ultérieurement.
Je lui demande comment elle va et comment elle a réagi après notre conversation de dimanche. Il me dit qu’elle veut rassurer tout le monde. Qu’elle en parle avec la psy et que bien évidement elle est assez choqué. Il me dit aussi qu’il y a un problème de communication entre son papa et elle (à part parler de la pluie et le beau temps, on ne va pas plus loin).
Je transmets cela à mon mari. Evidement il s’énerve, dit qu’il parle beaucoup avec notre fille, qu’il ne veut pas aborder de sujets trop lourds avec elle. Et le médecin  se prend pour qui ? De dire cela? Et puis de donner un rendez-vous à se courte échéance? Comment les parents peuvent s’organiser?
Je le laisse parler. Cela ne sert à rien que je réagisse. Il est convaincu d’avoir raison.
Un rendez-vous pour la sortie de sa fille ce weekend, un rendez-vous prévu 5 jours à l’avance… cela ne vaut pas une annulation de chasse?
Et puis, il m’annonce que le weekend il ne sera pas là non plus. Qu’il reviendra de la chasse dimanche matin…. Ma fille passera donc le weekend avec son frère et moi. Rien ne change. Rien n’aura changé. Et la maladie de ma fille aura juste servi à me faire prendre la décision de me séparer de son père.

Finalement, il me reproche de ne pas l’informer de mes contacts avec l’hôpital. Je lui dis que j’appelle l’hôpital tous les jours. Et puis j’écris aussi sur mon blog. Mais il ne me demande pas des nouvelles. Et il ne lit pas ce que j’écris (sa dernière connexion date de fin septembre). Il va téléphoner au médecin. Après tout, un rendez-vous peut très bien se faire par téléphone!
Il me rappelle après. Me dit que le médecin essayera de la voir mercredi. Qu’il n’est pas d’accord avec mon mari qui la trouve très déprimée. Qu’il trouve qu’il y a des progrès. Et puis, il lui dit qu’il doit parler avec notre fille de notre séparation.
Il n’a pas réussi à impressionner le médecin.
Et le médecin lui a dit ce qu’il pensait.

Souvenir de 2002

novembre 27th, 2009

Lorsque nous avons rencontré le psychiatre de ma fille, mon mari et moi avons parlé de notre propre adolescence. Deux histoires totalement différentes. La sienne, enfants unique, pension, relation houleuse avec le père… et pour finir une triste perte de sa maman. La mienne, 2 frères, jeunesse facile, adolescence « normale » et bien remplie, souvenirs merveilleux, beaucoup d’amour,  liens familiaux très forts et encore aujourd’hui un « clan » dont tous les membres sont très proches.
Le psy m’a demandé s’il n’était pas difficile pour moi de vivre la séparation avec ma fille compte tenu du fait qu’on soit tous tellement proches.
Pour moi, cela a été un soulagement de la savoir en sécurité à l’hôpital. Et je sais qu’on va se retrouver et que rien ne pourra casser notre relation.
Cette séparation, je la vis bien. J’ai le temps de souffler un peu, j’ai le temps de réfléchir. Et surtout, je sais que cette séparation est nécessaire afin que ma fille puisse prendre ses distances par rapport à moi.
Parfois je me demande même si il ne serait pas mieux qu’elle ne me voie pas du tout pendant quelques semaines. Pour se construire. Pour ne pas rester « accroché » à moi….

J’ai retrouvé une lettre que j’ai écrite le 4 mai 2002 lorsque son père, elle et moi avons consulté un psychiatre :

Nous sommes allés voir un psychiatre aujourd’hui, elle, son papa et moi… pour essayer de l’aider à se débarrasser de ses angoisses, de ses peurs, de son mal de vivre, parfois.
Pour tenter de la libérer un peu de moi, car elle est beaucoup trop dépendante.
Elle était inquiète, angoissée. Elle avait du mal à parler, par peur de fondre en larmes. Elle n’a pas cessée de me regarder, de chercher de l’assurance dans mon regards, de chercher mon approbation, peut être?
Le psy s’est adressé à elle uniquement. C’est bien. Il posait des questions appropriées, lui expliquait les choses en essayant de les transmettre dans son langage. Il lui dit qu’elle me regarde trop, qu’elle ne s’adresse pas à son papa. Qu’elle devrait essayer de répondre sans moi. C’est un premier pas vers une sorte de libération.
Mais quoi de plus normal qu’un enfant de 9 ans  qui s’adresse à sa maman, qui s’attache à sa maman parce que le papa n’est jamais vraiment présent?
Ensuite, il m’a demandé si elle me racontait beaucoup. Oui. Tout? Presque … Et à son papa? Hochement dubitatif de la tête. Est-ce que s’est ta maman qui te pose (t’oblige?) des questions ou est ce que c’est toi qui veut parler? Les deux !
Evidement qu’elle me parle beaucoup et que j’essaie de la pousser à s’exprimer. Il n’y a que comme ça que je peux la comprendre et l’aider. Ca me parait tellement essentiel de communiquer ensemble.
Est-ce que ton papa est sévère? Un peu… dans la moyenne… Elle n’ose pas en dire davantage.  Est-ce que ton papa te fait peur? Non… Non? Stupéfaction de ma part. Je ne dis rien. Je ne veux pas l’influencer. Mais elle a peut de dire la vérité. Un enfant qui n’a pas peur de son papa, ne se met pas à pleurer à la moindre remarque. Cet enfant n’a pas peur de venir dans la chambre de ses parents parce qu’il fait des cauchemars. Ma fille n’ose pas venir… elle me répète sans arrêt qu’elle a peur de venir dans notre chambre la nuit par peur que son papa se fâche et la renvoi sans sa chambre. Ce n’est pas une angoisse ça??
Le psy lui dit qu’il faudrait que son papa soit plus sévère. Plus sévère??? Je n’en crois pas mes oreilles. Elle a justement besoin d’être rassurée, de pouvoir parler avec lui, de jouer avec lui… tout simplement besoin de le voir et de nous voir bien ensemble. Ce n’est pas en étant maladroitement sévère qu’on résoudra quoi que se soit.
Il lui a dit qu’elle s’inquiète trop pour sa maman. Elle a du mal à comprendre que je suis une femme indépendante qui peut très bien se débrouiller toute seule. Mais elle n’a que connu le contraire à la maison. Une maman qui n’est pas respecté par son mari et qui est sans arrêt diminuée dans leurs yeux. Une maman qui essaie de compenser les absences de leur papa en donnant peut être un peu trop.
Ma fille se met à pleurer. Fort. Ca lui fait du mal d’entendre qu’il faut se séparer un peu de sa maman et peut être se rapprocher un peu plus de son papa. Il a raison. Tout à fait raison.
Mais comment se rapprocher se son papa si il n’est pas présent? S’il ne partage pas le quotidien avec nous? S’il continue à être absent comme il l’a été toutes ces années?
Ma pauvre petite fille. Ca me fait mal de sa voir secouée comme ça. Mais je suis contente que les choses aient été dites.

Je sors de ce rendez-vous avec l’impression d’être une mère envahissante, presque tyrannique…. Pourtant je ne rêve que d’une famille unie. Je rêve d’avoir un mari présent et un père pour les enfants. Je veux que mes enfants soient indépendants, qu’ils puissent s’épanouir et avoir une adolescence heureuse.  Mais si je ne m’en occupe pas, qui va le faire?

Décision de couple

novembre 23rd, 2009

Nous allons à la messe pour le décès du papa d’une amie proche. En principe je dois diner avec mon mari après. Pour parler. Je n’ai pas dormi cette nuit. Une nuit blanche complète. Car je dois lui annoncer que je vais me séparer de lui.
Il m’appelle lorsque je suis dans la voiture pour aller à la messe. « Ne m’en veux pas mais je préfère remettre notre diner à plus tard. J’ai mal à la tête, une grosse migraine et nous avons des choses importantes à aborder. Tu n’as pas dormi cette nuit, donc c’est mieux de se voir un autre jour ». Cela fait des semaines que j’essaie de parler, mais qu’on ne trouve pas de moment. J’insiste. On se verra mardi alors.

Je vais boire un verre car je suis trop tôt. Il me rejoint pendant quelques minutes. S’installe à ma table. Je lui dis que je vais le quitter. Tant pis que ce n’est pas l’endroit ni le moment. Je lui dis qu’il y a deux choix : soit je pars à Bruxelles avec les enfants après noël, soit il quitte la maison et je m’occupe de la retaper et la mettre en vente.
Il sent que je suis sérieuse. Me dit qu’il m’interdit d’aller à Bruxelles, que je ne peux pas le mettre hors de la maison, que ce n’est pas le moment pour notre fille et qu’il est d’accord sur le principe de divorcer….
Que des contradictions.
Je lui réponds qu’il ne peut pas m’interdire quoi que ce soit. Que je fais aussi ce que je veux. Que je ne vis pas dans une prison et qu’il ne me fait plus peur avec ses menaces.
Que s’il ne veut pas parler, on passera par les avocats.

Ma fille

novembre 23rd, 2009

Photos du 22 novembre : malgré son chagrin, elle toujours aussi belle, beaucoup plus sereine… et toujours prête à faire le pitre.
Elle reste lucide et parfois elle se dit qu’elle est dans un asile psychiatrique … ce qui serait le cas si elle avait plus de 18 ans!