Une mise au point

février 4th, 2010

Après une semaine pendant laquelle j’étais totalement déboussolé, je retrouve un peu mes esprits et arrive à réfléchir de façon un peu plus lucide.

Mardi soir j’ai récupéré ma fille au bureau de son papa. Dans la voiture, je lui ai dit que j’envisageais de quitter la maison. Je suis arrivé au bout du rouleau. Je ne supporte plus de ne pas avancer, d’entendre que je suis la cause de tous les malheurs des uns et des autres. De sentir qu’elle et son papa me détestent et de vivre en permanence avec le mal au ventre et les larmes aux yeux.
Que je ne peux plus supporter ses crises car j’ai l’impression de lui faire plus de mal que du bien. Que je ressens son besoin d’être avec son père et de prendre de la distance par rapport à moi. Et que mon éloignement serait peut être mieux pour tout le monde.
J’ai également dit qu’il m’est difficile de partir en vacances car son père n’est pas d’accord. Que j’ai peur que pendant les vacances elle continue à faire des crises que je ne pourrais pas gérer. Que la perspective des vacances, sa déscolarisation et ma présence trop importante à ses côtés la gardent dans sa maladie et ne lui donnent plus d’envie d’en sortir.

C’étaient des mots durs. Des mots qui lui ont fait mal. Des mots que j’ai souhaité reprendre de suite car elle s’est mise à pleurer. Et je ne veux pas lui faire du mal.
Mais il fallait un déclic. Il fallait une mise au point. Il fallait qu’elle se rende compte que la situation est devenue trop difficile pour moi. Pour eux. Et qu’il faut un changement radical.

Elle a quitté la voiture en hurlant. Impossible de la faire revenir. Je m’en suis voulu tellement. Je me suis sentie tellement horrible. Pourquoi lui dire tout ça? Pourquoi lui faire mal alors qu’elle avait passé une bonne journée? Pourquoi je fais ça?

Elle m’a envoyé un texto pour dire qu’elle allait chez une amie. J’ai téléphoné à la maman de cette amie qui m’a dit de ne pas m’inquiéter. Que ma fille avait téléphoné et qu’elles allaient la récupérer et la ramener chez eux pour la soirée et pour la nuit. Je suis soulagé car elle est en de bonnes mains. Mais j’ai l’impression que jamais ma fille me pardonnera pour ce que j’ai fait.

Elle a téléphoné son papa. Pour lui dire ce qu’il s’était passé. Je passerai sur les commentaires de mon mari quand il m’a téléphoné et quand il est rentré le soir.  Soirée trop difficile, inhumaine. Je ne sais plus où j’en suis, suis prête à tout abandonner. Il est d’accord de prendre la garde des enfants. Il ne sait pas comment il va s’organiser, mais est d’accord que je lui laisse tout.
Je cède à tout. Je lui donne mon accord sur tout. Il sait que je vais changer d’avis demain…. et probablement qu’il l’espère au fond de lui.

Mercredi ma fille revient à la maison. Tranquille et souriante. On se retrouve comme si rien ne s’était passé. Elle a passé une très bonne soirée chez les amis. S’est rendu compte qu’elle a des amies. Qu’il lui est possible d’y aller et qu’elle peut compter sur elles. Que cela fait du bien de s’évader un peu.
Et cela lui a permis de remettre ses idées en place. De voir que je ne suis pas venue pour la chercher et qu’il y a des limites à ne pas franchir. Peut être aussi de comprendre que je ne suis pas aussi manipulable qu’elle le pense…
L’après midi elle est allé voir sa psychiatre. Ne voulait pas y aller car elle ne l’aime pas. Je ne donne pas mon avis. Lui dit simplement d’y aller et de lui dire si elle veut arrêter et voir quelqu’un d’autre. Qu’elle a le choix de rappeler la psychologue de l’hôpital pour en parler. Je n’impose rien. Je la laisse faire.
Finalement, elle ressort contente du rendez-vous et décide de continuer …
Le soir, nous sommes allé manger tous les trois au restaurant. Tranquillement, sereinement et avec plein de complicité et d’amour entre moi et les enfants.
Elle mange bien. Elle ne prend pas beaucoup de poids mais veut grossir pour pouvoir partir en vacances. Pour être jolie en maillot. Son amie lui a dit qu’il fallait qu’elle prenne du poids. Qu’elle fait peur avec tous les os qui ressortent. Elle était contente qu’on le lui dise. Que ce soit quelqu’un d’autre qui le lui dit…

Et puis moi, dans tout ça, j’ai fait le point dans ma tête. Avec l’aide précieuse de ma psy, de mes amies (vous!), de mon avocate. Je sais qu’il faut que j’avance, que je n’abandonne pas. Qu’il ne faut pas avoir peur et qu’il ne faut pas regarder le passé. Je sais que les mois qui viennent ne vont pas être plus faciles que les derniers et qu’il y aura encore beaucoup de moments où je risque de craquer.
Notre couple va se séparer. Et je compte rester avec les enfants à la maison jusqu’à ce que les choses soient réglées entre nous. Mais tout ça ne dépend pas que de moi.
Et après … it’s another life.