Je prends un peu d’air

février 7th, 2010

Vendredi soir.  En arrivant à Bruxelles  vers 21h30, j’appelle les enfants.

Ma fille est déjà au lit car elle a une soirée samedi soir à Paris et veut se reposer.  Il y a quelques jours, elle a demandé à son papa s’il voulait bien l’inviter avec ses amies au restaurant avant la soirée.
Avant de demander cela à son père, elle a  senti le besoin de valider avec moi si cela ne le gênerait pas. Avait peur que cela serait trop cher. Et peut être peur d’obtenir un refus? Je la rassure. Lui dit que cela fait plaisir à son papa de les inviter au restaurant. Qu’il sera bien fier d’être avec ses 4 filles. Que si c’était trop cher, il aurait pu les emmener dans un restaurant plus simple.  Etc. etc.
Le jour après, elle me redemande la même chose. Elle culpabilise d’imposer » les 3 copines.  Que ça lui fait plaisir mais … enfin je passe les détails.  Bref, je lui dis de ne pas s’inquiéter. Que cela se passera très bien et qu’il sera très content.

Bref, je pars à Bruxelles en laissant la garde des enfants à mon mari pour le weekend.

22h20. La maman de l’amie de ma fille me téléphone. « A » a oublié son sac le jeudi soir  à la maison et en a besoin pour le lendemain car elle a un contrôle au lycée le samedi matin.
Son mari étant déjà en route pour venir chez nous. Je lui dis que je suis à Bruxelles mais que j’appelle les enfants. Mon fils prend le téléphone. Il est déjà au lit mais ne dort pas. Je lui demande s’il peut prendre le sac et l’emmener en bas pour donner au papa d’A. Il est contrarié, rentre dans la chambre de sa sœur pour demander gentiment où est le sac. Elle ne répond pas. Se cache sous les couvertures. Il ne sait pas quoi faire. Essaie de lui parler doucement. Mais elle le repousse. Lui crie dessus « va t’en ». Je dis à mon fils de laisser le téléphone sur son lit. Que je rappelle ma fille qui refuse de me parler. Le téléphone sonne dans le vide. Je rappelle mon fils. Il me dit qu’elle a lancé le téléphone à travers la chambre, qu’elle hurle, qu’elle ne veut pas me parler. Entre temps le papa de A attend devant la porte et ma fille refuse de se lever pour chercher le sac de SON AMIE. Mon fils est perdu, s’affole, pleure.
Je suis furieuse. Tellement fâché. Ma fille ne va pas au lycée, n’a rien à faire pendant la journée, est capable d’aller en boite jusqu’à 3 heures du matin, peut passer la nuit à discuter avec ses amies sans dormir, estime qu’elle est suffisant « mature » pour prendre ses propres décisions,  … Et là. Elle est incapable de se lever à 22h30 pour chercher le sac de sa copine??
J’appelle la maman d’A pour demander que son mari entre dans la maison pour aller calmer mes enfants et chercher le sac. Je suis totalement impuissante. N’arrive pas à joindre mon mari qui est sorti à Paris et dont le portable « ne passe pas». Je lui laisse des messages. Je fini par l’avoir en ligne grâce à des amis. Il appelle ma fille qui veut bien lui répondre. Elle se calme. Elle raconte  sa version des faits à son père. Je précise les choses, car j’ai tout entendue, tout vécu pendant les 23 coups de téléphone entre 22h20 et 23h00.

Samedi, je n’appelle pas ma fille. Je suis tellement fâchée, tellement déçue par son attitude. Elle m’appelle dans l’après midi. Me dit que ça ne va pas, qu’elle a fait une crise vendredi soir. Je lui demande ce qu’elle en pense. Je reste assez froide. Je sens qu’elle va mal, qu’elle a besoin d’être rassuré. Mais je m’oblige à ne pas lui dire ‘ma puce, ma chérie… . Je lui parle en utilisant son prénom, et ça, elle n’en a pas l’habitude. Elle me dit ‘ce n’est pas la peine » et me raccroche au nez.

Je passe l’après midi en ville. Mal au ventre, inquiète car je sais que ma fille est seule à la maison. Son frère est allé chez un ami où il va passer la nuit, et son père avait des choses à faire à Paris.

En fin de journée, je n’ai toujours pas de nouvelles. Envoi un SMS à mon mari, mais reste sans réponse.
Je fini par appeler à la maison. Ma fille répond. Ouf, suis soulagé. Elle me dit qu’elle est déprimé, qu’elle ne va pas à la soirée, qu’elle est mal car je l’ai « engueulé »… Je lui réponds calmement en lui adressant par son prénom. Cela ne lui plait pas. Elle me raccroche au nez.

Heureusement, que la maman d’A me tient au courant. Elle me dit de ne pas m’inquiéter. Que les 2 amies de ma fille ont fait une « opération commando » en débarquant à la maison pour se préparer pour la soirée.
Mon mari m’envoie enfin un message à 20 heures pour dire qu’il emmène les filles au restaurant.

Elles passent une excellente soirée. Je me demande pourquoi je m’inquiète…. Faudra que j’apprenne à laisser tout tomber les enfants sont avec lui. Tant pis s’il n’est pas là ou pas joignable. C’est une leçon à apprendre. Pour lui et pour moi.

La conclusion de ce weekend reste quand même la difficulté à faire la distinction entre la malade et l’ado. C’est l’éternelle question.
Aujourd’hui je vais essayer d’oublier un peu la malade. Car le respect doit rester. Quoi qu’il se passe. Il y a des limites à ne pas dépasser, même dans l’état où elle se trouve.
Et si cela provoque encore des « électrochocs »… et bien il faudra vivre avec