Les crises de boulimie s’enchaînent

juin 7th, 2010

C’était plus que prévisible : la boulimie après l’anorexie. Ou plutôt : les deux ensemble. Voilà où on en est aujourd’hui.
Elle se prive pendant quelques jours. Et puis, elle se jette sur la nourriture pour combler le manque. Suivi des vomissements et de la honte. De la peur. Du désespoir.
Ces crises surviennent uniquement quand elle est seule. Pas quand je suis là. Maintenant, elle m’appelle pour me dire ce qu’il s’est passé. Pour pleurer et se faire consoler.

Son coeur lui fait mal. Il pleure. Elle est malheureuse.

 

Vendredi soir, elle et son frère étaient prêts pour aller chez leur papa. Mais au dernier moment elle a craqué. Trop peur d’aller chez son père. Trop peur d’être avec lui. Trop peur qu’il n’arrive pas à gérer les repas. Elle culpabilise de se sentir comme ça. Elle veut passer du temps avec son frère et son papa, mais elle n’arrive pas à y aller. Il y a trop de tensions quand ils sont tous les 3. Pourtant, leur papa fait tout pour que ce se passe bien. Il avait acheté des sushis car il sait qu’elle mange cela. Il accueille une amie à elle samedi soir. Mais elle ne veut pas. Elle veut manger avec moi. Se calmer.
Nous décidons qu’elle reste à la maison jusqu’au samedi matin. Elle se calme. Mais reste ce sentiment de culpabilité de priver son frère d’une soirée avec son père. Mais son frère est content…. Nous lui expliquons que ce n’est pas à elle de gérer la relation entre son frère et son père. Que son frère est assez grand pour savoir ce qu’il veut (faire du vélo avec ses copains, de préférence tous le weekend, jour et nuit!). Si il veut aller chez son papa, il le dit.  Mais elle se sent responsable.

Finalement ma soirée tranquille de vendredi soir se transforme en soirée de Rumikub et conversations avec ma fille…. Sympa mais j’avais prévue de passer la soirée toute seule.
Samedi je l’emmène chez l’ostéopathe car elle a toujours mal au dos. Son papa nous rejoint au cabinet et récupère les deux enfants pour le déjeuner.
Ensuite, mon fils revient à la maison et ma fille passe l’après midi avec son papa. Le soir, son amie la rejoint et elles passent une soirée au restaurant à deux + sortie dans une boite de nuit (le Queen…) à Paris.  J’en suis pas ravie car j’estime que ce n’est pas trop de leur âge, mais son papa a prévue le propriétaire pour qu’elles soient accueillies et surveillées.  Elles ont passé une soirée mémorable!!

Le lendemain, journée avec son papa. Mais quand je la récupère en fin de journée, c’est de nouveau une fille déprimée qui arrive à la maison.

 

lle recommence à pleurer. Se dit malheureuse. Elle n’en peut plus. A l’impression de ne plus savoir qui elle est. Dit qu’elle ne comprend pas son papa. Et qu’il ne la comprend pas. Que tout est embrouillé dans son tête. Qu’elle se pose mille questions et qu’elle ne s’en sort pas. Elle ne se sent pas « chez elle » quand elle est chez lui.
Pendant une heure, elle pleure, elle se tord dans tous les sens.
Et puis, elle se calme… jusqu’au moment du repas.
J’ai préparé des pâtes. Je sais que ça va être difficile, mais il faut qu’elle mange des féculents.  En voyant son assiette, elle recommence à pleurer. Elle dit de suite qu’elle ne peut pas manger ça. Je lui donne de la soupe aux asperges, mais demande de manger quelques pâtes. Elle est désespéré et se rend compte qu’il faut marche arrière.
Elle a peur de grossir en mangeant ça et a besoin d’entendre que cela ne la fera pas grossir. Je la rassure et lui dit que cela lui permet uniquement de donner à son corps ce sont elle a besoin.
Finalement, elle mange les pâtes. Et est redevenue calme. Après le repas, je fais un jeu de société avec elle pour l’occuper.

Pour les médicaments, on réduit le Prozac à un demi comprimé par jour. Et elle peut prendre un anxiolytique au moment des angoisses. J’ai très peur de ce changement, mais je pense qu’elle doit changer d’antidépresseur. Et pour cela, il faut arrêter le Prozac d’abord.

Ma maman m’a donné une piste au niveau purement hormonal. Il a été prouvé que l’anorexie a une base endocrinologique et que le traitement avec un supplément d’hormones pourrait être bénéfique. Le taux de cortisol dans le sang d’une personne souffrant d’anorexie est plus élevé que la normale. Ce niveau élevé est du à la restriction alimentaire, le niveau excessif d’exercice physique, la purge (vomissements) et l’automutilation. Il semblerait que ces comportements peuvent être une façon de compenser un problème endocrinologique caché : l’insuffisance corticosurrénale (andreocortical) qui inclus une déficience de cortisol.
Bon, c’est un langage assez technique et il faut continuer les recherches. Je vais vérifier les prises de sang faites afin de voir si ce taux de cortisol a été vérifié. Mais comme elle a été vu par une endocrinologue l’année dernière, je suppose (!) que cela a été fait.