Le lycée … c’est fini

janvier 18th, 2010

Weekend fort en émotions.
Depuis vendredi, elle était fermée, peu accessible, perturbée. Un peu comme le weekend avant son hospitalisation…. Crise sur crise. Impossible de la faire sortir de là. Impossible de communiquer.
Dimanche après midi, la crise était trop forte.
Pendant plus d’une heure elle a hurlé, pleuré, s’est roulé sur le sol, a tapé sa tête contre les murs, contre le sol. Elle ne voulait pas que je la touche, que je lui parle. J’étais impuissante, totalement démunie. Je ne pouvais que rester près d’elle en la regardant et en priant pour que ça passe.
Au bout d’une bonne heure, elle a commencé à me demander de lui dire que je l’aime. Tout simplement. Elle n’attendait que ça. Mais comment savoir ce qu’elle attend à ce moment là? Ce n’est jamais la même chose. Mais dans sa tête, je devrais le savoir, le deviner. Elle pense qu’en hurlant je devine ce dont elle a besoin d’entendre. Je devrais être dans son tête, dans son corps.

Une fois calmé elle me dit « maman, j’ai bien réfléchi. Je dois arrêter le lycée. C’est trop de pression et je ne peux pas y retourner. Je préfère redoubler cette année pour me guérir et ensuite refaire mon année pour avoir un bon dossier pour la suite. ».
C’est une décision très difficile. Et elle m’explique que c’est la même sensation qu’elle a eu juste avant son hospitalisation. Elle savait que c’était inévitable. Comme elle sait maintenant que l’arrêt du lycée est inévitable.
Elle veut être seule, s’isoler. Comme à l’hôpital. Mais sans retourner à l’hôpital.
Elle a peur de cette décision. Peur de regretter.
Je la rassure. Ce n’est qu’une année dans sa vie. Et le principal c’est sa santé. Elle pourra profiter de ces quelques mois pour trouver sa voie, pour faire des choses qui l’intéressent ou du moins trouver les choses qui l’intéressent.

Juste après, on a pris le goûter ensemble. Sa copine m’a téléphoné pour demander si elle pouvait passer avec son autre amie. Ma fille refuse. Me demande de ne pas les faire venir. Elle ne veut plus les voir. Se sent lâchée par elles.
Je rappelle leur maman pour dire qu’il ne faut pas venir, même si je sais au fond de moi qu’elle en a besoin.
Une demi-heure plus tard, les deux filles sont devant la porte. Contre l’avis de tous.
Elles ont décidé de prendre le risque de venir et tant pis si elle ne veut pas les voir.
Je les fais entrer dans le salon où est ma fille. En larmes. Et je les laisse. Chacune verse des larmes, chacune raconte son histoire, partage ses douleurs.
Et puis, j’entends des rires …
Quel soulagement, quel bonheur. Je ne pourrais jamais dire combien je suis reconnaissante qu’elles soient venues. Qu’elles aient remis un sourire sur le visage de ma fille. Qu’elles se soient retrouvées.
Merci aux mamans qui ont été là pour expliquer l’amitié. Merci aux filles d’avoir écoutés ou plutôt de ne pas avoir suivi notre avis de ne pas venir!

La soirée s’est déroulée tranquillement. Elle a parlé, rigolé. Elle est rassurée, sait que ses amies sont là. Sait qu’elle peut faire des projets avec elles, même si elle n’est plus au lycée.

Ce matin, j’ai laissé ma fille au lit. Elle reste seule aujourd’hui. Va promener le chien. Réfléchir à ce qu’elle va faire. Et puis, préparer son déjeuner seule.

J’ai téléphoné au médecin de Poissy pour l’avertir. Il ne veut pas qu’elle reste sans rien faire mais va se renseigner pour un hôpital de jour. On verra tout ça jeudi.
Il déconseille les institutions tels que la maison de Solenn ou Montsouris car les listes d’attente sont trop longues et que c’est maintenant qu’il faut de l’aide.

Je lui envoi également la sœur de la meilleure amie de ma fille. Elle ne mange plus que des pommes, s’isole. A des symptômes trop proches de ce qu’on a connu. Il faut qu’elle se fasse soigner rapidement. Ne pas attendre.
Ma fille a peur pour elle. Ne supporte pas l’idée que cela puisse arriver à cette jeune fille qu’elle connait bien. Veut être là pour l’aider comme elle peut. Mais sait aussi que si elle est « dans la maladie », celle ci ne voudra rien savoir.

Mon mari a passé le weekend à Cannes. N’a pas vécu des moments difficiles. N’a pas vécu la décision de notre fille. Il se repose car la pression semble trop grande