Une soirée comme les autres?

septembre 2nd, 2009

Bon, allons. Je me dis qu’il faut que je résiste à mon envie de pleurer et de hurler.
Je viens de terminer repas (sushis, sashimis, légumes) avec ma fille, son amie (qui a eu le même problème) et mon fils. Repas sympa et agréable et nous restons à table à discuter bien longtemps. Je ne sais plus pour quelle raison on arrive à parler de ce qu’à mangé ma fille ce soir, mais comme toujours, c’est un moment où elle est fragile et où il faut éviter les discussions à ce sujet. Cela doit être lié à la rentré d’école et aux rdv que nous avons sur les heures scolaires. J’ai dû lui dire qu’il valait mieux perdre quelques heures de cours que d’être hospitalisé et de perdre une année entière. En première, c’est vraiment dommage. Ma fille répond « qu’en toute façon, l’hospitalisation peut se faire pendant les vacances » (d’ailleurs, où à t-elle apprit cela?).

Ensuite, elle m’a fait le « comptage » des calories absorbé aujourd’hui et en est très fière : « au moins 400». C’est beaucoup plus que les autres jours. Bon d’accord, la semaine dernière j’en ai mangé au moins 1 000 sur une journée (350,  sic), mais c’est quand même mieux, non »?
Que peut-on répondre? « Non ma chérie, ça ne suffit pas. Je serais déjà contente si tu prenais 1000 calories, mais on est tellement loin du compte.  »
Sa copine la comprend, mais elle lui dit que cela n’est pas assez. Qu’à un moment elle a du manger des tablettes de chocolat tous les jours pour ne pas être hospitalisé.
Mais cela ne l’atteint pas. On va devoir survivre avec ces quelques calories….

Pourtant elle est belle. Sur les photos des vacances elle est magnifique.  Mais je sais que ça ne va pas durer. Les os sur son dos et tout le haut de son corps deviennent trop visibles. Elle ne rentre plus dans ses vêtements : tout est beaucoup trop grand.

52 kg…. ma petite fille. Jusqu’où va t’elle aller?

un planning de ministre

septembre 2nd, 2009
  • Email à ma fille : Petit récap de nos rdv :

    Mercredi 2 septembre :
    – prises de sang
    – contact lycée pour les informer
    – massage chez kiné pour ton dos

    Mercredi 9 septembre 15h00 : RDV nutritionniste Mme Pascale M.

    Lundi 14 septembre – 14h00 : RDV psychiatre Delphine B.

    mercredi 16 septembre – 12h00 : RDV maison des ados avec psy

    Lundi 21 septembre 14h00 : maison des ados rdv avec endocrinologue

    Voilà ma chérie. Pleins de choses qui pourront t’aider à être plus forte que Catine !

    Ton frère m’a dit que tu as bien mangé ce midi. Bravo. Tiens bon.

    mama
    réponse de son papa :

    Un planning de ministre!!!!!!!

    C est super on va  la tirer de la

    Bisous


Rendez-vous avec psychiatre

septembre 2nd, 2009

Enfin des choses qui avancent. J’ai l’impression que petit à petit on trouve un cadre pour « traiter » ma fille.
Le rdv avec la psychiatre hier s’est très bien passé. Elle a envie d’y retourner et même si elle ne la trouve pas directement très sympa (dans le sens « copine ») elle m’a dit qu’elle se sentait bien avec elle  et qu’elle a l’impression qu’elle peut lui parler sans en avoir peur.
C’est le premier rdv où nous avons eu des informations concrètes. Les différents centres d’accueil : maison des adolescents, Dr. Benoit,  l’institut Montsouris (Dr Godard) à Paris, et la clinique Victor des Page au Vésinet.
Elle nous a redirigé vers une nutritionniste – médecin et nous a confirmé que le suivi devra se faire entre la maison des ados (pour le côté médical), la nutritionniste et la psy.
Cela a énormément rassuré ma fille (et moi!!).
Du coup, nous avons passé la journée ensemble à faire du shopping (adieu mon travail et mon compte en banque…) et déjeuné au resto. Léger, mais quand même 150 calories (…).
Elle était souriante et heureuse toute la journée.

Hier soir par contre, son père est rentré pour manger avec nous et à peine le repas terminé il lui a dit qu’il est hors de question qu’elle s’achète encore des vêtements de taille inférieure à celle qu’elle avait avant sa maladie.
Grosse dispute entre les deux : une fille qui ne comprend pas sa réaction. Un père qui veut exercer son autorité et ne se rend pas compte qu’il ne faut pas créer des vagues aux moments des repas. Je sais que ce type de discussion l’empêchera de manger la prochaine fois en sa présence et il faut absolument l’éviter. Il faut que les repas soient des moments sereins car pour elle c’est déjà un énorme stress.
Je n’en veux pas à mon mari, car il fait son possible et est assez désemparé face à la situation. Il aimerait qu’on la soigne de suite, qu’on lui donne des médicaments, des antidépresseurs.
Bref, j’ai passé de nouveau du temps avec elle pour parler hier soir. Pour lui expliquer qu’il faut qu’elle parle avec son père. Que chacun doit faire un effort pour se rapprocher l’un de l’autre. Elle,  en mangeant (ou en parlant) un peu, lui en essayant d’apprendre à lui parler.
J’ai l’impression de devoir gérer les soucis de toute la famille…. Et je me sens tellement seule et à la fois tellement forte, car je sais que pour l’instant je prends les bonnes décisions, même si j’ai pu faire des erreurs dans le passé.

Aujourd’hui nous avons fait les prises de sang. J’essaie d’obtenir un rdv avec la nutritionniste.
Ma fille en a parlé au téléphone avec une très bonne amie à elle qui a été confronté au même problème. Elle vient dormir à la maison ce soir et elles passent la journée ensemble demain. Je suis contente d’avoir téléphoné à la maman de cette copine et qu’elle en a informé sa fille. C’était plus facile pour ma fille d’aborder le sujet et elle est contente de pouvoir partager  ses angoisses avec des gens de son âge.

J’ai également téléphoné au lycée pour les informer de la situation. Même si ma fille ne veut pas en parler à l’école, je pense qu’il est important que la direction soit au courant. Surtout, qu’elle risque de rater pas mal de cours pour cause de consultations.

Tous les jours un petit pas, une décision, un rdv, un échange… Je vois moi-même une psy  (heureusement depuis longtemps!) ce qui m’aide également à faire face.

La psychiatre a dit à ma fille qu’il fallait absolument arrêter la perte de poids. De prendre une cuillère à café d’huile par jour…. Elle l’à fait hier. Espérons que cela continue.

La recherche d’un accompagnement

septembre 2nd, 2009

Je reviens de quelques jours en Belgique pour voir ma famille et bien évidement ce n’était pas un exercice facile pour ma fille de se retrouver dans un environnement « social » après quelques semaines de vacances en famille. Elle a encore perdu 2 kilos et pèse 52 kgpour 1;77m. Pas affolant quand on la voit et qu’on la compare aux mannequins 🙂 mais affolant quand on voit la vitesse à laquelle elle maigri, se renferme, prend cet air de « zombie », et donne cette impression d’être « ailleurs ». Elle a évidement très froid en permanence, commence à perdre ses cheveux auxquels elle est très attachés et n’arrête pas de me dire qu’elle veut guérir, qu’elle ne veut pas maigrir davantage.
Elle se dit que si on règle le problème dans sa tête, le reste suivra. Mais elle ne veut pas admettre que cela passe également par la nourriture.
J’ai très peur pour sa rentrée scolaire vendredi prochain. Elle a tellement peu d’énergie que je pense qu’elle ne pourra pas faire face à la pression scolaire et sociale.

Heureusement nous avons rdv demain matin avec la psychiatre à Paris (Delphine B.) qui est spécialisée dans ce type de problème. Ma fille est soulagée, mais je sais également qu’il n’y aura pas de remède miracle de suite.
Je parle avec beaucoup de gens et on constate que énormément de monde a été confronté à ce problème : même des amies proches de ma fille dont elle n’était pas au courant!

Tu as raison de me prévenir que ma fille risque de se retourner contre moi un jour ou l’autre. Pour l’instant, elle s’accroche énormément à moi et a du mal à me quitter longtemps. Je suis la seule qui arrive à la faire manger un peu sans mettre de pression mais je sais que cela ne durera qu’un certain temps. Dès qu’elle rentre dans une  « crise » elle se renferme en fœtus dans un coin ou parterre. Elle accepte encore de pleurer dans mes bras Pourvu que je puisse garder ces moments le plus longtemps possible….

Je suis quand même très surprise par le manque de suivi donné par les médecins. A la maison de Solenn on  nous a rien expliqué, rien dit sur leur structure, rien appris sur l’attitude à adopter…. je m’attendais vraiment à un soutien plus important. Les médecins généralistes n’ont pas donné été d’un grande aide non plus. Tout ce que je fais, je l’ai lu, entendu par des amis… J’ai l’impression qu’ils attendent qu’elle soit vraiment en situation critique pour réagir. … ou bien ils ne savent pas comment aborder le problème. Tu as raison ; on se sent bien seule. Heureusement je n’ai jamais fait une confiance aveugle aux médecins et je remue ciel et terre pour trouver des solutions, des gens avec qui elle peut parler, échanger.
Mais au fond de moi, je sais très bien que la solution devra venir d’elle.

Je te tiens au courant de la suite du rdv demain!

Une amie a qui parler

août 31st, 2009

Le soutien de mes proches, mais également des personnes confrontés au même problème est tellement précieux.

Ma fille a perdu 10 kilos durant les 2 derniers mois alors qu’elle a toujours été grande, mince, jolie et intelligente (le profil parfait pour la maladie!).
J’ai constaté sa maladie au début du mois d’août, car je la voyais manger de moins en moins suite à un régime relativement « souple ». Et puis, le sport en excès, les courses avec moi pour analyser ce qu’on achète, sa volonté de faire la cuisine (et son obsession pour la nourriture et la cuisine), ont commencé à m’alerter.
Evidement, « mère poule » que je suis, (malgré un travail et de nombreuses activités),  mon mari trouvait que j’exagérais. Il trouvait très bien que sa fille attache autant d’importance à son corps et à sa santé. Elle est très intelligente et elle lui ressemble au niveau de son ambition… Au début il pensait vraiment que c’était moi qui me faisais des idées.
Mais pendant les 3 semaines de vacances, on a du se rendre à l’évidence, et lorsque nous avons consulté le médecin généraliste pendant les vacances, il a confirmé qu’elle souffre bien d’anorexie mentale.
En rentrant cette semaine, nous avons consulté une psy à la maison de Solenn. Mais j’ai été un peu déçue par leur accueil et surtout par le manque d’action immédiate (et oui, on aimerait que tout soit résolu d’un coup).
Aucune explication à notre fille sur sa maladie (juste de l’écoute), aucune redirection vers une nutritionniste, pas d’analyses de sang, tension, de poids, d’imc, etc . Juste un nouveau rdv fixée avec la psy dans 2 semaines et un rdv avec un endocrinologue dans 1 mois. D’ici là on peut encore descendre beaucoup plus bas!

J’ai donc consulté le médecin généraliste ce matin, qui a prescrit des analyses de sang, des massages (car elle souffre de mal au dos) et éventuellement de l’hypnose (si elle le souhaite).
Bref, toujours pas beaucoup avancé.

Ce qui marche le mieux jusqu’à maintenant, ce sont les heures que je passe avec elle à parler et les petits trucs qu’on met au point.  Nous avons toujours été très proche et aujourd’hui elle ne se renferme heureusement pas et communique beaucoup avec moi. J’ai donc mis mon travail en stand-by jusqu’à sa rentrée au lycée (1ère S).

J’ai du lire deux livres en une seule journée sur le sujet, passé du temps sur le web à chercher des infos, et puis je tente d’appliquer le moindre conseil que je peux trouver.
Cette semaine, nous avons commencé un cahier dans lequel on note tout : elle écrit les choses importantes qu’elle a faites dans la journée, ce qu’elle a mangé et ce qu’elle a fait pour lutter contre sa maladie (« mes petites victoires »).

Sa maladie a reçu le nom de « Catine » afin de pouvoir faire la distinction entre la fille malade et la fille qui va bien. Dans son cahier, elle arrive donc à noter « Catine de m’a pas emmerdé aujourd’hui… »(sic).  Et de mon côté, quand je perds patience et que je m’énerve, je lui dis après que je ne lui parlais pas à elle, mais à Catine. Elle le comprend et elle l’accepte mieux.

Je pense que le fait que je sois tellement occupé à chercher des solutions la rassure également.
J’ai trouvé par l’intermédiaire d’une amie nutritionniste (et oui, on contacte tous les gens qui peuvent apporter un conseil, un contact, une idée, un témoignage), une psychiatre spécialisée dans les problèmes de nutrition qui semble obtenir d’excellents résultats. Ma fille est contente, car elle souhaite parler et essayer de guérir (sans pour autant prendre le moindre gramme!).
J’espère qu’on aura un rdv rapidement car elle n’a pas du tout accroché avec la psy de la maison de Solenn.

Et puis pour moi, en tant que maman,  le fait d’écrire, d’échanger avec les autres, de ne pas cacher cette maladie, me donne tout le courage du monde et je n’ai qu’un seul but : revoir ma fille heureuse.