Le temps me manque

janvier 8th, 2010

Déjà plusieurs semaines que ma fille est sortie de l’hôpital.  Déjà plusieurs semaines que je n’ai plus le temps d’écrire, plus l’envie de partager. Peut être parce que j’ai passé 2 semaines avec ma famille et qu’il y avait pleins d’oreilles pour écouter, pleines de bouches pour parler, pleins d’états d’âmes à partager.

Globalement les fêtes ont été « folkloriques ». D’abord une semaine à Bruxelles: moi et mes enfants. Ensuite, les enfants ont passé une semaine avec leur papa à Cannes. Lorsque nous avions dit au médecin que nous allions passer des fêtes séparément, le médecin a dit qu’il trouvait « l’idée intéressante ». Et bien, c’était le cas!

D’abord notre fille : Malgré un moral très fluctuant, une base dépressive qui reste très présente et des crises régulières autour des repas, elle n’a pas perdu de poids depuis sa sortie de l’hôpital. Certes, il faut qu’elle prenne encore une dizaine de kilos, mais c’est déjà rassurant que malgré cette période difficile des fêtes, elle n’a pas maigri!

Elle a repris le lycée lundi dernier avec beaucoup d’appréhension.  Toutefois, cela se passe relativement bien au niveau des cours, mais la relation avec ses amies est très médiocre. Elle continue à se sentir « ailleurs », ne partage pas leurs rires, leurs discussions, leurs activités. Elle n’a qu’une seule envie: rentrer le plus vite possible dans le cocon à la maison.

On a vite compris qu’il allait être trop difficile pour elle de suivre tout le programme scolaire. Sortir 2 fois pas semaine à 18 heures, 2 fois par semaine à 17 heures + le mercredi + les devoirs… c’est trop pour elle.
Ce matin j’ai vu la directrice avec notre fille et nous avons décidé d’alléger son programme (disons plutôt que je l’ai imposé un peu…). Sortie tous les jours à 16 heures. Pas de rdv médicaux etc. pendant les heures de cours mais rattrapage des cours et devoirs pendant les heures de permanence et de gym (qu’elle ne peut pas suivre). Demande de dispense pour les TPE … tant pis, cela fera quelques points de moins au bac, mais il faut avant tout penser à sa santé.
Et puis, le lycée propose que les profs lui donnent des cours pendant ses heures de perm pour l’aider.
Donc, rdv très positif et soulagement pour notre fille. Un souci de moins et un cadre bien déterminé!

Le cadre … est-ce que j’en ai parlé déjà?
Lors de l’un des premiers rendez-vous avec la première psy de notre fille (Delphine), celle ci m’a demandé en présence de ma fille pourquoi je n’ai jamais pris de décision
par rapport à mon couple. Je lui ai répondu que je n’osais pas, que chaque fois que je prenais une décision de partir, mon mari arrivait à me rattraper, à me convaincre de rester. Et puis, j’avais tellement peur …

Elle m’a répondu que nos enfants avaient besoin d’un cadre bien défini. Elle a dessiné une maison avec des petits personnages qui flottaient autour de cette maison : mes enfants. Elle m’a dit qu’il fallait que je prenne une décision. Rester ou partir. Mais que tant qu’il n’y avait pas de décision et de cadre, les enfants resteraient perdus et ma fille ne pourrait pas guérir.
Sur le coup, je lui en ai voulu énormément. « De quoi elle se mêle cette psy »! Elle ne connait pas ma vie, ne connait pas mon histoire, ne sait pas ce que j’ai vécu….
J’étais fâché, car elle a dit tout cela en présence de la fille.
Je suis sortie bouleversée de ce rdv…

Mais quelques semaines plus tard, j’ai pris la décision. Nous avons peut être pris la décision ensemble, car chacun est d’accord.

Lorsque ma fille était à l’hôpital, on a continué à beaucoup parler. Et elle m’a dit que ce qu’elle avait apprécié avec Delphine, c’est que c’était la première qui avait exprimé à haute voix ce qu’elle voulait qu’on me dise…
« Elle t’a dit exactement ce que je pensais, exactement ce que je voulais qu’on te dise, ce que je n’osais pas dire ou ce que je ne savais pas exprimer ».

Tout cela m’a ramené sur terre. Et aujourd’hui les choses sont en route.
Je suis soulagé, même si cela ne va pas être facile. Mais les enfants sont également soulagés. Ils ont enfin pouvoir grandir, enfin pouvoir s’épanouir. Et je sais que ce sera une des raisons qui aideront ma fille à guérir.

2010 est donc pour moi une année de transition, de changements, de nouveautés. Elle ne sera pas tous les jours facile, mais j’espère qu’avant tout on arrivera à garder un certain équilibre et un dialogue permanent.
Cela est essentiel pour les enfants (et le nôtre!).

J’espère aussi que les amis resteront proches, même si à terme des choix seront obligatoirement faits.

Beaucoup ont pensé fin 2009 que cela était encore une crise passagère et que je n’aurais pas les c…. pour partir. Je vais prouver en 2010 que je suis une femme indépendante et bien. Je resterai toujours une maman très présente, mais je vais m’accorder du temps pour VIVRE…. sans peur.

Bonne année mes amis!