Couper le cordon

janvier 19th, 2010

Il faut couper le cordon. Elle est trop attachée à moi. Trop dépendante. Elle me déteste, elle m’aime, elle ne sait plus comment faire pour prendre sa liberté.
J’ai lu dans ses lignes que je ne la comprends pas. Qu’elle veut mourir. Que c’est à cause de moi qu’elle est dans cet état.

Je ne sais plus quoi faire. Je suis perdue. Je suis la seule à s’occuper d’elle, à chercher des solutions, des médecins, un hôpital du jour, des psychologues, des formations. Mais tout ca va se retourner contre moi. Tout ça est inutile. Elle me reproche de ne pas la comprendre, de ne pas savoir lire ses crises, ses hurlements. Ne pas comprendre ce qu’elle veut que je comprenne. Mais comment comprendre? Comment se mettre dans la peau d’une ado malade. En dépression.

Il faudrait probablement l’hospitaliser sans que je puisse la voir. Sans qu’elle puisse avoir le moindre contact avec moi. Je comprends aujourd’hui l’importance de cet isolement. De cette coupure qu’on exige avec la famille. Il a fallu parcourir un long chemin pour y arriver.
Peut être que la lecture de son cahier m’a aidé. Elle ne veut pas que je le lise. Mais en même temps, elle le laisse dans sa chambre pour que je lise. Elle l’emmène chez la psy pour lui lire des passages. Pourquoi alors les psys ne me disent pas quoi faire? Me font sentir que c’est moi la cause de ses problèmes. Alors que c’est moi qui veut une solution. Qui les harcèle. J’appelle l’hôpital presque tous les jours. Pour proposer des médecins, des institutions, des cliniques d’accueil pour jeunes.
Hier soir, le médecin m’a dit que c’était à lui de s’en occuper.
Oui, mais je dois attendre. Je ne veux pas attendre. Je veux qu’on la prenne en charge de suite. Qu’on la soigne. Qu’on l’éloigne de moi si cela peut être une solution. Je suis prête à tout abandonner pour qu’elle guérisse. Pour qu’elle vive au moins un bout d’adolescence comme moi je l’ai vécu. Pour qu’elle profite de la vie comme moi j’en ai profité. Pour qu’elle connaisse des chagrins d’amour, qui vous font vivre. Qui vous font souffrir mais qui font qu’on est humain.

Je ne peux plus supporter de lire qu’elle veut mourir. Que seul moi je peux faire quelque chose.  J’ai tellement peur. Tellement peur. Tout est tellement contradictoire.

Nous allons à l’hôpital cet après midi. Est-ce qu’ils vont pouvoir proposer des solutions, des traitements?