Les enfants ressentent les secrets de famille. Les choses non-dits. Les choses qui sont lourdes à porter par les parents ou grands parents. Parfois trop difficiles à partager. On attend le bon moment pour les dire aux enfants. A un moment, ils sont trop jeunes. A un autre moment, ils sont adolescents et on se dit qu’il vaut mieux attendre…
Ce n’est jamais le « bon moment ». Mais il faut parfois avoir le courage d’affronter brise le silence et ne pas avoir de remords. Même si cela fait mal. Mais si cela fait souffrir.
Hier nous étions à la maison de Solenn avec l’endocrinologue. Elle m’a posé des questions à propos des parents, des grands parents. A propos des problèmes de santé qu’il y a eu. A propos des dépressions.
Et j’ai du le dire. Dire à ma fille que sa grande mère était dépressive. Qu’elle s’est suicidée. Qu’elle était malade.
Ma fille m’a regardé avec les yeux surpris. Elle a commencé à pleurer. Le médecin m’a fait quitter la pièce pour la garder seule.
A ce moment j’ai eu très peur. Qu’ai je fais? Pourquoi est-ce que c’est sorti? Pourquoi ai je pu dire ça sans que son père soi là?
J’ai téléphoné la psychiatre de ma fille. Elle m’a de suite rassuré. Qu’il était important de le dire. Que ce n’est jamais le bon moment et qu’il ne faut surtout pas avoir de remords. Son papa était probablement choqué. Trouvait que ce n’était pas le moment de lui dire. Que c’est sa vie, son passé, et que cela ne concerne pas sa fille.
Mais je pense qu’au fond de lui, il doit être soulagé que ce soit sorti. Un abcès de percé.
Je suis retourné la voir. Elle paraissait plus calme. Etant très remonté envers le médecin qui lui a interdit de faire du sport, interdit de faire de la cuisine, interdit de se peser, interdit d’entrer dans la cuisine. Et menacé d’une hospitalisation.
49 kilos…. on a passé la barre fatidique de 50 kilos.
Son bilan médical est bon. Pour l’instant. Mais son poids est beaucoup trop bas.
Elle doit y revenir la semaine prochaine. N’en a aucune envie, mais elle sait qu’elle n’a pas le choix.
En sortant, je ne savais pas comment réagir. Elle a commencé à parler. M’a confié d’être soulagé. Elle savait qu’il y avait des secrets du côté de la famille de son papa. Me dit qu’il n’y a que moi qui parle de sa famille, qui m’explique comment étaient ses grands parents. Que lui, il ne dit jamais rien. Juste que son enfance était difficile. Juste qu’il en a souffert….
Elle était convaincue qu’il y avait une histoire cachée. Que cela l’empêchait de parler ouvertement avec son papa. Qu’elle avait peur d’aborder le sujet de son enfance. Peur de savoir et d’entendre des choses pénibles.
Elle nous remercie de ne pas l’avoir dit plus tôt. Mais que là, il était important pour elle de le savoir. Que pour elle, c’est le bon moment. Elle me demande de pouvoir en parler avec son papa. D’avoir des explications, même si on ne peut pas l’expliquer.
Elle me dit qu’il a du avoir tellement peur vendredi soir. Quand elle a eu sa crise et qu’elle a dit qu’elle voulait mourir. « Papa a du disjoncter, il a du avoir tellement peur ».
Elle prend conscience que sa maladie est grave. Et qu’on en souffre aussi.
On a passé l’après midi ensemble. Pas de lycée. On est allé boire un thé chez une amie qui nous a gentiment accueillis à Paris. Elle a mangé une pomme et était contente.
En rentrant, elle a pris une douche pendant que j’ai préparé le repas. Elle refuse de manger le même plat que nous, qu’elle ne peut pas.
Alors nous avons fait un accord pour une semaine. Elle me dit ce qu’elle est prête à manger et moi je prépare sans qu’elle soit là. Si cela ne fonctionne pas, on changera et elle devra prendre ce que je lui prépare. Et elle mangera ou elle ne mangera pas.
Le diner s’est très bien passé. On a discuté tous les quatre, sans aborder de sujet lourds. Elle a pris un potage, que j’ai préparé. Sans s’y opposer.
Ce matin, elle était encore de bon humeur. A pris son petit déjeuner correctement.
Le fait qu’elle ne peut pas faire de sport à l’école la soulage. Cela lui permettra d’avoir quelques heures pour faire les devoir à l’école et d’en avoir moins le soir et le weekend.
Elle veut faire du yoga. L’endrinologue lui a interdit. Mais je ne comprends pas pourquoi. On posera la question à son psychiatre ce soir. Elle a fait une liste de toutes les questions. On avance.
Maintenant elle se dit que sa psychiatre est une alliée. Que la nutritionniste qu’on a vu n’est pas si mal que ça. Qu’elle veut la revoir.
L’équipe qui la soutien se forme. C’est elle qui choisi. Et c’est très bien.
On a également été voir le généraliste. Il lui a fait une séance d’hypnose qu’elle a bien accepté et qui l’a détendue. On verra les résultats ce soir.