Gros coup de blues

novembre 23rd, 2009

Je ne sais pas pourquoi je me sentais mal samedi. J’étais fatiguée, démoralisée, me suis occupée dans le jardin pour me changer les idées.
Dimanche matin j’attendais avec impatience de pouvoir aller à l’hôpital. Et a 1 heure précise je suis sortie de l’ascenseur, j’ai vu ma fille qui m’attendais et qui s’est jeté dans mes bras. Le temps était trop long. Elle avait besoin d’un ENORME câlin.
La journée de samedi et dimanche matin ont été trop difficiles. Elle avait besoin de nous voir, avait envie d’être proche de nous. Est-ce que j’ai pu ressentir ça?

La cause de ce coup de blues n’est pas la prise de poids. Elle en prend lentement mais surement. C’est surtout le changement dans les patients au niveau de son service. Le service pédiatrie est complet, donc certains enfants ont été transférés dans le service des ados. Avec des pleurs toute la nuit, des mamans qui mangent les croissants qui étaient destinés aux ados, avec des infirmières surmenés et qui ont moins de temps, moins de patience.
Et puis surtout, d’autres ados qui ont rejoint le service. Essentiellement des jeunes qui ont fait des tentatives de suicide, dont une qui a eu une grande dispute avec sa maman dans la chambre de ma fille. Une maman qui a giflé sa fille, qui lui a dit des horreurs. Des choses que ma fille ne pouvait même pas s’imaginer. La maman a été rapidement évacuée du service? Mais dimanche matin, la jeune fille a fugué de l’hôpital…. Notre fille était bouleversée. A demandé à plusieurs reprises si on l’avait retrouvé. Ce qui a été le cas dimanche soir, mais on ne sait pas dans quel état et ont ne sait pas où elle est.

Ma fille a pleuré beaucoup. Elle sait maintenant qu’elle ne veut pas rester à l’hôpital. Qu’elle veut en sortir rapidement. Mais que son problème psychologique n’est pas réglé. Et que tant que cela ne sera pas fait, elle ne sera pas capable de sortir.

Elle a écrit dans notre cahier pour la première fois depuis le mois de septembre. Elle a vidé tout ce qu’elle avait sur le cœur. Ça lui a fait du bien, mais en même temps elle me dit qu’elle a écrite des choses dont elle n’ose pas parler. Ni avec moi, ni avec les médecins. Elle me demande si elle peut le faire lire à la psychologue, ou si elle peut en parler. Je la rassure et lui dit qu’il est important de dire les choses, d’en parler avec l’équipe médicale. Que c’est seulement comme ça qu’elle pourra s’en sortir.

Je lui ai lu une lettre que j’ai écrite en 2002 lorsque son père et moi l’avions emmené voir un psy car elle avait énormément d’angoisses. En écoutant mes mots elle se rend compte que rien à changé… à part le fait qu’elle n’a plus peur de son père.
Et moi, je vois que rien n’a changé. Qu’il est temps de réagir.

Elle a reçu des lettres, des cadeaux, des dvd et en est ravie. Son médecin trouve que sa chambre devient trop encombrée… trop « cosy ». Avec des photos au mur, un panneau fait par ses amies, ses coussins, ses doudous… la chambre est agréable et elle s’y sent bien.
Mais elle est heureuse qu’on pense à elle. Heureuse de savoir qu’elle est « quelqu’un ». Ce sentiment d’être plus rien la quitte petit à petit.

Elle demande si elle pourra voir ses amies bientôt. Me dit qu’il faut insister auprès du médecin. Même pour 1 heure.
Elle demande également de voir une nutritionniste pour l’aider.

Il y a du progrès malgré tout. Et peut être que ce coup de blues est bénéfique car cela lui permet de voir qu’elle veut sortir de là et que finalement ce n’est pas un cocon aussi agréable qu’elle le pensait.