Veille de sortie : la peur, les reproches

décembre 5th, 2009

Journée de vendredi épouvantable. Pour moi, pour elle. D’abord un rendez-vous personnel difficile le matin.
Ensuite le rendez-vous avec ma fille, sa psychologue et son médecin. Elle pleurait quand je suis arrivée. Même avant d’aller en entretien.
D’abord, elle a du changer de chambre. Fini le cocon agréable qu’elle s’était construite. Fin la possibilité de s’isoler. Fini la salle de bain privative. Elle partage désormais sa chambre avec une fille qui a fait une tentative de suicide. Gentille.
Elle me dit avoir peur du weekend. Elle a tellement envie de rentrer, mais a tellement peur d’être déçue….

On continue la conversation avec les médecins. Il lui dit que ma fille à peur des changements. Mais que la vie est pleine de changements. des petits, comme le changement de chambre. Des grands, comme la séparation de ses parents.

Elle a beaucoup de mal avec ce dernier. Que des contradictions. Elle est d’une part soulagée par ma décision. Mais d’autre part, elle ne veut pas choisir. On ne lui demande pas de choisir…. Mais elle pense que son papa va être malheureux. Et qu’elle doit peut être rester près de lui.
Est-ce qu’elle pense qu’elle va devoir prendre ma place auprès de son papa pour compenser mon absence? Est-ce qu’elle va se sacrifier pour moi?
Elle ne pourra pas s’épanouir, grandir, tant qu’elle voudra compenser pour moi, pour son frère, pour les parents de son papa qui ne sont plus là…

Elle a un trop plein de sentiments, de contradictions. Elle pense qu’elle doit faire des choix. Mais elle oublie de vivre pour elle.

Après, on parle de sa sortie. Des repas.
Elle a peur de ce que je vais lui préparer. Peur de ne pas manger assez ou de manger trop. Veut que les médecins lui disent à la lettre ce qu’elle peut manger. Elle a peur de maigrir mais aussi peur de grossir.
Elle ne me fait pas confiance pour les repas. Dit que je mange mal. Que je saute des repas, que je grignote, que je ne mange pas équilibré….
Mais moi, je ne suis ni boulimique, ni anorexique, ni malade mentale. Et après tout, je ne vais pas culpabiliser pour ça.
Sur le coup, cela me fait un choc. Pas le fait de mal manger. Mais le fait qu’elle ne me fasse pas confiance. Pourtant, les repas de famille sont toujours équilibrés, je ne fait jamais sauter de repas aux enfants, je leur apprends de ne pas faire comme moi…. D’accord, je ne suis pas le meilleur exemple. Mais tant pis, je suis comme je suis.

Après le rendez-vous, ma fille et moi faisons un tour à l’extérieur. En silence. On n’a rien à se dire. On est toutes les deux tristes. Je quitte l’hôpital en la laissant avec les larmes aux yeux. Elle continue de pleurer.
Du coup, j’ai très peur pour ce weekend. Je la sens encore tellement instable, tellement fragile.

Le jour après, elle me dit que lors de cette promenade, sa copine à essayer de lire son journal intime. Ça a provoqué une énorme crise de colère de la part de ma fille. Finalement, cela a du lui faire du bien… Et elles se sont vite réconciliées.