Prendre un rendez-vous soi même

septembre 23rd, 2009

Journée tranquille, malgré une soirée de hier très difficile … entre les parents.
Reproches, dispute… Cela est évident compte tenu du stress dans lequel on vit actuellement. Chaque mot est « en trop ». Chaque mot est « mal interprété ». Chaque mot est « un reproche »…
On ressent la douleur chez l’un comme chez l’autre. Et il est tellement difficile de se consoler, de se rassurer.
On a besoin de partager cette maladie. D’être présents à deux. De faire sentir à notre fille qu’on se préoccupe tous les deux d’elle. Cela peut être avec des mots, avec une simple présence. Mais surtout pas avec une présence  où elle a l’impression qu’on est là parce qu’il faut être là (ce n’est pas un reproche, car cela me concerne aussi).

Pour soutenir notre fille, il faut selon les médecins  « avoir avec la personne qui lutte une relation confiante, de soutien, amicale. Il est important de reconnaître que si la relation est tendue, cela réduit considérablement le niveau de confiance et de confort de cette personne avec vous. »

J’ai annoncé à notre fille que demain, c’est son papa qui va avec elle voir la psychiatre. Son  visage s’est illuminé un instant. Elle est contente. Elle veut aussi partager ces consultations avec son papa. Je suis heureuse et on n’a pas idée a quel point cela me soulage de ne pas avoir un rendez-vous pendant une journée. De la savoir en sécurité avec son père.
Tant pis si cela a provoqué une soirée tendue. Je regrette que mes remarques aient fait mal. Mais on ne peut pas revenir en arrière et les non-dits sont finis de mon côté.

J’ai téléphoné à la Clinique des Pages ce matin pour prendre rendez-vous avec le Dr Nomblot. Pour voir la clinique, pour savoir si elle peut être suivie par des médecins et nutritionniste chez eux.
Ils n’ont pas voulu prendre le rendez-vous et m’ont dit que c’est ma fille qui doit téléphoner elle-même pour prendre le rdv….
Malgré qu’elle soit mineure, qu’elle est timide, qu’elle m’a demandé de prendre le rdv car elle ne veut plus aller à la maison de Solenn, cette prise de contact semble incontournable.

On a beau dire qu’on veut l’hospitaliser. On n’a rien à dire. C’est à elle de prendre la décision (bien évidement avec l’aide de l’équipe médicale et nous-mêmes).

Comme tout le monde probablement, j’ai été choquée. De ne pas pouvoir prendre un rdv alors qu’elle est d’accord me semble inhumain. Surtout quand on sait que beaucoup d’anorexiques refusent d’admettre leur maladie. Et je peux comprendre que les parents sont perdus quand ils se trouvent devant un tel barrage.

J’en ai parlé ce matin avec notre fille et elle était stupéfaite. Elle m’a dit ne pas oser les téléphoner. « Pour leur dire quoi »? Je n’ose pas dire le mot « anorexique. Je n’ose pas prononcer le mot de ma maladie ».
C’est là que j’ai compris qu’il est peut être important que la démarche vienne d’elle.
Je l’ai emmené chez le kiné pour un massage et j’ai laissé tomber le sujet jusqu’au retour. Histoire qu’elle soit plus détendue.
Le kiné lui a dit que c’est normal qu’elle a mal au dos. Qu’elle n’a plus de graisse et que maintenant ce sont ses os, ses ligaments et tous les autres membres qui vont souffrir. Que le seul remède est l’alimentation (merci au kiné car il a dit cela avec beaucoup de finesse et franchise et elle l’a bien accepté).

En rentrant je lui ai proposé de téléphoner à la clinique (en mettant le haut-parleur et de lui passer la communication ensuite. Elle a accepté et pris la communication avec la secrétaire. Mais le docteur n’était pas disponible. Il devrait rappeler ce soir. J’espère qu’elle pourra affronter cette conversation. Je croise mes doigts. C’est une victoire si elle y arrive.

 

 Confirmation rdv

 

Le Dr Nomblota rappelé notre fille hier soir!!! Et elle a pris son rendez-vous vendredi à 18h15.
Quelle victoire. Cela semble tellement peu, tellement simple. Mais pour elle cela a été presque insurmontable. Après l’appel, elle s’est renfermée, elle était mal. Je l’ai laissé avec sa douleur. Une 1/2 heure après elle est descendue pour manger. Peu, tellement peu. Mais elle était de bon humeur. Ce matin pareil. Elle n’a que deux heures de cours avant que son papa vient la chercher pour aller voir la psy.
Pour moi, journée de bureau pour me changer les idées.