Journée noire

novembre 9th, 2009

Je reste sans mots, sans voix. J’ai pu crier, j’ai pu pleurer. Maintenant, c’est le vide.

Ma fille est à l’hôpital. On lui a appris son hospitalisation ce matin 15 minutes avant de partir. Elle savait que ça allait arriver. Mais elle s’est renfermée encore plus. Elle a fait une crise, elle a hurlé, c’était inévitable.

J’ai fait sa valise. Elle a fait sa valise. Elle ne voulait pas d’aide.
Finalement elle est descendue, elle est allée dans la voiture. Seule, en pleurant. Elle ne voulait pas que sa marraine l’accompagne. Elle voulait être seule avec moi. Sans le dire.
Elle m’adresse plus la parole, m’ignore, siffle entre les dents de la laisser tranquille.

« Adieu Aston, je vais à l’hôpital pour mourir… » Voilà les derniers mots qu’elle a dit en quittant la maison.

Dans la  voiture elle pleure, mais elle est calme. Elle prend ses affaires en arrivant à l’hôpital. Me suit, me tourne le dos et ne veut plus me voir.
On attend, son papa n’étant pas encore là. Elle recommence à pleurer, veux venir dans mes bras. Mais le téléphone sonne. C’est son papa… elle se referme avant même que j’ai pu la prendre. Elle remet le masque.
Je fais les papiers d’admission. Son papa arrive mais elle ne veut pas le voir.
Il voit le médecin. Et on part.

Elle a une chambre seule, mais ils vont la mettre avec une jeune fille qui est rentré hier pour les mêmes raisons.

Je ne sais pas quand je vais la revoir. Je ne sais pas quand elle voudra me revoir.

J’ai téléphoné à sa psy pour lui annoncer la nouvelle sur sa messagerie. Depuis 2 heures je reste sans réponse… Quel soutien!

 

 L’hôpital … et après?

L’hôpital est une étape incontournable. Mais il faut prévoir la suite. Ellene pourra pas revenir à la maison. Retournerau lycée. Revenir sans cette famille qui n’en est plus une.
Je vais partir. Je vais emmener mes enfants à Bruxelles.
Je dois m’organiser maintenant. On a trop soufferts. On a trop vécu… ou pas vécu.
Je vais faire beaucoup de mal. Mais je dois créer une rupture. Je dois offrir à mes enfants une autre vie, donner d’autres perspectives.
Il faut un changement radical. Même temporaire.

Il n’y a pas de responsable, pas de reproches à faire. On a essayé. On n’y est pas arrivé malgré toute la volonté du monde.
Je ne veux pas faire mal. J’ai peur du changement. Mais rester serait une erreur.
On le sait depuis longtemps. On ne veut pas l’avouer.
Il y a 20 ans, le mur de Berlin est tombé. Aujourd’hui c’est moi qui casse notre mur.