Voler de ses propres ailes

septembre 23rd, 2012

Aujourd’hui ma fille a déménagé. Trouvé un petit studio charmant en plein Marais il y a quelques semaines et aujourd’hui on a déménagement de ses affaires personnelles. C’est vide à la maison. Et c’est bien plein chez elle.
Elle semble heureuse de commencer cette nouvelle vie. Pleins de projets, du travail, les études qui recommencent la semaine prochaine. Elle va avoir beaucoup de choses à faire tout d’un coup. C’est bien car elle en a besoin. Besoin de s’occuper et d’être occupée. Pour ne pas penser à la nourriture. A la dépression qui est toujours latente.
Comment une maman doit se sentir quand son premier enfant quitte le domicile?
En revenant je me suis dis qu’il y a deux ans, son papa est parti. Ensuite j’ai rompu le contrat avec la femme de ménage qui était avec nous depuis 15 ans. Je les mets « tous à la porte »? Pour qu’ils volent de leurs propres ailes? Pour que je sois tranquille? L’un est généreux. L’autre est égoïste. Peut être faut il un peu des deux pour que tout le monde se sent bien.
Je voulais tout de suite m’attaquer au ménage de sa chambre. faire de la place pour que mon fils puisse y mettre des affaires. Mais je suis épuisée. Fatiguée. Trop d’excès? Trop de vin? Trop de sorties?
Emotionnellement crevée? Allons savoir. Demain ira mieux. Demain je commence une autre vie. Cette fois à 3 (mon fils insiste d’y inclure le chien!!)?
Hier j’étais euphorique. Heureuse. Une joie de vivre débordante. Hier soir une soirée merveilleusement sympa. Et là, je dois avoir un contre coup. Je ne suis plus dans l’urgence.
Pourtant je suis dans une autre urgence. Celle de vivre. celle de profiter. De vivre cette vie pour moi. Pas de façon égoïste. Juste comme cela devrait être.
En écrivant je me rends compte que j’ai accompagné ma fille seule. Que nous avons tout régler à deux. Que j’ai fait le déménagement avec elle.
Son père? Il est où son père?
J’avais besoin de lui aujourd’hui. Besoin de partager ce moment de séparation.
Un moment qui nous éloigne encore un peu plus l’un de l’autre.

« Légère comme un papillon », Michela Marzano raconte son histoire d’anorexique

mai 23rd, 2012

J’ai lu ce livre d’un trait. Un témoignage bouleversant. Pour une maman dont la fille est anorexique depuis 3 ans, je retrouve enfin des mots qui expliquent ce qu’on vit et qu’on n’ose pas toujours dire. Ce livre montre la maladie et ses conséquences tels que nous les vivons et pas comme elle est souvent considéré par l’entourage ou le corps médical. Si on pouvait gagner des années de thérapie en lisant ce livre….

Ce livre ne m’aurait peut être pas autant touché si je l’avait lu au début de la maladie de ma fille. Quand on pensait que ce n’était que passager. Que 3 mois après tout serait oublié…  Mais aujourd’hui beaucoup de passages du livre  me font penser à ce qu’on vit, à ce qu’elle ressent, à la relation avec son père. Ma fille est plus jeune que Michela. Est-ce que cela l’aidera à surmonter la maladie plus vite?

Je ne prédis plus rien. J’ai dû apprendre que je ne peux pas tout contrôler. Je ne peux plus donner une aspirine à mon enfant en pensant qu’il va immédiatement guérir, je ne peux plus organiser les fêtes d’anniversaire en choisissant leurs amis… Je ne sais pas si ma fille va guérir un jour.  Je ne peux pas savoir de quoi demain sera fait. Et je n’essaie plus de savoir. On verra. Le principal c’est qu’on avance et qu’on n’ai pas de regrets sur les décisions qu’on à pris.

 

« Légère comme un papillon », Michela Marzano

Des années durant, j’ai cherché par tous les moyens à devenir aussi légère qu’un papillon. Et j’y suis presque arrivée. En termes de kilos, s’entend. Car pour ce qui est du reste, la vie a souvent été trop pesante pour moi. De devoir être la meilleure. De m’efforcer de répondre aux attentes des autres. D’oublier Alessandro, d’abandonner mon pays, de faire du français ma langue. Mais le plus pesant fut de recommencer à vivre… »Dans ce livre intime et émouvant, la philosophe Michela Marzano raconte son histoire d’anorexique, faite de douleurs dérobées, de moments intenses, de secrets familiaux, mais cette histoire personnelle, ce passé qui ne passe pas, c’est aussi la souffrance de beaucoup d’entre nous. Le savoir nous permet-il de triompher du corps ? Ou ne serait-il qu’une science sans conscience ?

Contact cassé avec son père

mai 18th, 2012

5 semaines déjà qu’elle ne parle plus avec son papa. 5 semaines sans aucun contact. Alors qu’elle allait toutes les semaines chez lui pour dormir à Paris quand elle sortait. Qu’elle dinait avec lui de temps en temps. Au moins, elle le voyait, contrairement à son frère.

Jusqu’au rendez-vous avec son psychiatre. lui, elle et moi. A trois. Ce n’est pas la thérapie familiale mais cette fois tout est sorti. On peut dire que cela était plus efficace que toutes les séances de thérapie familiale, mais également plus destructeur.

Ma fille a pleuré, hurlé pendant toute la séance. A vidé son sac. A dit à son père tout ce qu’elle pensait de lui. Et lui a fait de même. Elle le tyrannise, elle fait du « terrorisme »?. Son appartement n’est pas un hôtel. Il n’est pas la sponsor de ses soirées.. de sa vie….

Elle a tenté de lui expliqué ce qu’elle ressentait. Mais il n’a pas compris. Et elle ne l’a pas compris. Ils se ressemblent tellement. Ont tellement besoin l’un de l’autre. Et en même temps, ils se coupent l’un de l’autre. Ils sont trop fiers, trop fragiles, trop rancuniers.Tous deux ont besoin de reconnaissance, d’être aimé, d’être admiré. Et ils se heurtent à un énorme problème de communication.

Problème que ma fille semble également avoir avec moi. Mais je pense que notre problème de communication est un problème classique entre mère et fille qui concerne des sujets superficiels. Il n’y a pas de doutes entre nous, pas d’attentes particulières. Et puis, quand on se fâche, qu’on se crie dessus, on en parle après. Et puis, je pense aussi que je m’impose comme sa mère. Je n’attends rien d’elle. Je ne demande rien en retour.Hormis évidement l’aide dans la maison et le partage des tâches quotidiennes.  Je veux juste lui donner des ailes pour voler seule…

 

Je ne sais pas ce qu’elle attend de son père.

Nous avons eu une deuxième séance samedi dernier avec le psychiatre. Son père a quitté la séance au bout d’une demie heure ne supportant plus ces échanges, ces vides, ces reproches. Peut j’aurais réagi de la même façon à sa place.

Mais je ne comprends pas ce qu’il attend. Sa fille lui a dit que la dernière fois il a « rampé » pour se réconcilier avec elle. C’est tout ce qu’il a retenu de tous les échanges, de tout ce qu’elle a dit pendant une heure…  Tout le reste semble avoir passé aux oubliettes. Ou est ce qu’il ne veut pas voir, pas accepter?

En attaquant ma fille, il m’a attaqué également. Les reproches qu’il a fait à ma fille étaient en fait destiné à moi. Pourquoi ce mélange? Pourquoi faire souffrir notre fille si il a tellement de reproches à me faire à moi. Pourquoi il veut divorcer mais ne fait rien pour avancer?

 

Boulimie, tu coûtes cher

mai 18th, 2012

La boulimie après l’anorexie. Ou mieux encore : la boulimie avec l’anorexie. On se demande comment elle va s’en sortir un jour…

Je fais les courses au supermarché. Trois jours après, le frigo est vide. Les 20 cannettes de coca light ont disparues. Le pain dans le congélateur s’est évaporé. les 10 kilos de poires et de pommes aussi. Et je ne parle pas des pots de nutella, des paquets de biscuits réservé à son frère, les réserves que je peux avoir pour des soirées…. Un  gouffre. A tous les niveaux.

Je m’énerve. C’est trop grave de dépenser de l’argent dans la nourriture qui fini dans les toilettes. Ca m’exaspère. Hormis le fait qu’elle détruit sa santé et son moral, maintenant c’est également mon portefeuille qui en prend un coup. Et puis son frère n’en peut plus. La salle de bains est un chantier, les toilettes une horreur. La cuisine jamais rangée. Des assiettes s’entassent, les armoires sont sales…

Je sais qu’elle souffre, je sais que c’est épouvantable pour elle. Mais je ne peux pas m’empêcher de dire ce que j’en pense.

Alors, elle change de tactique. Maintenant, elle achète des bouteilles de coca (c’est moins cher que les cannettes), des kilos de bonbons sans sucre (qui lui donnent des coliques au vente), et puis elle se fait de la pâte à gateau avec sucre, farine et beurre qu’elle mangue toute crue. … c’est moins cher….

Par contre, les repas sont parfaitement équilibrés : salade, poulet … fruits, yaourts et même du pain. Faut pas parler de pâtes, riz ou autres aliments imprononçables (ceux qu’elle mange pendant ses crises). C’est navrant.  C’est tellement difficile de voir et d’accepter. Mais elle a bientôt 19 ans. Que puis je faire à part lui répéter les mêmes choses, la rassurer, la consoler?

 

Ca va mieux… mais

mars 27th, 2012

Pour elle, c’est la plus belle année de sa vie.

Enfin…. ça dépend des jours.

Un jour elle sort, elle voit des amis, elle s’amuse, elle est de bonne humeur, positive, pleine de vie.

Le jour après, elle pleure, elle a le regard fermé, elle déprime et… elle fait des crises de boulimie.

La boulimie. C’est la suite « logique » de l’anorexie. Il semble qu’il faut passer par là pour guérir.
Mais pendant combien de temps?

L’aménorrhée est terminé depuis quelques mois. Le cycle redevient normal. C’est rassurant. C’est bon pour le corps.

Mais cela ne veut pas dire que c’est fini. Bien des femmes ont des bébés étant anorexique. Ou  boulimiques.

Je fais les course une fois par semaine. En moins de 3 jours il n’y a plus rien à manger. 12 cannettes de coca light, des dizaines de paquets de bonbons sans sucre, des barres de chocolat, des kinder buono. Et puis les goûters tout que j’achète pour son frère. Ou les desserts dans le congélateur. Tout y passe. Et tout fini dans les toilettes.

Elle est consciente que ce n’est pas bien. Elle en est malade. Ca la fait déprimer. Elle pense qu’elle ne s’en sortira jamais.

Pourtant elle veut prendre son indépendance. Aller vivre à Paris. Seule.

Je trouve cela une bonne idée. Elle a besoin de commencer sa propre vie. Et puis, je ne peux pas la garder avec moi tout sa vie à cause de sa maladie. Même si son papa a peur de la laisser partir. Et qu’il voudrais la protéger et la garder à la maison avec moi.

Ses crises de boulimie, elle les fait essentiellement à la maison. Pas quand elle sort. Pas quand elle est à Paris avec les amis. Peut être que la séparation de la maison lui enlevera cette envie de se « gaver » , de compenser, de se remplir de quelque chose qu’elle n’a pas ailleurs. Et puis, cela lui permettra de s’assumer, de prendre ses responsabilités. Et de gérer son budget. Car elle ne pourra pas dépenser l’argent que je dépense en nourriture quand elle devra le prendre de son budget. Bon d’accord…. elle pourra refaire le contraire et ne plus manger.

Dans tous les cas on tourne en rond. Et la solution, ce n’est qu’elle qui la tient. Elle ne dépend que d’elle.

 

 

Sortie de l’enfer

novembre 18th, 2011

On a tendance à arrêter l’écriture une fois que les choses vont mieux.

J’ai résumé les derniers mois avec les mots suivants :

Elle ose beaucoup plus. Demander des choses, râler sur son frère, me contredire.
Je dois compenser l’absence et les manquements de son autorité de père. Je suis resté trop longtemps parce que souvent je vois les enfants souffrir de ses paroles, de ses maladresses, de ses absences et je sais que je ne peux rien changer. Il reste leur père mais je dois les protéger.
Je suis resté trop longtemps car j’ai pris un engagement et fait une promesse. Je suis fidèle et ne comprends pas qu’il ne soit pas pareil. J’ai rêvé d’un mari père ou d’un mari amant. D’un vrai père pour mes enfants. Le fait qu’il ne soit ni l’un ni l’autre m’empêche de l’aimer. Je lui en veut de ne pas être le père ni l’amant. Aucun des deux. Alors qu’il suffisait que de l’un ou l’autre.

Certes, il assure financièrement comme père et comme mari. Mais c’est tout…. mais c’est peut être plus que beaucoup d’autres feraient?
J’ai pu quitter un fiancé a 30 ans mais ce n’était pas le père de mes enfants. Ni mon mari. En 2001 mon rêve de famille s’est effondré. Mon cœur brisé. Depuis je tente de réparer les morceaux. Mais ce n’est pas possible.
En novembre 2009 je décide qu’il doit quitter ma maison. En avril 2010 il part. Et laisse que des morceaux. Une fille malade, un fils qui ne veut plus voir son père et en manque de confiance et une femme en compote. On gère on tente de garder la tête au-dessus de l’eau. On se bat jour et nuit. Les relations avec lui sont meilleures mais il reste loin sans trop s’impliquer. Il vit sa vie. Nous vivons l’enfer. Mais on est ensemble.
J’ai souvent pensée que j’allais la perdre. Ou qu’elle allait rester sans vie pour le restant de ses jours. Mais en juin 2011, 2 ans après, il y a un changement. D’abord doucement, presque imperceptible…. Et puis les choses s’accélèrent.
Jusqu’à ce jour en octobre 2011 ou nous sommes toutes les deux au marché.
Le marchand de fromage nous fait goûter un fromage hollandais. Elle prend le morceau de fromage et le goûte. Sans rien dire, sans refuser, sans grimasse. Un geste banal pour n’importe qui mais pas pour elle. Et là je me dit que c’est le début de la fin. Elle est sauvée et elle va s’en sortir. Je fonds en larmes. Elle aussi. Car elle a compris pourquoi.
Je suis heureuse et pourtant tout se relâche en moi. Je suis épuisée , fatiguée. Heureuse qu’enfin on va tous pouvoir vivre notre vie. Son frère, sa maman et surtout elle même.
J’ai encore besoin d’aide. Plus que jamais. Car j’ai arrêté de vivre il y a deux ans et je me réveille avec une fille devenue adulte. Un fils adolescent. Sans mari et finalement sans amis hormis les vrais amis et la famille. Ceux que je peux compter sur les doigts des 2 mains. Et une vie a reconstruire a 50 ans. ..

Pourquoi ça va mieux

novembre 18th, 2011

Jamais je pense que nous aurons une réponse à cette question.

Elle-même explique qu’en juin 2011 elle a dû préparer son bac. Elle avait deux choix : soit penser au travail, soit penser à la nourriture. Elle savait qu’avec le deuxième choix elle ne s’en sortirai pas. Qu’elle n’aurait pas l’énergie nécessaire pour préparer les examens, effectuer les interviews pour les écoles de commerce.
Elle a commencer à se concentrer sur le travail. A travailler dur, tout le temps.
ET puis, elle a eu son bac, elle a été accepté dans les écoles où elle a postulé et elle a commencer à vivre. petit à petit, tellement lentement que cela était à peine perceptible.
Le poids ne changeait pas. Mais son était psychologue s’est amélioré de façon spectaculaire.
On n’est pas vraiment partis en vacances. Juste un weekend au Maroc pour les 50 ans de son père et puis une semaine aux pays bas. Des choses simples.
Ensuite, il y a eu la rentrée à Dauphine. Beaucoup de stress, mais également beaucoup d’envie de commencer cette nouvelle vie. Depuis ce jour là, elle sort, elle voit des amies, elle s’intéresse aux garçons, à la nourriture…. a la vie.
On a l’impression que le cauchemar est fini. Elle continue à voir son équipe médicale. Certes un peu moins souvent qu’avant, mais régulièrement quand même.
Elle prend un peu de poids, a perdu ce visage tellement reconnaissable des anorexiques. Son corps devient plus féminin et elle n’a plus l’air « d’une autruche sur échasses », expression que je lui disait affectueusement de temps en temps pour lui faire prendre conscience de sa maigreur.

Accepté à l’université

juin 9th, 2011

Quelle victoire! Quelle récompense!

Ma fille a été accepté à Paris Dauphine pour l’année prochaine. Après avoir passé quelques concours pour entrer dans des écoles post bac, elle attendait avec impatience de savoir si elle allait être accepté à Dauphine. On espérait mais on savait aussi que les chances étaient petites. Donc, c’est avec encore plus de fierté que je peux l’annoncer!
Bien que la situation n’est pas encore très bonne, qu’elle n’a pas parlé avec son papa depuis quelques mois et que son poids ne change pas, elle fait quasiment plus de « crises » depuis quelques semaines. Elle prépare les repas avec plaisir. Elle travaille énormément pour préparer son bac qui commence la semaine prochaine.
Elle a reparlé avec son papa la jour qu’elle a su qu’elle allait à Dauphine. Il lui a écrit une lettre et donné une enveloppe (!!). Elle a été touché par la lettre et s’est rapproché de lui. Elle est même resté avec tous le monde au barbecue que j’avais organisé. Ca fait du bien de la voir rire, de la voir aider, de la voir aussi fière. Ca change la vie pour tout le monde!
Maintenant, on se prépare au Bac. Une semaine encore, et ça commence. Je ne m’inquiète pas pour ses capacités. J’ai juste peur qu’elle puisse craquer psychologiquement. Mais elle est forte ma fille. Elle s’en sortira.

Dopage au Xanax et pendue dans les rideaux

mars 7th, 2011

Je n’écris pas beaucoup. Faute de temps. Non, elle ne va pas mieux. Et j’en parle avec son équipe psychologique. Mais ils ne semblent pas s’en apercevoir. Son poids est stable. Mais psychologiquement elle est à bout.

Les vacances de février viennent de se terminer. On a passé une semaine à 3 à New York. Super. Pas de crises de boulimie. Pas de crises d’hystérie. D’accord, il fallait qu’on respect ses horaires et ses choix de restaurants, mais c’était sympa. Elle avait choisi des endroits très bien et on étaient tous contents. J’oublie que j’ai été malade les 3 premiers jours … mais cela ne m’a pas empêché de leur faire découvrir cette ville passionnante!
Retour à Paris. Elle a recommencé les crises dès qu’on est revenu. Je m’y attendais. C’est le retour dans un « cadre », à la réalité. Pas cool.
En plus, elle enchaîne une semaine de prépa pour ses études. 8 heures « à la Blanche » par jour. Elle tient le coup, mais c’est difficile. Elle fait crise sur crise. Mais termine la semaine.
Weekend épuisant. Je commence à filmer les crises en cachette. Ce n’est pas tenable. Comment peut on dire qu’elle va mieux?
Hier après midi (lundi retour au lycée et semaine de bac blanc…) elle m’appelle pour me dire qu’elle a tout préparé pour faire une crise de boulimie. Mais elle a besoin de mon aide pour s’en empêcher. On se parle. Je lui parle de la soeur de sa meilleure amie qui ne prend pas de poids malgré le fait qu’elle mange beaucoup. Qu’elle perd ses cheveux …. « elle se fait vomir ». Les parents ne s’en rendent pas compte. Je leur ai dit et ils prennent rdv chez le médecin à Poissy. Cela secoue ma fille car elle ne veut pas qu’une autre personne qu’elle aime souffre de cette maladie.
Elle n’a pas fait la crise mais me demande de rentrer tôt. Ce que je fait.
En rentrant elle est dans le canapé devant la télé. Comme tous les jours. Renfermé, déprimé.
Je prépare le repas : des choux de Bruxelles, du cabillau, une sauce avec des langoustines juste épaissie avec un peu de lait de coco (jus de langoustine avec lait de coco).. Je lui sert son assiette et elle disjoncte. Je tente d’abord de la calmer en lui expliquant que c’est léger, qu’elle mange que ce qu’elle veut. Elle se met à pleurer. Elle commence à hurler. Sort de la salle à manger.

Je réagis, je ne réagis pas. Elle est couché parterre. A besoin de mon aide et me rejette. Elle fini par sortir en pyjama et pieds nus dans le jardin. Je ne la suit pas. Son frère panique, mais je lui dit de la laisser. Elle va revenir. Elle veut me faire payer de ne pas avoir été capable de la calmer.
Finalement, elle revient. Me haïs, a un regard hagard, la folie s’est emparé de son visage. Elle me déteste, ne veut plus être ma fille…. Bref, de la haine à l’état brut.
Elle me dit avoir avalé 4 comprimé de Xanax. Elle va dans mon bureau. Se pend le cou dans les rideaux. Tombe parterre et simule un coma. Quand elle m’entend appeler les urgences, elle ouvre le yeux et me jette « tu vois comment tu es. Tu es insensible, tu ne réagis que quand je suis morte !! Et bien, je vais mourir, pour te faire payer…. » Elle continue à me lancer des insultes et je suis resté calme jusque là.
Mais à ce moment, elle exagère. Ce qu’elle dit est inacceptable. Même malade. Et je me fâche. Très fort. Je lui crie dessus et disant que c’est terminé. Que je n’accepte plus ses paroles. Que sa maladie n’excuse pas les insultes. Que demain je prend des dispositions pour qu’elle puisse partir. Qu’elle m’a poussé trop loin. Je claque la porte et tout d’un coup c’est la silence.
Je l’entend téléphoner à son père qu’elle ne veut plus voir depuis quelques mois. Elle lui demande de venir la chercher. Que je suis monstrueuse avec elle. Il est dans la voiture et ne peut pas parler. Ne comprend rien à ses hurlements. Lui dit qu’il la rappelle. Entre temps je l’ai au téléphone. Il ne peut pas venir la chercher. Heureusement. Je lui dit qu’il ne faut pas céder. Il me soutien. Me rassure. Me dit qu’il sait que ce que je fais est bien et qu’il a entièrement confiance en moi.
Mon fils descend et me dit de sortir et d’aller voir une amie. De le laisser avec elle. Il pense que cela va la calmer. J’en suis pas persuadé donc je reste en bas pendant qu’il monte dire à sa soeur que je suis partie. Quand il arrive dans le bureau elle est de nouveau pendue dans les rideaux. Elle lui dit qu’elle va mourir. Il tente de la calmer. C’est inhumain pour un garçon de 15 ans de gérer cela.

Elle continue à lui dire qu’elle ne vit que pour moi. Qu’elle veut que je la calme, que je m’excuse, que je la prend dans me bras, que ……
Je monte et je la prends dans mes bras. Elle se calme. Je ne m’excuse pas. Je lui dit juste que je l’aime. Elle descend pour manger. Seule.
Elle s’est endormie avec les 3 Xanax qu’elle a avalé. Je vérifie auprès du médecin de garde afin de m’assurer qu’elle ne risque rien avec cette dose. Il me rassure et je m’endors aussi.

Ma boîte blanche

janvier 3rd, 2011

Extrait d’un crise de ma fille (1 janvier 2011).

Entre les larmes, les hurlements, les cris de détresse, elle prononce quelques phrases. Il fait tenir compte que ces phrases sont dites pendant une crise, donc où elle ne maîtrise plus rien.Où on à l’impression que c’est uniquement sa maladie qui parle. Après la crise, le calme revient. Elle est détendue, comme si elle avait besoin d’enlever le bouchon par moment pour faire exploser le trop plein d’anxiété.

Je ne veux plus avoir mal.
Je veux pouvoir manger, m’amuser, danse comme je veux, et pas comme les autres veulent que je fasse.
Je veux partir dans un monde où tout est blanc. Tout blanc, toute seule. Un autre monde où je peux manger, m’amuser comme je veux.
Je prends du Lexomil, je dors. Au moins, quand je dors je ne pense plus à rien. Je veux tout le temps dormir. Je veux m’endormir et plus me réveiller. Je veux un monde imaginaire. Je veux m’endormir pour ne plus souffrir.
Je veux tout recommencer. Je veux renaitre. Oublier toute cette vie que je déteste. Cette vie où je souffre tant.
Pourquoi moi? Pourquoi? Qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça?
Je veux que ça s’arrête. Je veux recommencer dans un autre monde où tout est doux, où tout est blanc.
Je ne veux plus souffrir. J’en ai marre d’avoir si mal.
Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas.
Je ne sais pas qui je suis.
Je ne sais pas ce qui me plairait.
Je ne connaît pas le plaisir.
Je suis malheureuse.

 

Je veux un monde où tout est doux, tout est blanc. Je veux être toute seule. Pour ne pas souffrir. pour ne pas aimer.
Je me déteste. Je suis un fille nulle. Je suis une amie nulle. Je suis affreuse. Je suis horrible.
J’ai besoin de savoir ce qu’il se passe. Qu’est ce qu’il s’est passé? Je veux savoir. je veux savoir. Je veux savoir.
Je n’en peux plus de souffrir. Qu’est ce que j’ai fait? Pourquoi moi?
Pourquoi je souffre autant?
Je veux manger comme je veux.
Je veux m’amuser comme je veux.
Je veux pourvoir faire tout ce que je veux.
Je ne peux pas.
Je n’en peut plus.
Tant de souffrance.

Je veux ma boîte blanche. Je veux un boîte blanche dans laquelle je suis protégé. Dans laquelle je suis bien. Une boîte toute seule, sans personne, sans émotions, sans souffrance.
Je veux un vie plate. Sans qu’on m’aime, sans que j’aime. Où je peux faire ce que je veux. Où je n’ai pas mal.
Ma boîte blanche. Je veux ma boîte blanche.

Je veux manger. Je ne pense qu’à ça. C’est une obsession. Je veux faire des crises de boulimie. Parce qu’il faut de l’excès. Je sais qu’il faut manger normalement. Mais je ne peux pas. Je n’ai pas le droit.