Hier, la psy a enfin mis notre fille sous prozac.
Elle n’a pas voulu le faire plus tôt. Elle ne donne qu’une toute petite dose.
Je viens de lire qu’une des raisons pour laquelle on ne donne pas les antidépresseurs, est le risque de la tentative suicide….
Je pensais que l’unique raison pour laquelle on attendait était le fait que cela ne guéri pas la maladie. Que c’est juste une façon de la « dissimuler ».
Ce qui me ramène à la journée de hier.
Elle est sortie du rdv avec le psy de très mauvaise humeur. Très contrariée par ce qu’on lui a dit et très remontée contre son père, qui pourtant avait passé la matinée avec elle pour lui acheter de jolis vêtements.
Elle a refusé de déjeuner avec lui au restaurant avant le rendez-vous et il a pris son repas pendant qu’elle regardait.
Après le rendez-vous on l’a emmené dans un resto pour qu’elle mange. Elle n’était pas contente parce qu’on ne mangeait rien. Mais je ne vais quand même pas me forcer à déjeuner deux fois dans la journée pour le plaisir de ma fille !!!! Déjà que je grossis aussi vite qu’elle perd du poids (j’exagère, mais je dois faire attention!)
Elle a pris une salade. Ensuite elle voulait aller au centre commercial proche de chez nous.
Dans la voiture, seule avec moi, elle n’a pas arrêté de pleurer, d’être désespérée.
Elle me dit « je ne peux pas te dire ce qu’il ne va pas. Je te le dirais plus tard. Ce n’est pas important… Je m’en veux de te faire souffrir, je suis une fille indigne. Je suis répugnante. Je prends trop d’importance. Je me trouve immonde. Comment tu peux m’aimer? Je ne suis plus rien. Je ne vaut plus rien… »
Je l’ai laissé parler. Je la dépose au centre commercial en disant que je passe à l’institut de beauté pour me faire un soin.
Qu’ensuite je ferai quelques magasins avec elle.
A peine arrivé à l’institut elle m’appelle : « maman, ça ne va pas. J’ai oublié mon argent » Je devine qu’elle fait allusion à mon cadeau d’anniversaire qu’elle veut acheter en cachette. Je la rassure en disant que je la rejoins dans une demi-heure.
Elle me répond « tu vois, je suis nulle, je vaux rien, je ne suis même pas capable de faire ce que j’ai à faire….’. Je suis désolé maman. Au revoir … » Et elle raccroche.
Mon cœur fait des bonds. Je m’affole. Je la vois disparaître…..
Et pourtant, il faut que je me reprenne. Il faut que je fasse ce soin pour moi. Pour montrer que j’ai aussi ma vie. Que je fasse confiance. Je me dis qu’elle sera là dans une demi-heure. Mais ces 30 minutes sont tellement longues…
Finalement, je la retrouve. Toute contente, toute tranquille. Comme si rien ne s’était passé.
Quelle putain de maladie. Quel enfer. Quelle angoisse.