..Elle prend un peu de poids. A passé la barrière des 50 kilos. Le médecin est content, et même si psychologiquement ce n’est pas génial, on avance.
Pendant les vacances elle a très bien mangé. Presque normalement, même si il fallait que je sois présent à tous ses repas, elle a réussi à se servir seule, à prendre des déserts.
Elle a peur de faire des crises de boulimie. Un jour elle a mangé une boite de chocolats. Elle n’a pas pu s’arrêter. Et après, elle a continué en se disant qu’elle allait vomir. Ce qu’elle a fait. Un autre jour elle a pris de la pâte à tartiner au chocolat blanc. Elle a réussi à s’arrêter au bout de 4 cuillères…. Qui ne craquerait pas pour ça? On a toutes des moments où on fini une tablette de chocolat, un paquet de chips…. Comme une amie m’a dit « le contraire ne serait pas normal »!
Mais ce sont des choses qui lui font très peur. Peur de ne pas pouvoir s’arrêter. Peur de ne pas pouvoir se contrôler. Heureusement elle en parle. Et ne se fait plus vomir.
Maintenant qu’elle est à la maison, elle est obligée de se faire les déjeuner toute seule. Et cela semble aller. Bizarre qu’elle y arrive quand elle est seule, alors que quand je suis là elle a besoin que je lui prépare le repas, que je lui prépare son assiette. Tellement contradictoire. Pourtant le médecin me demande de continuer à préparer les repas. Que cela la rassure.
Elle ne veut pas prendre de poids et me le répète sans cesse. Elle veut rester maigre, mais sait aussi qu’il faut qu’elle arrive à un poids acceptable. Il faut lui dire qu’elle est maigre. Lui répéter que ce n’est pas joli de voir que des os. Elle préfère entendre cela que d’entendre qu’elle est jolie.
Pendant les vacances elle pensait qu’elle allait rencontrer d’autres jeunes de son âge. Et ce n’est pas ce qui manquait! Mais elle n’a pas réussi à se faire des amis. Pas réussi à s’approcher des autres. Elle attendait que les autres viennent vers elle, mais malheureusement ce n’est pas comme ça que ça marche. Elle est très distante et son attitude ne donne pas envie de l’approcher. Même si c’est ce qu’elle veut plus que tout au monde. Elle a une image très négative d’elle même. Se sent inférieure, pas assez bien, pas assez belle, pas assez bien pour les autres. Mais l’image qu’elle donne est tout le contraire. Il faut que cette image de soi change. Mais comment? Et pourquoi elle se dévalorise à tel point?
Elle a également peur de prendre du poids car elle pense que les gens ne vont plus la considérer comme « malade ». Sa perte de poids est l’extériorisation de sa maladie. Cela permet de voir qu’elle ne va pas bien. Le fait de prendre du poids enlève cette image de « malade » et elle a peur qu’on pense qu’elle va bien, alors que ce n’est pas le cas.
Comme dans toutes ces maladies d’adolescents (anorexie, boulimie, tentatives de suicide, phobie scolaire ….) le comportement permet de montrer qu’elles crient au secours. Qu’elles ne vont pas bien. C’est la seule façon d’attirer l’attention. Elles « aimeraient » avoir une maladie physique qui se voit de l’extérieur. Mais comme il n’y en a pas, elles se la créent elles-mêmes.
C’est un peu difficile à expliquer, mais c’est la seule façon que je trouve pour expliquer ce mal-être.