Extrait d’un crise de ma fille (1 janvier 2011).
Entre les larmes, les hurlements, les cris de détresse, elle prononce quelques phrases. Il fait tenir compte que ces phrases sont dites pendant une crise, donc où elle ne maîtrise plus rien.Où on à l’impression que c’est uniquement sa maladie qui parle. Après la crise, le calme revient. Elle est détendue, comme si elle avait besoin d’enlever le bouchon par moment pour faire exploser le trop plein d’anxiété.
Je ne veux plus avoir mal.
Je veux pouvoir manger, m’amuser, danse comme je veux, et pas comme les autres veulent que je fasse.
Je veux partir dans un monde où tout est blanc. Tout blanc, toute seule. Un autre monde où je peux manger, m’amuser comme je veux.
Je prends du Lexomil, je dors. Au moins, quand je dors je ne pense plus à rien. Je veux tout le temps dormir. Je veux m’endormir et plus me réveiller. Je veux un monde imaginaire. Je veux m’endormir pour ne plus souffrir.
Je veux tout recommencer. Je veux renaitre. Oublier toute cette vie que je déteste. Cette vie où je souffre tant.
Pourquoi moi? Pourquoi? Qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça?
Je veux que ça s’arrête. Je veux recommencer dans un autre monde où tout est doux, où tout est blanc.
Je ne veux plus souffrir. J’en ai marre d’avoir si mal.
Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas.
Je ne sais pas qui je suis.
Je ne sais pas ce qui me plairait.
Je ne connaît pas le plaisir.
Je suis malheureuse.
Je veux un monde où tout est doux, tout est blanc. Je veux être toute seule. Pour ne pas souffrir. pour ne pas aimer.
Je me déteste. Je suis un fille nulle. Je suis une amie nulle. Je suis affreuse. Je suis horrible.
J’ai besoin de savoir ce qu’il se passe. Qu’est ce qu’il s’est passé? Je veux savoir. je veux savoir. Je veux savoir.
Je n’en peux plus de souffrir. Qu’est ce que j’ai fait? Pourquoi moi?
Pourquoi je souffre autant?
Je veux manger comme je veux.
Je veux m’amuser comme je veux.
Je veux pourvoir faire tout ce que je veux.
Je ne peux pas.
Je n’en peut plus.
Tant de souffrance.
Je veux ma boîte blanche. Je veux un boîte blanche dans laquelle je suis protégé. Dans laquelle je suis bien. Une boîte toute seule, sans personne, sans émotions, sans souffrance.
Je veux un vie plate. Sans qu’on m’aime, sans que j’aime. Où je peux faire ce que je veux. Où je n’ai pas mal.
Ma boîte blanche. Je veux ma boîte blanche.
Je veux manger. Je ne pense qu’à ça. C’est une obsession. Je veux faire des crises de boulimie. Parce qu’il faut de l’excès. Je sais qu’il faut manger normalement. Mais je ne peux pas. Je n’ai pas le droit.